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ARAGNE
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qu’elles y font. Id., Vie devote, 1, 22. — Les portes estoient tousjours cadenacées… Les aragnes y avoient tendu leurs toiles. Trad. de FOLENGO, Merlin Coccaie, L. XXIII (II, 259). — Les araignes ne font jamais presque leurs toiles que quand le tems est blafastre et le ciel nubileux, St FRANÇOIS DE SALES, Amour de Dieu, XI, 21.

(Avec altération de la voyelle initiale. Cf. ci-dessus l’exemple de Larivey.) — Gros Lymaçons, Yraignes treshorribles, Puces et Poux, et Punaises terribles. LEMAIRES DE BELGES 2e Epistre de l’Amant Verd (III, 24). — S’il y a une mouchette dedens, il signifie guerres ; et s’il y a une yragne dedens, il signifie grande mortalité l’année advenir. Anc. Poés. franç., II 97. — [Un taon] Il fut aux retz d’une yraigne surprins. IlhifDENT, Apologues d>EsopE, I, 111. —Un jour passé au long d’une champaigne, La goutte vint a rencontrer Pyraigne. In., ib., II, 59. — La Goutte habile les courts des grands seigneurs, et I’lliraigne la mai son des pauvres. Du FAT L ! Baliverneries d’Eettra-pel, p. 44. — Hz n’a_Tifflient mesme cure de chasser et nettoier la maison de force Hyraignes avec leurs Rlietz. Id., ib.,. p. 48. — Voila sa requeste [de la Goutte], la_quelle Jupiter ne voulut depes-c her sans que prealablement n’eust veu celle de rIlyraigne, qui… demandoit. congé de librement. habiter les maisons des pouvres gens. Id., ib. p. 51. Le tout veu au net fut dict et appointé que I’llyraigne changeant de maison derneureroit paisiblement… ar-7, maisons du pouvre populaire. ID., ib., p. 52. — Celuy qui a Feu le. tour De llyraigne niesna.gerei Filant ses rez à l’entour De la mouche passa, gerp. Du BELL.A.T, Ode au seigneur des Esscirs. Toy, Gressin, qui n’as jamais braie Au foyer, toy que la punaize Et l’iregne peut de-daigner, Qu’un rat ne veut accompagner. Baïf, Passelems, L. III (IV, 336, L’iregne son ré’de soy tire. Baïf Min, L. II (V, 63). •Si cela se fait., le monde ira à rebours… Le bœuf et le gourmand pourceau Feront le p]ongeon dedans Peau, Et la mouche prendra l’iraigne, LARIVETI les Tromperies, II, 3. — Cil qui d’un bossu s’accompagne Fait un semblable et pareil gain Que fait la mouche avec l’yraigne Ou qui pour argent prend l’estain. Id. ! ib., III, 2. — Ainsin que la dame prenait à son coucher sa chemise derrière le rideau de son lict,… se présenta sur ledict rideau une grosse hyraigne, si hydeuse que rien plus. BRAN Ttol E, des Darnes, part. I, Jehanne H, Reyne de Naples (VIII,.19e2). — De peur que ies hyrai gnes bastis, sent ieurs hyrantelles. In., ib., part. II (IX, US). — Cf. plus loin.

(Comparaisons et symboles.) Faiblesse de la toile d’araignée. — Il dit que la fiance de telles gens est comme la toile crue tissent les araignes. Calvin, Serm, sur le liv. de Job, a2 (XXXIII, 393). — Ces raisons semblent aux toiles des arai-gnes, qui sont bien fort subtiles et dellees, et tou-tesIbis ri’dint pas grande force. J. BoDIN, Repu Nique, VI, 4.

Les lois comparées à des toiles d’araignées. — Nos loix sont comme toilles d’araignes… les simples rnouscherons et petits papillons y sont Prins… Ms gros taons malfaisans les rompent… et passent à travers. Rabelais, V, 12. — Toutes Ti.roz loix ce sont tailles d’yraigne… La grosse mouche aisement vous les brise, Mais la petite y demeure bien prise. CH. FOtTATNE, le Passetemps des Am p. 307. — Telles loix, disait il, ressemblent proprement aux toiles des aragnes, pource qu’elles arresteront les petits et les faibles… mais les riches et puissa_ns passeront à travers. AticYo.r, Solon, 5. — Ceci se rapporte fort bien à ce que


disait ce grand législateur Zaleucus, que les loix estoyent semblables aux toiles des araignes. Car… la petite mousche y demeure, mais la grosse en sort par force. H. ESTIEN-NE, Apol. pour lier., ch. 9 il, 128-129). — Les edits et ordonnances en plusieurs lieux ressemblent aux toiles des a.r.ai-gnes..+ d’autant qu’il n’y a que les mouches qui s’y prennent, et les grosses bestes s’en jouent.. BoDtN, Hepublique, V, 5, —La ustice ressemble au filet d’une araigne : il retient le, s petitz moucherons mais les grosses mouches le percent et passent à travers. LAR1VEY, k Yeicie I, 4. — La loy (toile diareigne) est trop foible, et ne peut Le Prince envelopper, si son cœur ne le veut. RONSARD, Bocage royal (III, 190. — Ne favorise aux grands, lias petits ne dedaigne, Ne fav point de tes loix une toile d’araigne„ Toile où le mous eheron earrete, cepandant Que le bruyant frelon va sa trame fendant. Du BARTAS, 213 Semaine, 4e Jour, lar Magnifiewerf›.

L’inutilité de la tuile (inaraignée. — Tous ces doctes Esprits, dont la voix flatteresse Change Ilecube en Eleleine et Faustine en Lueresse… Se font imitateurs de l’araigne qui file D’un art laborieux une toile inutile. Du 13ARTAS, Ire Semaine, 2° Jour. — Ces longues harangues, tant bien agencees, polies et pleines de toutes fleurs, semblent aux toiles des araignes, qui ont, beaucoup d’arti)ce, toutesfois sans utilité ne profit, GUILL. BOUCHET, 12e Seree 268).

Le venin de l’araignée. — Tout ainsi que font les araignes et chenilles, qui, des mesmfis fleurs dont les abeilles e.slabourent leur miel, composent. un mortel venin. Du BARTAS, I « Semeinc, Ad-vertiss. — [Certaines personnes1 sernblÉ, nt aux araignes, qui convertissent en poison ce qui est autrement destiné à bien. ClioidÊREst lre Ap. Disie.e, p. 30.

La toile d’araignée tissée sur les objets auxquels on ne touche pas, dont on ne se sert pas ; symbole de négligence et d’abandon. — Nous avons tant et trestant par la ni[a.rine jeuné, pie les maigries ont faict leurs toilles sus nos dens. fiAB EL A IS, IV, 49. —Et commençay à demener mes mach aires qui es toient. toutes plaines d’yraigne.s, et gastees de la faim que j’a.vois enclume. Loir-VEAU, trad. cl’ApuuÉE, Fine doré, V. 4. — Et à fin que Paraigne, artizane admirable, Surpendant son ouvrage, eust ourdi de ses piedz A l’entour des harnois ses filets deliez. RONSARD, Hyreine de Henry H (IV, 200 — Qu’ainsi puissent les miens [mes vers] amollir ta Colombe, Et l’araigne à jamais ne puisse sur ta tombe, Quand tu seras en bas sa toue façonner. O. DEMA.74 ; Y les Souspiret, Sonn. 45. — Harnois de guerre en ce pais la sont Tous pleins de reti que les araignes font. AmyoT, Numa., 20. — Et que le corselet au plancher se moisisse, Et Paraigne à jamais ses filets y ourdisse. RONSARD, Poemes, L. II, la Paix (V, 205). — Et que l’araigne ourdisse Sa fine trame ès vuides marions. BELLEAU, la Bergerie, ire Journ (l, 191 — Et /a rouille déja rna.ngeoit les dures armes, Et l’iregne tessiere alentour des goussets De sa toile maillee ourilissoit les filets. Baïf, Poemes., L.1, » [II (II, 399). — L’Abeille puisse aux creux de leurs cuiraces Faire son miel : l’Araigne ses filaces-Ahi.JmpkyN, Œw. Poet., L. I, 67 r°. — Mes armes au crochet se couvrirent cl’araignes. R. GA itNiE.R* Bratlamnle, 1164, — Son arc comme jadis encordé ne tendon : Sur ses ileches filon la mesna-gere araigne. Io., ii., 1224. — Puisse je voir le doigt de 3’araigne empesché A filer dans le creux du casque empennaeli. Du BARTAS, 2e Semaine, ier Jour, les Furies. — Viendra jamais le temps