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ATTRAIT 1
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enfans à faire leur devoir par bonnes paroles. AmYor, Comment il faut nourrir les enf ans, 12. Qui sça.uroit par son art bien au vif vous por-traire… Le pourtrait achevé luy sembleroit si beau Qu’il pourroit l’ouvrier mesme à son amour attraire. PASSERAT, Sonet à Mme de Roissy (H, 152). Charmer, séduire, La vie presente ha tous-jours force delices pour nous attraire. Calvin, Insiit., XVII, p. 812. Comme as tu peint, De-nisot, ce portrait, Contrefaisant tant au vif cest atrait, Qui dans son mort atrait de force vive. Baïf, Amours de Meline, L. I (I, Avec ce qu’il [Marcellus] estoit de doulce et humaine nature, encore avoit il une grace de sçavoir attraire et gaigner les meurs des personnes par courtoisie. Amyot. Marcellus, 10. Il usa de quelques habilitez et subtiles inventions pour les gaigner etat. traire. Id. Sertorius, 11. Ce n’est que piperie et mensonge que toy [Promesse], Que fard, que vanité et, pour les cœurs attraire, Tu penses d’une sorte et parles au contraire. Ro NsAaD, Ele gies, 21 (IV, 123). Ou si ces beaux presens n’ont pouvoir de Pattraire. Trouvez, je vous sup-ply, dans ce marin repaire. Quelque nouvelle plante, ou quelque bonne odeur, Pour adoucir mon mal et guarir ma douleur. R. BELLEAu, ia Bergerie, 2e fozen., ks.Pescheurs (II, 57). Celle • qui fut promise au Troyen pour salaire, Cause du long debat si souvent rechanté… N’avoit tant d’hameçons pour les hommes attraire. DESPOR • TES, Cleonice, 35. 11 a falu que Petrarclue, ayant ici besoin d’un beau mot et bien choisi, le soit venu emprunter de nos Itommans, qui disent Losenger, pour Decevoir, ou pour le moins attraire • par blandissemens et flatteries. H. EsTIENNE, Precellence, p. 262. Sa liberalité et magnifi • i cence, qualitez qui attrayent plus les estrangeN que ceux lesquels, estans subjects des Princes prodigues, sont contraints fournir à leur outra geuse despense, servit beaucoup à cacher ses autres imperfections. FAucnEr, Antiquitez, V. 5. Gagner par séduction. Il alloit attraiant et gaigna.nt la grace des autres particuliers capitaines par tous moyens de caresses, honneurs et presens. Amyot, trad. de DIODORE., XV, 3. Aussi est-ce chose qui attrait grandement la grace du peuple, que d’endurer patiemment une injure ou une cholere de celuy qui commande. Instruct. pour ceux qui manient affaires d’Es tat, 22. Prenant toutes les petites villettes et bourgades, il laissoit aller sans payer rençon tous ceulx qu’il y prenoit prisonniers, esperant par ceste gracieuseté les gaigner pour luy attraire tout le reste du pas. In., Brutus, 30. Il fut receu d’un bon accueil, tant il alma de grandes parties qui attrayoient à soy uns et autres. E. PASQUTER, Recherches, VI, 17. Un abisme en attrait un autre. Proverbe cm-ployé pour exprimer l’idée de tomber d’un mal dans un autre égal ou pire. Comme un abysme en attrait un autre, aussi ces Deputez, tombez d’une fievre tierce en chaud-mal, demandent une chambre au Roy, qui soit composée de vingt-quatre Juges. E. PASQUIER„Lettres, X111, 3. Comme un abisme en attrait un autre, aussi estant tombé en ce premier desarroy, il se choisit de là en avant la Fin pour son principal confident. Id., ib., XVII, 4. • Attraire (subst.). Action d’attirer. Science ainsi leurs mains [des peintresses] proportionne, Qui puis trente ans gaigna par son attraire Et feit 4 flourir Marie MaIlMiOnne, LEMAIRE DE BELGES, la Couronne Margaritique (IV, 159). Attrait 1. Action d’apporter. Je… feiz retirer a part en ung coing les precieux marbres des-quelz javoie fait’attrait et la preparative pour si noble euvre. LEMAIRE DE BELGES, Lettres (IV, 399). Se, Madame, on vous a rapporté feable-ment ! industrie, la conduicte et lexploit dont jay usé à l’attrait de vostre marbre, on pourra bien conjecturer se je suis tel que josasse entreprendre et achever plus grands choses. Id., ib. (IV, 405). Attrait 2, Y. Traie. Attraitif, y. Attractif. Attrament, v. A trament. Attramper, v. Attremper. Attrapard. Qui attrape, qui dérobe. Tu ne te troubles pas De voyr ces larrons attrapars Vendre et achepter benefices. Sotties. II, 343. Attrape-deniers. Moyen d’attraper de Par-gent. Il ne voit pas entre nous les attrape-deniers dont il parle, desquels il voudroit bien te nir la clef sans registres. Calvin, Reforrnation contre Antoine Cathelan (IX, 131). De la peni-tence ils en gazouilleront tant et plus, et ce mot trottera tousj ours en la bouche des prestres et des caphars : mais ce leur est comme un attrape de niers. Id., Serm. sur l’Harmonie Eoangel„ 40 (XLVI, 497). Regardons un peu combien il y a de mestiers au monde qui ne servent qu’à corruption, et qui ne sont qu’attrappe-deniers, comme on dit. ID„ Serm. sur l’Epitre au m Ephe siens, 31 (LI, 639). Attrape-rainault. Procédé hypocrite et trompeur. Aucuns conseillers disoyent que c’estoit un attrape-minault. Aussi cest édict, ny les promesses susdites ne retardèrent nullement la Re naudie. REGNIER DE LA PLANCHE, Hie. de i’Estat de France, 1, 117. Attrapeminon. Homme hypocrite et trompeur. Je ne suis moins affectionné vers mes confrères que justement irrité contre les actions odieuses de ces attrape-minons. Var. hist et lia., VI, 256. Attrapeur (subst.). Celui qui attrape. Car la plus seure a bien crainte et grand peur De se trouver devant tel attrappeur. Marot, l’Enfer. (Adj.). Qui attrape. Voi, pere, voi comme est forte et friande La fauce glus de ce monde pipeur, De quel sucre il nous afriande Autour de son piege attrapeur. J. DOUBLET, Elegies, 10. Attrapoir. Piège. Ils dressent donc de tels attrapoirs… où quelquefois des Ours ont esté prins. THEVET, Cosmogr., IX, 8. Attrappe. Procédé pour attraper. —11 n’avoit rien : mais il s’est gouverné en telle sorte qu’il en a bien amassé. Et comment ? Ho, il avoit bonne attrappe et quand —un homme estoit tumbé en ses mains, il faloit qu’il luy laissast du poil, s’il ne luy laissoit la peau du tout. Calvin, Serin, sur l’Epitre aux Ephesiens, 34 (Li, 674). Attrappe-deniers, Attrappeur, Nr. Attrape deniers, Attrapeur. Attra.yable. Attrayant. Fleur de parfaites mœurs, fonteine de beauté, Qui teniez dans vos eaux des miroirs attrayables. VAUQ1TEL1N DE LA FRESNAYE, Sonets sur la mort de Madeleine d-e Bailleul, 33. Mais, doux Ronsard, ny du terris La trop fascheuse inconstance, Ny des amis Vat-tendans L’attrayable souvenance N’ont encore le pouvoir Dehors des chams te ravoir. Baïf, Poernes, L. III (II, 129).