Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 08.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

DUMAS

145

tantes sur l’organisation de l’armée et surl’administration de la guerre, puis de soutenir au Tribunal et au Corps législatif la discussion du dt*cret relatif à la création de la Légion d’Hoimeur.

Matthieu Dumas était un de ces hommes comme il en fallait à Napoléon, toujours dispos d’esprit et de corps, toujours prêts, comprenante demi-mot, et qui dans l’exécution joignent la prudence à l’activité. Aussi le voyons-nous investi sans cesse, et dans toutes les parties de l’Europe, de fonctions diverses, qui ne lui laissent aucun repos, à Bou logne au moment des préparatifs de descente en Angleterre, à Ulm, à Elchingen, à Austerlilz, en Ulyrie, enfin à Naples, auprès du roi Josepli , qui le fait d’abord ministre de la guerre, puis grand-maréchal du palais, l’emmène ensuite avec lui en Espagne, où il devient de nouveau aide-major général de -l’armée impériale. D’Espagne il passe en Allemagne avec /es mêmes fonctions , se trouve aux batailles d’EssIing et de Wagram, règle les conditions et signe l’armistice de Znaïm. Intendant général de la grande armée, il assiste aux glorieux combats et aux désastres de l’expédition de Moscou ; enfin, dans la campagne de Saxe, nous le retrouvons sur le champ de bataille de Luizen , puis à Dresde, où, au mépris d’une honorable capitulation, indignement violée par nos ennemis, il est fait prisonnier et envoyé en Hongrie. Rentré en France après les événemenls de 1S14, le gouvernement de la Restauration le rappela d’abord au conseil d’État, et le nomma directeur général de la liquidation de l’arriéré de la guerre ; il fut même question de lui confier le ministère de la marine. Il croyait , ce qu’on croit toujours , et ce qui est si rare, que les rudes leçons du malheur avaient profité. Les Bourbons apportaient la Charte ; et d’ailleurs, dans la campagne de Saxe, il avait, par quelques observations, mécontenté Napoléon, qui n’aimait pas les raisonneicrs . Au 20 mars, l’empereur l’ayant cliargé de l’organisation des gardes nationales, il ne crut pas devoir se refuser à cette mission, qu’il avait remplie en 1789, et qu’il devait remplir encore en 1830. A la rentrée des Bourbons , il fit partie de la commission de défense , fut rappelé au conseil d’État, et chargé par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr de .soutenir aux chambres la discussion de la loi de recnilcmcnt. Porté deux fois sur une liste de pairs par M. Decazes , son nom en fut deux fois effacé par Louis XVUI. Ce double refus annonçait une disgrâce ; il ne l’attendit pas longtemps. La réaction ultra-royaliste qui suivit la mort du duc de Beri7 l’éloigna tout à fait des affaires, et le condamna à la retraite. Appelé à la chambre en 1827 par les électeurs du 1" arrondissement de Paris, il prit une part très-active, sinon an grand mouvement de Juillet, du moins aux mesures qui réussirent à le contenir et à le régler. La réintégration du général Dumas au conseil d’État et sa nomination à la pairie ferment son honorable et utile carrière. Atteint , dans les dernières années de sa vie, d’un affaiblissement de la vue, qui devint une cécité presque complète, il adoucit les ennuis de cette cruelle infirmité en dictant à son fils des Alcrnoives que sa modestie ne voulut nommer que des souvenirs, et qui ne contiennent ni un mot de blâme pour ses ennemis ni un mot d’éloge pour lui-même.

[DUMAS (Christian-Léon, comte), fils du précédent, né à Paris, le l4 décembre 1799, entra dans l’armée en 1815, et servit dans le corps d’état-major dès sa fondation, en IS18. Pendant la campagne d’Espagne en 1823, il fit partie de l’état-major du maréchal Molitor. De 1825 à 1830 il fut aide de camp du maréchal Soult, et Louis-Philippe se l’attacha en la même qualité le 31 juillet 1830. Envoyé en Afrique avec ie duc de Nemours, il fut blessé à l’assaut de Constantine, et nommé lieutenantrcolonel , puis colonel en 1S42. En 1846 ii fut nommé député à Rochefort, et dans la chambre, où il siégeait au centre, il se fit remarquer dans les discussions des questions de guerre et de marine. A la révolution de Février il était maréchal de camp, et le gou-BICT. DE l CONTEES. — T. ÏIIU

vernement provisoire le mit à la retraite : l’Assemblée législative le releva de cette sorte de déchéance ; mais il ne voulut pas profiter du décret réparateur, et ne demanda pas sa réintégration dans les cadres de l’activité, prélérant rester auprès du roi , dont nous le retrouvons portant le cercueil à ses obsèques en 1850. C’est assez dire qu’il est demeuré fidèlement attaché à la famille d’Orléans. L. Locvet.] DUMAS ( Jean-B*ptiste), professeur de chimie à la Faculté des Sciences de Paris, membre de l’.^cadémie des Sciences , vice-président du conseil supérieur de l’instruction publique , ancien ministre du commerce et aujourd’hui membre du sénat, est né en juillet 1800, à .’^lais, département du Gard. Après avoir terminé , dès l’âge de douze ans, ses études classiques, il apprit la pharmacie dans sa ville natale, et se rendit à Genève en 1814, pour y perfectionner son instruction. Admis comme élève dans une pharmacie , il s’y livra avec ardeur à l’étude de la botanique , de la chimie et de la médecine. Decandolle ne tarda pas à le distinguer. Associé dès lors au savant docteur Prévost de Genève , il publia avec lui diverses observations tout à lait neuves sur la fibre musculaire. De belles recherches sur l’ovule des mammifères et sur les globules du sang achevèrent de rendre célèbres dans le monde savant les noms alors inséparables de Prévost et Dumas. Genève était désormais un théâtre trop restreint pour l’activité de M. Dumas. En 1821 il prit le parti de se rendre à Paris, où l’avait depuis longtemps devancé sa réputation : aussi ne doit on pas s’étonner de le voir dès 1 823 nommé répétiteur de chimie à l’École Polytechnique ; et cette position, qu’il ne devait qu’à ses travaux, fixa sa vocation. Ce fut vers la même époque qu’il devint le gendre du savant Alexandre Brongniart. Dès lors il se livra exclusivement à des travaux de chimie , et il s’est depuis rendu recommandable par une suite non interrompue de recherches qui ont pour la plupart exercé une influence décisive sur le système actuel des connaissances chimiques. Encore bien que ses théories , surtout celle des substitutions, n’aient pas, à beaucoup près, été généralement admises en Europe, et quoique pour la plupart elles aient été vivement combattues par B e r z e 1 i u s et les chimistes allemands, on peut à bon droit le considérer comme un des chefs distingués de l’école française. A l’exception de ses premières recherches sur la pesanteur spécifique des gaz, et de ses recherches récentes sur l’équivalent de l’acide carbonique et de l’hydrogène, desquelles il conclut que tons les équivalents chimiques sont des multiples simples de l’hydrogène, ses principaux travaux ont eu pour objet la c h i m i e organique. Nous citerons, entre autres, ses belles expériences sur les alcaloïdes , sur les combinaisons de l’éther, sur l’esprit de bois et ses combinaisons, sur les huiles éthérées , sur l’indigo, sur l’acide citrique, et sur l’influence que les corps organiques reçoivent des alcalis. Dans ces divers travaux, il s’est toujours attaché à faire prévaloir certaines doctrines théoriques concernant la constitution des corps ; et les vues qu’il a développées sur la nature des combinaisons organiques et sur l’action que le chlore et d’autres corps semblables exercent sur ces combinaisons, diffèrent essentiellement des théories admises par les savants de l’Allemagne. On pourrait peut-être lui reprocher d’avoir quelquefois formulé ses théories, non pas avant d’avoir expérimenté , mais en faisant dire aux expériences beaucoup plus qu’elles ne disent en effet. Dans ces derniers temps, et par suite des travaux de M. L i e b i g sur ces matières, il s’est occupé avec ardeur, en société avec MM. Boussingault et Payen , des questions de chimie et de physiologie qui se rattachent aux actes de nutrition, et en particulier à la formation de la graisse. Il prétend ne retrouver dans les corps vivants que les principes préformés qu’y importe la nourriture , n’admettant ni de transformation ni de métamorphoses du fait de la vie. Mais les opinions qu’il a émises à cet égard, et surtout sa négligence en fait de citations d’é- 19