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APOSTHICAIRE
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— Pour parler à l’apostolique, elle [sâme] doit dire: Je marche, non pas moy seule, ains la grace Dieu avec moy. St  François de Sales, Amour de Dieu, IlI, 3.

Apostolizer. Agir en apôtre. — V. Apostatiser.

Apostre. On n’y cognoist Dieu pour les Apostres (proverbe). — Aulieu d’adresser les hommes à Jesus Christ, pour avoir accés à Dieu le Père en uses leurs prieres, on les envoye confusement à sainctz et à sainctes. En sorte (comme le proverbe commun le testifie) qu’on n’y cognoist Dieu pour les Apostres. Calvin, Excuse de Jacques de Bourgogne, édit. Cartier, p. 45. — Cependant que les idoles ont la vogue et sont en usage, voila Dieu qui est obscurci. Et les Papistes mesmes confesseront bien cela en leur proverbe commun, quand ils disent, qu’on n’y cognoist point Dieu pour les Apostres. id., Serm. sur le Deuter., 80 (XXVII, 55). — Ce proverbe diabolique qu’ils tiennent entr’eux, On n’y cognoist Dieu pour les Apostres, a tesmoignage contr’eux qu’ils ont deschiré la gloire de Dieu comme chiens et en ont donné une piece decà et l’autre delà. id., Serm. de l’Ascension, 2 (XLVIII, 599). — Les petis enfans de la Papauté ont cela tout commun quand ils veulent delairer un meslinge confus, On ne cognoist point Jesus Christ pour ses Apostres (disent-ils). Aussi on le voit par experience entr’eux : car autant de nets qu’ils ont ou de sainctes, ce sont autant d’idoles qu’ils adorent. id., Serm. sur l’Harmonie Evangelique, 45 (XLVI, 560). — Les Papistes se condamnent par leur proverbe, quand ils disent qu’on ne cognoist point Dieu pour ses Apostres. Et de faict, ils ont tellement enseveli Jesus Christ qu’il est comme caché en ce monde. id., Serm. sur l’Epitre aux Galates, 5 (L, 330). — On a forgé une garenne d’intercesseurs et advocats, comme les papistes se condamnent de leur propre bouche, quand ils disent qu’on n’y cognoist point Dieu parmi les Apostres. id., Serm. sur la 1re  à Timothee, 14 (LIII, 165).

(Fém.). Apostresse. — Quelle grace est celle que Dieu vous fait ! il vous rend apostresses, non en la dignité, ains en l’office et au merite. St  François de Sales, Entretiens Spirituels, 6 (VI, 90).

Apostrofiquement, v. Apostrophiquement.

Apostrophe (masc.). — Combien que les François n’ayent de coustume de Spee lectiot apo- Strophe, si en usent ils naturellement. Doer, Accens, p. 283. — Quant à la lettre g, pour eviter la contrainte d’user tousjours d’un 2°. je l’ay devant l’a, l’w et l’o merché avêq un tel apostrophe, 8. TArLLEMONT, la T’riearite, Advertissement.

Apostropher. Marquer d’une apostrophe. — Puis que tu demandes un registre des mots que je veux apostropher. Des AureLs, Replique à Meïgret, p. 33.

Apostrophique. De la nature d’une apostrophe. — On luy fit une paraphrase dope pour son desseuner, et qu’il sen soulat s’il peut.-Benoave De Venrvicce, Moyen de parvenir, Titre (II, 237).

Apostrophiquement. À la manière d’une apostrophe — Je ne vy jamais tant de beaux banquets de paraphrases, les paroles y estoient aprestees en toutes sortes. le menu estoit de ces petites paroles, sillabes et lettres que l’on mange en poësie et en prose… mais cela… nous passoit apostrosiquement par la bouche. BEROALDE DE ERVILLE, Moyen de parvenir, Chapitre (11, 69). — Ils nous donnerent suite paroles couvertes, quantité de mots dorez, des phrases delicates, beaucoup de menus propos qui nous passoient An par la bouche ainsi que l’on mange les lettres aux escoles. In., &b., Reprise (II, 238).

Apostume 1, v. Aposteme.

Apostume 2, pour Apophthegme. — Ces messieurs les courtisans ne disent pas moins Triacle ie Theriaque que Demoniacle pour Demoniaque. Et pareillement.… Apostume pour Aposteme. Voire s’en trouveroyent qui diroyent.… des apostumes de Plutarqué, au lieu de dire des apophthegmes. H. Estienxe, Dial. du Lang. frane. ital., 202.

Apostumer, Apostumeux, v. Apostemer, Apostemeux.

Aposume, v. Apozeme.

Apotelesme (ἀποτέλεσμα, influence des astres). — Combien que aujourd’huy la hausse et souveraine magie ne soit pas si usitée qu’elle fut aux premiers ssectes. et qu’une grande partie des philosophes, prenans le plus court, si accommodent à ce qui nous est demeuré de jugements et apotelesmes des anciens, sans s’enquerit de la raison pourquoy ils jugerent ainsi. MELIN DE SaincT-GELAYS, Avertissement sur les jugements d’astrologie (LIT, 272). — Signes commandans et obeïssans, ce exaltations de Planettes, Apotelesmes, Dodecatemores, Genethliaques, Horoscopes, Anges, maisons. Le Lover, Hist. des Spectres, VI, 1.

Apothecaire, v. Apothicaire.

Apothecque (ἀποθήκη, magasin de vivres, d’approvisionnements). — Il fault (diet il) que le perefamiles soit vendeur perpetuel. Par ce moyen est impossible qu’en fin riche ne devieigne, si tousjours dure l’apothecque. Rasezais, II, 2.

Apotherapic. Exercice favorable au développement corporel. — Par maniere de Apotherapic s’esbatoient à boteler du foin. RABELAIS, I, 24.

Apothicaire. On trouve souvent la forme Apothecaire. — Silenes estoient jadis petites boites telles que voyons de présent es bouticques des apothecaires. RaseLats, 1, Prologe. — Visitoient les bouticques des drogueurs, herbiers et apothecaires., 1, 24. — Medicins, chirurgiens et apothecaires. [n., I, 27. — Je ne fay pas imprimer mes œuvres en intention qu’ilz servent de cornetz aux apothequaires. Du BezLay, l’Olive, 2 Préface. — I1 [Lucifer] souppe tresbien de marchans, usuriers, apothecaires, faussaires. Ra- BeLAISs, IV, 46. — François Cornu apothecaire avoit en cornetz emploieté unes Extravaguantes frippees. 1n., IV, 52.

Boîtes des apothicaires. — Ces pucelles sont fardées… comme les boëttes des apoticaires, peintes par dehors avec or et azur, et dedans pleines de poison. Amsr. Paré, XVIII, 49. — Cf. le 1er  exemple de l’alinéa précédent.

Apothicaire sans sucre. Personne ou chose dépourvue de ce qui est indispensable. — Ce maistre urandus est un mirifique apoticaire sans sucre, un Docteur decretalypotent, un maistre aliborum.…. il vous fera cinquante sauces d’un coupeau d’oignon. Pn. pe MaRnix, Disser. de la Relig., Il, 1, 21. — Un autel sans images est autant qu’une vache sans cymbales, un aveugle sans baston et un Apoticaire sans sucre. In., 5b., II, ut (La phrase suivante nous montre que le sucre é denrée essentielle chez les apothicaires) : — Si vous voulez du sucre et de la dragée, allez en querir