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APPRENTIF
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ay faict. Rabelais, II, 20. — Appren le donc, affin que montz et boys. Rocz et estangs, a.prei-gnen.t sous ta voix A rechanter le hault nom aprbs toy De ce grand Dieu que tant je ram.entoy. MA-ROT. Eglogge au Boy, — Afin que l’homme en dormant Toutes sciences appreigne. RoNsA.Rn, Odes., I, 18, — II me prie Tant qu’il peut que ne lu.y denie Qu)il apregne de moy à vivre. BA..iF, Eunuque, II, 2.

Futur. — Je vous ferai part de ce que j’y a.pra.nderai. MONTAIGNE, Lettres (nr, a29).

Apprendre de. — On r’enforoys sur le genoil les fondes, Puis d’en tirer droict et. loing yappre-nois Pour chasser loups et abbattre des noix. MA-ROT, Eglogue au Boy, — Nous apprenons d’implorer sa vertu, CALVIN ! I nstit, , XVI I, p. 801. — Aloi-biades… mesprisoit le jeu des flustes, et se moc-quoit de ceulx qui en apprenoyent. AtirtYwr, Alci biade, 2.

Apprendre qqn de. — Nous pouvons seurernent suyvre l’Escriture, laquelle condescent à nostre petitesse, comme une mere à l’infirmité de son enfant, quand elle le veult apprendre d’aller. CAL-netii., VIII, p. 470. — Nous ayant ainsi humiliez, elle nous apprend de nous reposer en Dieu. id., XVII, p. 802.

Apprendre à qqn de. — C’est à l’avanture quelque sens particulier… qui apprend aux poulies.. de craindre un esparvier. MoNTAiGriE, II, 12 (IL s6a). — Ceux qui apprennent à la noblesse de ne chercher en la vaillance que l’honn.eur. I Il, 16 iIL 6).

Infinitif pris substantivement. — Ceux qui a_p-pronent difficilement et avec peine retienent rnieulx ce qu’ils ont une fois appris, pource que l’apprendre est comme un eschauiler et alumer rame.. Il est tout evident que l’apprendre est recevoir quelque impression. AmYerr, Caton d’Utique, I.

Apprentif. Apprenti. — Car d’amourettes les services Sont faictz en termes si tresclairs, Que les apprentifz et novices En sçaivent plus que les grans clercs. Marot, Temple de Cupido. — Un procureur en Chastellet tenoit deux ou trois clercs soubz luy, entre lesquelz y avoit un apprentif, filz d’un homme assez riche… lequel l’avoit baillé à ce procureur pour apprendre le stile. Des Périers, Nouv. Récr., 10. — On ne se travaille point Ayant un disciple époint A vertu dés sa naissance : En peu de jours il est fait D’apprentif maistre parfait. J’en donne assez cognoissance. Ronsard, Pièces retranchées, Ode à Jean Daurat (VI, 97). — Vous ressemblez à ceux qui font les Tragedies, Lesquels sans les jouer demeurent tous craintifs, Et en donnent la charge aux nouveaux apprentifs. id., Contin. du Disc. des Miseres de ce temps (V, 342). — Le moyne est Cardinal, l’apprentif est ouvrier, L’asne se fait docteur, l’advocat Chancelier. Jodelle, Epithalame (II, 117). — Je connoy tes ruses, Maistresse, Ce n’est plus à moy qu’on les dresse. Or’ que l’Amour soit inventif, Si ne suis-je plus apprentif. Belleau, Bergerie, 2e  Journ. (II, 118). — C’est luy [Amour] qui rend les hommes inventifs : Grans Maistres fait de nouveaux aprentifs. Baïf, Poemes, L. IV (II, 188). — Soubz ung mauvais maistre on demeure long-temps aprentif, et encore après ne sçait-on pas beaucoup. Monluc, Commentaires, L. I (I, 39). — Vous qui voguez en cette fiere mer, Exercitez aux tourmentes d’aimer, Oyez comment une aprentive sage A doucement evité le naufrage. Am. Jamyn, Œuv. Poét., L. V, 246 vo. — Las ! nous vous suivrons, chetives, Vos plaintes accompagnant : Aux pleurs qui nous vont baignant Nous ne sommes apprentives. R. Garnier, la Troade, 156. — Dites-le hardiment : je ne suis apprentive A porter des ennuis, sans fin il m’en arrive. id., Antigone, 2496. — C’est aux apprentifs à enquerir et à debatre, et au cathedrant de resoudre. Montaigne, II, 3 (II, 24). — Quant à la mort, nous ne la pouvons essayer qu’une fois : nous y sommes tous apprentifs, quand nous y venons. id., II, 6 (II, 54). — Un homme qui besongne de l’art de terre est tousjours apprentif à cause des natures inconnues és diversitez des terres. Palissy, Disc. admir., des Terres d’argile, p. 304. — Il [le Roy] n’est aprentif de guerre, et ne s’en trouvera aujourd’hui nul qui ait esté victorieux l’espee en main en deux batailles, ainsi que lui. La Noue, Disc. pol. et mil., XX, p. 432. — Les autres aux Barreaux s’emploiront aprentifs, Aux seules actions profitables actifs. Vauquelin de la Fresnaye, Art poet., 3. — Elles n’estoient que novices et apprentifves auprès d’elle. Brantôme, des Dames, part. I, Marg., reine de France et de Nav. (VIII, 42). — Nos sçavants apprentifs du faux Machiavel Ont parmy nous semé la peste du duel. Aubigné, Tragiques, I (IV, 60). — Ronsard en son mestier n’estoit qu’un aprentif, Il avoit le cerveau fantastique et rétif. Regnier, Sat. 9. — Mais mon pere m’aprist que des enseignements Les humains apprentifs formoient leurs jugemens. id., Sat. 12. — Mais il faut en aymant s’aider de la finesse, Et sçavoir rechercher une simple maistresse… Qui soit douce et nicette, et qui ne sçache pas, Apprentive au mestier, que vallent les appas. id., Sat. 16.

Apprentis. Apprenti. — Le tailleur fit bien la leçon à l’apprentis qu’il fast une autre fois plus sage. Des Périers, Nouv. Récr., 46. — Faites en maistresse d’escole : Monstrez que n’estes aprentisse Par un chef d’œuvre de malice. Baïf, le Brave, II, 3. — Ainsi l’Aigle voleta autour de ses petits, Pour apprendre à voler leur plumage aprentis. Du Bartas, 1re  Semaine, 7e  Jour. — Je ne me prens gueres aux nouveaux, pour ce que les anciens me semblent plus pleins et plus roides : ny aux Grecs, par ce que mon jugement ne sçait pas faire ses besongnes d’une puerile et apprantisse intelligence. Montaigne, II, 10 (II, 110). — Il fait cent hauts projets et ses mains aprentisses Jettent le fondement de cent beaux artifices. Du Bartas, 2e  Semaine, 1er  Jour, les Artifices. — Si ta prudente voix Ne batoit nuict et jour mon oreille apprentice, Je craindroy d’encourir d’un importun le vice. id., ib. — L’ignorant apprentis se taist devant le maistre. J. du Chesne, le Grand Miroir du Monde, L. II, p. 53. — II y en a [des âmes] qui, estant bien resolues d’aymer Dieu, sont neantmoins encor novices, apprentisses, tendres et foibles. St  François de Sales, Amour de Dieu, X, 4. — On ne peut pas dire que ces ames soyent pour cela hors de l’estat des jeunes fille novices et apprentisses. id., ib., X, 5.

Apprentissage. Action d’apprendre. — D’entre les bestes nous aymons dez l’enfance plus les chiens et les chevaus, les pigeons et les tourtes pource que sans autre apprentissage, nous savons qu’en elles il y a quelque inclination a nous reconoitre. Dampm., Merv. du Monde, 103 ro (G., Compl.). — Ils les approuvent aussi [tes voyages] pour l’aprentissage des langues vulgaires, qui servent pour la communication avec les estrangers. La Noue, Disc. pol. et mil., V. p. 143.

Appreste. Apprêt — Long temps tu fus à faire ton apreste De faire ce dont te fa_ult repentir. Âne. Pods. franç., IL 259. — Tandis nous