pleins Fiefs, c’est-à-dire, immédiatement, comme étaient les Fiefs de dignités, ou médiatement en arrière-Fiefs, comme étaient les Fiefs simples, qui étaient mouvants d’autres Fiefs, qui relevaient du roi immédiatement.
Sous les derniers rois de la seconde race, et au commencement de la troisième, tout homme libre, qui faisait profession des armes, pouvait acquérir et posséder un Fief, ou faire convertir en Fief son alleu.
Cependant il paraît que ce ne fut qu’à l’occasion des croisades (1095), que les roturiers commencèrent à posséder des Fiefs. Les nobles qui s’empressaient presque tous à faire paraître leur zèle dans ces expéditions, pour en soutenir la dépense, se trouvèrent obligés de vendre une partie de leurs Fiefs et seigneuries ; et comme il se trouvait peu de nobles pour les acheter, parce que la plupart s’engageaient dans ces croisades, ils furent contraints de les vendre à des roturiers, auxquels nos rois permirent de posséder ces Fiefs, en leur payant une certaine finance, qui fut dans la suite appelée droit de franc-fief, qu’on renouvella presqu’à chaque règne, et qui se prolongea jusqu’à nos jours. (Deux arrêts de 1265 et 1282, faisaient défense aux roturiers d’acheter des Fiefs, il fallut alors les révoquer.)
Dès lors, les roturiers possédant Fiefs, firent souche de noblesse. L’ordonnance de Saint-Louis, de l’an 1270, est précise à cet égard et lève toute espèce de doute. « La noblesse s’acquiert par la possession d’un Fief à la tierce foi, c’est-à-dire, qu’un roturier acquérant un Fief, ses descendans seront nobles au troisième hommage du même Fief, et partageront noblement ledit Fief à la troisième génération ».
Par des lettres patentes de 1445, Charles VII ordonna les trésoriers de France pourraient contraindre toutes personnes non nobles, ou qui ne vivaient pas noblement, de mettre hors de leurs mains tous les Fiefs qu’elles possédaient par succession ou autrement, sans en avoir suffisante provision du roi, ou de les en laisser jouir en payant la finance au roi, telle que lesdits trésoriers aviseraient.
Louis XI donna des lettres patentes en forme d’amortissement général pour tous les pays de Normandie, pour les nouveaux acquêts faits par les gens de main-