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46 SCHWARZENBERG

le jardin de son hôte !, situe rue du Mont-Blanc. Sa cousine, la princesse Pauline de Schwarzenberg , périt au milieu de cet incendie ; et ce ne tut pas sans peine que Napoléon parvint à arracher Marie-Louise aux flammes qui déjà l’entouraient de toutes parts. C’est à la demande expresse de Napoléon que le gouvernement autrichien lui confia, en 1812, le commandement du corps d’armée de 30,000 hommes qu’il s’était obligé à mettre à la disposition de la France contre la Russie. Ces forces se rassemblèrent en Gallicie , passèrent le liiig dans les premiers jours de juillet, et s’emparèrent de la formidable position de Pinsk. Au mois d’août , il remporta quelques avantages sur Tormassoff ; mais au mois d’octobie, après la jonction de ce dernier avec Tschitschakoff , il fut obligé de se retirer sur le territoire du grand-duché de Varsovie. Il est présumable que des instructions secrètes rendirent dès lors sa coopération négative. Son armée resta jusqu’en février 1813 dans la position de Pultusk , et l’armistice qu’il conclut alors assura la retraite des Français. C’est à cette campagne que Schwarzenberg dut son bâton de feld-maréchal , que l’empereur d’Autriche lui donna, à la demande expresse de Napoléon. Il vint au mois d’avril à Paris , et à son retour on lui confia le commandement de l’armée d’observation qui se concentrait dans les montagnes de la Bohème, et qui, après la déclaration de guerre de l’Autriche, se réunit aux forces prussiennes et russes. Schwarzenberg fut alors nommé généralissime des armées coalisées. Quoiqu’il fût numériquement supérieur aux masses que la France pouvait opposer à ses ennemis, l’issue de la guerre n’en fut pas moins pendant quelque temps douteuse. La première opération contre Dresde ne fut pas heureuse , et , sans la catastrophe de Vandamme à K u 1 m , il est probable que la campagneeùt eu un tout autre résultat. C’est sous les ordres de Schwarzenberg que l’armée autrichienne franchit le Rhin et viola la neutralité de la Suisse pour envahir la France. Au retour de Napoléon de l’ile d’Elbe , Schwarzenberg passa de nouveau le Rhin à la tête des Russes et des Autricluens. La même année il reçut la présidence du conseil supérieur de la guerre , plusieurs terres en Hongrie , et l’autorisation de porter les armes d’Autriche sur sou écusson. En 1817 il éprouva une attaque de paralysie , des suites de laquelle il mourut, à Leipzig, en 1820. En 1799, il avait épousé la princesse douairière d’Esterhazy, née comtesse de Hohenfeld. Ses talents militaires ont été mis en doute par plusieurs hommes de guerre. Napoléon disait qu’il n’était pas capable décommander 6,000 hommes. On lui a adressé bien des reproches sur les dispositions qu’il prit à la bataille de Leipzig ; on a dit qu’il manqua d’énergie et de sang-froid dans les plaines de Champagne , en 1814 ; mais pour bien le juger il faudrait connaître à fond tous les motifs diplomatiques auxquels il était contraint de conformer sa conduite. SCHVVARZWALD. Voyez Forêt Noire.

SCIIVVEIGILEUSER (Jean), l’un des philologues les plus savants et les plus laborieux des temps modernes, né à Strasbourg, en 1742, étudia pendant quelque temps les langues orientales à Paris, puis entreprit des voyages à l’étranger à l’effet de perfectionner ses connaissances. A son retour à Strasbourg, il y enseigna la logique et la philosophie. Nommé, en 1778 , professeur des langues grecque et orientale, il se voua dès lors exclusivement à l’étude de la littérature ancienne. Toutefois, la révolution vint interrompre ses travaux pendant quelque temps. Plus tard, il obtint une chaire à l’école centrale du département du Bas-Rhin, et en 1816 il fut nommé membre de l’Académie des Inscriptions. Son grand âge et la faiblesse de sa vue le forcèrent de renoncer au professorat en 1824, et il mourut à Strasbourg, le 19 janvier 1830. Il s’est fait un nom durable dans le monde savant passes excellentes éditions d’Appien (Leipzig, 1785), de Polybe ( 1789-1795), du Manuel d’Epictète et des Tables de Cébès ( 1798) ; des Epictetcx Philosophiae Monumenta ( 1799-1800), d’Athénée ( Strasbourg, 1801-1807 ), des Epistolas de Sénèque (Deux-Ponts et Strasbourg, 1809), et

— SCHWEINICHEN

surtout d’Hérodote ( Strasbourg et Paris , 1816 ), suivi d^in Lexicon Herodoteum (Paris, 1824). On a réuni, sous le titre d’Opiiscula academica, quelques-unes de ses plus intéressantes dissertations (Strasbourg, 1806, 2 vol.). Son fils, Jean -Geoffroy SciiwEicn.cusEB, né à Strasbourg, en 1776 , remplit à l’époque de la révolution divers emplois administratifs, et s’occupa plus tard , à Paris, de travaux littéraires. En 1810 il fut adjoint à son père comme professeur à la faculté des lettres de Strasbourg. U a publié en société avec Petit-Radel les Monuments antiques du Mxisée Napoléon (Paris, 1806), et avec M. de Golbéry les Antiquités de V Alsace ( 1823).

SCHWEINGRABEIV. Foyes Diable (Mur du).

SCHWEIIV’ICHEN ( Hans, chevalier de), gentilhomme silésien, qui, par suite de ses rapports avec les ducs Henri et Frédéric de Silésie-Liegnitz, parcourut la plus grande partie de l’Empire, et participa à une foule d’aventures du duc Henri. Il a laissé un curieux journal, où il tient un compte exact, jour par jour, de ce qui lui arrive et de ce qui se passe sous ses yeux. Ce journal contient de précieux matériaux pour l’histoire des mœurs en Allemagne au seizième siècle. Né le 25 juin 1552, au château de Grœdisberg, on l’envoya à l’âge de neuf ans, selon la coutume de l’époque, apprendre à lire et à écrire chez le sacristain de son village : et en même temps il gardait les oies paternelles. A dix ans son père le conduisit à la petite cour de Liegnitz, où il fut élevé avec le fils du duc , que l’empereur dut plus tard faire interdire et enfermer comme prodigue. Quatre ans plus tard on le plaça au collège de Goldberg, où il apprit tant bien que mal à baragouiner un peu de latin. En 1567 il entra au service du duc Henri XI de Liegnitz , qui avait succédé à son père Frédéric. Il entreprit avec ce prince écervelé divers voyages en Pologne et autres lieux. Enfin, il l’accompagna en qualité de gentilhomme de la chambre dans ses pérégrinations à travers l’empire, acquérant, dit-il, dans cette tournée, /orce connaissances pratiques , attendu qu’il se fit un grand renom comme intrépide buveur. Ils gagnèrent d’abord le pays de Mecklembourg, puis de là le Luiieboiirg et Dresde, d’où ils s’en retournèrent en Silésie. Après cela ils partirent pour la Pologne, puis gagnèrent par la Bohême et Prague le sud de l’Allemagne , où ils séjournèrent pendant longtemps à Augsbourg , à Heidelberg , à Strasbourg et autres villes , jouissant avec son maître d’une foule de plaisirs bien bruyants , mais suivis de quarts d’heure de Rabelais plus désagréables les uns que les autres, parce que le duc Henri n’avait jamais su calculer avec lui-même quand il s’agissait de dépenses. Le père de Schweinichen ayant répondu personnellement de certaines dettes du duc de Liegnitz, les créanciers de ce prince firent saisir et vendre son manoir. Le duc lui-même se vit un beau jour appréhendé au corps comme un vilain et mis en prison pour dettes. Quant à Hans de Schweinichen, il dut s’estimer encore trop heureux de pouvoir s’échapper et de regagner pédestrement son village, en 1577. Il trouva son père mort, et le domaine paternel vendu. Le frère du duc, qui avait pris les rênes du gouvernement, voyait de fort mauvais œil un homme qui avait été le compagnon de vagabondage de son frère. Mais en vertu d’un ordre de l’empereur il fut enfin permis au duc Henri de revenir en Silésie ; et Schweinichen de recommencer alors auprès de lui sa vie d’abnégation et de dévouement, le suivant en tous lieux, exécutant avec une scrupuleuse ponctualité toutes les commissions dont il le charge , et surtout lui tenant bravement tête quand il s’agit de vider pintes et brocs. Son maître et seigneur ayant de nouveau été privé de sa liberté , mais cette fois par décision de l’empereur, Schweinichen se trouva sur le pavé ; pour vivre il se mit fermier. Le duc Frédéric, touché, finit par lui pardonner le passé, et le nomma son grand-maréchal. Il accompagna ce prince en Holstein, et mourut en 1616. Busching a publié son journal, sous le titre de : Vie et Aventures de Hans de Schweinichen ^ chevalier silésien (3 vol., Leipzig, 1823).