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AIGRIR
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oes, la Couronne Mar gar ilique Je voy’qu’il n’est plus temps d’enfumer de qu.erelles Le ciel noircy, fasché de l’aigreur de mes pleurs. Au-BIL ; N Primiena, Stances, 3 (III, 77). —Ueftect trie. me de la douleur, n’a pas cette aigreur si aspre et. si poigna_nte, qu’un homme ra_ssis en doive entrer en rage et en desespoir. Morii.rAzGNE, II, 87 (Ili, 201). Cruauté. Que je suis miserable 1 Et jamais feinme aucune Fut tant que moy confite aux ai-grellFS de Fortune ? H. OrAnNi F.B. MarcAntoine, 1.885. Sévérité, rigueur, Grand_ fa_veur à un criminel, d’estre si exec.ra.ble, que la justice estime injuste de le toucher et de le veoir : libre et sauvé. par le benetice de l’aigreur de sa. condamnation. Montaigne1 5 (III, 323). [A Dieu] Leve ton bras de fer, haste tes pieds de laine., Venge ta patience en. l’aigreur de la peine. AuBIGNÉ, Tra-giques, I (IV, 70)Qualité de ce qui est douloureux, pénible, de ce qui cause une vive souffrance. Les adversitez auront tousjours leur aigreur, la.quelle nous mordra. CA.Lvirq, /omit., XVII, p. 808. Autant que nostre cceur e.st enserré’en la croix par l’aigreur naturelle d’icelle, d’autant il sera dila.té de joye spirituelle, ID, ib., p. 810. [A Semiramis) Qu*est devenu ce fer el cet escu, Dont tu rendois le plu.s brave veincu ? Tu as laissé les aigrewMarciales Pour recouvrer les douceurs geniale._ L. LABÉ, Eleg. L (Da.ns cet exemple, aigreur peut signifiez’violence aussi bien que souffrance. Ce$ deux idées très voisines peuvent coexister dans une partie des exemples suivants.) Ayant perdu tout l’aise que j’avois, Ce sera peu que de perdre ma voix. S’on sçait l’aigreur de mon triste souey, EL fut celuy qui ni’a faict ceste pla.ye, lien aura, pour si dur cceur qu’il aye, Quelpie pitié, mais non pas de mercy. LA BŒT1E5 Sonne I 28. —De qu.oy sert le nom de paix_ publicque, si chascung en son particulier esprouve Perfect et aigreur de la guerre’? L’HOSPITAL3 MernOireS GI, 208). Quand des fla.mmes d’Amour je seray trop pressé, S’il faut pour n’estouffer qu’en mes vers je soupire ! Plaig.n.ons tant. seulement l’aigreur de mon marbre, Et taisons de tout point celle qui m’a blessé. DESPORTESe Cleonice, 58. C’est ce de. quoy ray le plus de peur que la peur…kussi su.rmonte elle en. aigreur tous a_utres accidents. MoNTAiGNE, I, 17 (I, 77). Quand la science feroit. par effect ce qu’ils disent, dlemousser et rahatre l’aigreur des infortunes qui nous suyvent, que fait elle que ne fait beaucoup plus purement Pignorance et. plus evidemment ? In., II, 12 01, 221). [Sénèque] appaisant tantost Paigreur de la douleur qu’il leur voyoit souffrir, par douces paroles, tantost raidissant sa pour les en tancer. Id., II, 95 (III, 183), —Monstrer par quel/e maniere et quelle constance il faut mespriser l’aigreur de la_ mort.. F. BRET1PIT, trad. de LUCIEN, Morl de Peregrin, 33. Et lisant dans mon cœur que valent vos attraits, Le pouvoir de vos yeux, la force de vos traits, La preuve de ma foy, l’aigreur de mon martyre, Pardonnez à n-ies cris de l’a.voir osé dire. REGmEa, Elegie. Aigrir. Rendre plus violen.t, plus cruel. Elle fit et dit tout ce qui luy estoit possible, pour phis aggraver et aygrir l’accusation. Amyot, Hist. L, VIII, 91 vo. Le premier Amurath, pour aigrir la. punition contre ses subjects, qui avoient donné support à la parricide rebellion de son fils, ordonna que leurs plus proches parents presteroient la.main à cette execution. MoNTAIGNE, III ; 1 255). Affliger. Ainsi sa voix tonnante. Abram adverlissoit Quand la mort de son pere encore Paigrissoit. P. MArrarEu, fiasthi, IV, p. 80. S’aigrir. Exercer la violence, C’est de iuy [Constantin Copronymei que les Brise-images et Pill€.1-reliques ont a.pprins. desenterrer les morts, et à s’aigrir sur les sainctes memoires des Mar-tyrs. TnevET, Cosnrivr., XIX, 5. Aigrisori. Colère.. Veu le faix, les ardeurs De croistre, les soupçons, les soucis ! et les peurs, Et veu les aigrisons et les fureurs encloses, Jo-DELLE, Discours de Jules César (ii, 24a). Aigrissement. Fait de ck..venir aigre, A fin que plus facilement cest aigrissement [d’un li-quide] se fa.ce. v ET, Cesmogr., XI, 14. Aggravation. Airnoïn… prit un singulier plaisir au recit et aigrissement du ceste accusa-tion. E. Pasquier, ReCherCheS, V5 15. Aigrun. Chose aigre, acide. L’ung veuit du bla.nc, et l’aultre veult du brun, L’ung mange es grun, l’autre n’a que repaistre. CRETÉN, Invect, sur ta ourn. des Esperions, p. 174. (Fig.) Ilz courroien t sus en poste, et à grand pas : Mais attendez, pour moy ne le dy pas, Ca.r en coura.nt on s’eschauffe et enflambe. Arriere donc, c’est aigrun pour ma jambe, C-R. Passetemps des Ainis, p. 253, Perseverer en son mal c’est esgrun. Le inonde faict de pecher marchandise. MARAT, Rondeaux, 75. Prescheurs n.ous donne ront pastures Celestes, qui leur est esgrun. Ant. Poés. franç., XII, 154.

Aigu. Perçant., qui voit bien, Or tout le clief avait cestuy Argus Environné de cent yeulx bien agus. Marot, trad. du Liv. I de la Metamerph, Qui nous a reveIé… ayent les yeux si aguz, qu’ilz puissent considerer noz necessitez ? CALVrN, nsiii., IX, p. 535.

Curieux, attentif, qui a la vue perçante, l’esprit en éveil. Si faut-il… que nous soyons comme aveugles volontaires : c’est à. dire, que nous ne soyons pas si aig-us qu.e ces sages mondains, qui veulent tout cognoistre el, tout juger. CA LV1N, Serree, eiir la GeneSei s’Ar le sacrif, d’Abraham (XXIII 767) Nous sommes aigus et attentifs aux choses de ce monde, et là on n’espargne nulle peine. ID :, Sem. sur le Deuter., 27 (XXVI, 203. Il sera tellement aigu pour regarder de loin les vices d’autruy, qu’il n’en laissera point passer un : et ce penda.nt les scandales qui se commettent en sa maison seront si gros qu’ils luy creveront les yeux, et toutesfois il n’y verra goutte… 11).s Serin, sur i’llarmon. Eçoangel, , (XLVI, 684). S’il est question de nostre profit temporel, 110116 ne serons que trop aigus et at-tentifs. Id., Serm. sue la Ze à Timothee, 9 (LIU, 112).

Fin, vif, pénétrant, habile. —Son entendement participe de quelque divinité’: tant je le voy subtil, profund, et serain. Rabelais, I, 14. Il n’y a rien de faict, si le personnage auquel on a affaire n’est pas d’un jugement vif et agu, pouvant comprendre quel poys il y a aux raisons qu’on luy ameine, CALszrir, Instit., X, p. 571. Je suis un povre ignorant, diront ils, ou., Je ne suis pas homme tant aigu qu’on cliroit bien, Id., Serin, sur le Ps, CXIX, (XXXII, 677). Quand vous seriez le plus aigu du monde, en quelle eschole a.vez vous apprins que gens privez puissent eslire ung homme a leur poste ? ID„ Leares, 3427. — [Coligny] se fit congnoistre homme excellent, bien nay à gouverner la Cime publique, aigu en conseil, heureux en expedition d’affaires. THEVETe Cosmogr., XV, 21.