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ABECHER
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leur Ordre Abecedaire. G. Tory, Champfleury, vº du titre. — La lettre E… est la seconde vocale en lordre Abecedaire. id., ib., L. III, 39 rº. — En toutes les villes esquelles il est permis de forger monnoyes, on les marque par l’ordre abecedaire selon leurs primautez. H. Estienne, Precellence, 147.

Qui en est à l’alphabet, aux éléments. — On peut continuer à tout temps l’estude, non pas l’escholage. La sotte chose, qu’un vieillard abecedaire ! Montaigne, II, 28 (III, 118).

Abecher, Abecquer, nourrir. — Sur ce débat quant on a le loysir, Et que oyseaux ont faict assez bon devoir, On les abesches en leur faisant plaisir, Sur le gybier. Cretin, Passetemps des chiens et oyseaux (p. 83). — Celle là qui abecha De froid venin son enfance, Et longtemps d’autre substance Ne cogneut et ne macha. Aubigné, Primtems, I, 91. — Sus, amis, qu’en deux motz Je voie desarmer les Alpes de son dos, L’Averne d’arsenic et la roche où l’Envie Ahecha de serpens ses rages et sa vie ! id., Poes. div. 8 (la Sorciere). — [A la France.] Que si tu vis encor, c’est la mourante vie Que le malade vit en extreme agonie, Lors que les sens sont morts, quand il est au rumeau, Et que d’un bout de plume on l’abeche avec l’eau, id., Tragiques, I (IV, 47) — Le mensonge qui fut vostre laict au berceau Vous nourrit en jeunesse, et abeche au tombeau. id., ib., III (IV, 147),

S’abescher. Se repaître. — Thyestes en repas, Tel s’abesche d’humain qui ne le pense pas. Aubigné, Tragiques, III (IV, 123).

Abedissimon, Reptile. — Aspicz… Abedissimons. Alhartafz. Rabelais, IV, 64.

Abefoing. — Les Aultres [cueillent] des Encholyes, des Soucyes, ou des Abefoings. G. Tory, Champ fleury, Lettres hebr., 67 rº. Cf. Aubefoin.

Abeilher. — L’umbrage ou le inidy, vos aigneaus se someilhent, Les ruches de la cire ou vos mouches abeilhent. L. Papon, Pastorelle, V, I.

Abeillanne. — Une autre sorte de raisin, à laquelle les Abeilles s’attachent comme au Musquat ; à ceste occasion par d’aucuns appellée, Abeillanne, estant, de couleur blanche. O. de Serres, Theatre d’Agric., III, 2.

Abeillaud. — Touchant les Bourdons ou Frelons, qu’en plusieurs endroits de Languedoc l’on appelle, Abeillauds, c’est une espece d’Abeilles naissant avec les bonnes. O. de Serres, Theatre d’Agric., V, 14. — Le plus asseuré est de croire que les Rusches sont pleines, quand les Abeilles chassent opiniastrément de leurs Rusches les Frelonds ou Abeillauds. id., ib.

Abeillette {diminutif). — Ou volez-vous, abeilletes, Baisant ces fleurs Vermeilletes ? Baïf, Amour de Francine, L. IV (I, 260). L’abeillette aime le lin. id., Eglogue 14 (III, 78).

Abeillien. — Mouches à miel. Primtanieres, abeilliennes, bruyantes, amers. M. de la Porte, Epithetes.

Abeillin. L’abeilline liqueur. Le miel. — Et sans souffrir la piquure saigneuse, Qui veut serrer l’abeilline liqueur ? Baïf, Amour de Francine, L. I (I, 127).

Aberger, v. Herberger.

Aberrer. S’écarter [du bon chemin]. — Que valait a nous alleguer oncle ou tante, Si du chemin d’equité aberrons. Michel d’Amboise, Ballades, 149 vº.

Abescher, v. Abecher.

Abesté. — Il fut conté d’un hoste.., qui a nom Mica l’Abesté, ainsi nommé parce qu’il ne vouloit loger que ceux qui estoient abestez, c’est à dire, que ceux qui avaient des bestes, et non les gens de pied. Guill. Bouchet, 11e Seree (II, 240). — Ce Mico… luy demande s’il estoit abesté : ce passant luy respond que non, mais qu’il le payeroit aussi bien que s’il estoit de cheval. id., ib. (II, 241). — Et fusmes contraincts, parce que n’estions pas abestez, de retourner coucher en nostre bateau. id., ib. (II, 242).

Abestin, v. Asbestin.

Abestir. S’abestir de. S’engouer stupidement de. — Le plus souvent les Princes s’abestissent De deux ou trois que mignons ils choisissent, Vrais ignorans qui font les suffisans, Qui ne seroyent entre les artizans Dignes d’honneur, grosses lames ferrées Du peuple simple à grand tort honorées. Ronsard, Franciade, L, IV (III, 168).

Abeston, v. Asbeston.

Abetissement. Action d’abêtir. Abetissement d’enfans, par tyrannie des magisters. B. Aneau, Imagination poétique, 43.

Abborrable. Qui excite l’horreur, qui doit être abhorré. — Pour celuy [le nom] de Furstemberg, il estoit trop hay et ahhorrable aux François. Brantôme, Cap. estr., Guill. de Furstemberg (I, 352). — Ce qui est ahhorrable et leur revient à une honte fort infame, id., Cap. franç., Charles IX (V, 244). — Les lansquenets jurent estrangement aussy. Bref, tous s’en aydent, et principalement les Italiens ; car ils prennent Dieu, la Vierge Marie, et tous les saincts et saincts par le haut, par le bas, par le mitan, que c’est chose fort abhorrable. id., Sermens et iuremens espaignols (VII, 200). — Tels ingrats faillans ainsy sont abhorrables partout. id., M. de Noue (VII 236)

Abhorrant, Abhorrent. Éloigné. — La chose est… tant abhorrente de sens commun, que à peine peut elle estre par humain entendement conceue. Rabelais, I, 31. — C’estoit le pourtraict de justice Grippe-minaudiere, bien abhorrente de l’institution des antiques Thebains, id., V, 11. — Heraclitus tant abhorrant du propre humain, qui est, rire. id., V, 24. — Cela n’est-il oculairement abhorrent de toute marque de verité ? E. Pasquier, Monophile, L. I (II, 747). — Posé qu’aucuns leur tournassent à impropere les sacrifices dont ils usoient, comme peut-estre trop cruels et abhorrens d’une commune humanité. id., Recherches, I, 1. — Contre… la substance de la religion Chrestienne, l’on objecte l’estrangeté extreme et du tout incroyable, abhorrente de tout sens commun. Charron, les Trois Veritez, II, 12. — C’est une opinion… excogitee par esprit privé, differente et abhorrante de la commune et universelle. id., ib., III, 8. — Une hirondelle ne fait le Printemps, et le naturel d’un seul individu abhorrant des autres, n’est le juge certain de la nature generale. Le Loyer, Hist. des Spectres, I, 6. — Institution impie, abhominable, et ahhorrente de nostre Religion Chrestienne, E. Pasquier, Recherches, VIII, 20. — Plusieurs choses que le peuple dit ordinairement, sans sçavoir ny quoy ny comment, lesquelles toutesfois ne prindrent jamais leur origine, que de personnes abhorrens du tout de nostre Christianisme. id., ib., VIII, 33.

(Sans déterminant.) Déraisonnable, absurde, inconvenant. — Lisans ces motz, vous mocquez du vieil beuveur, et reputez l’exposition des couleurs par trop indague et ahhorrente. Rabelais,