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DUBOURG

A fuite ; les trois autres y écliappèrent à l’aide d’un apparent repentir. Trois jours plus tard , Anne Dubourg fut interrogé sur sa religion ; l’évèque de Paris le déclara hérétique, le dégrada du sacerdoce dont il était revêtu, et le livra au bras séculier, c’est-à dire an juge royal, pour être puni. L’archevêque de Sens, alors métropolitain de Paris, était assisté dans cette sentence par l’inquisiteur Antoine de Mouchy, qui se faisait appeler Démocharès. Anne Dubourg en appela. Sur ces entrefaites, Henri II mourut ; mais les opinions nouvelles eurent des persécuteurs encore plus acharnés dans la personne des Guises, qui gouvernaient la France au nom du faible François II. Le procès d’Anne Dubourg fut repris avec une nouvelle activité. On crut que par ses divers appels il voulait retarder son jugement ; mais, dans un mémoire qu’il envoya au parlement, il assura que, s’il épuisait ainsi tous les degrés de juridiction , c’était pour ne rien omettre de ce qui pouvait manilester la justice de sa cause, et non parce qu’il reculait devant un supplice non mérité. Ce mémoire était un véritable acte d’accusalion contre le pape et contre la papauté : Dubourg y protestait avec force qu’il voulait vivre et mourir en confessant la foi dont il publiait les principes. L’électeur palatin écrivit à François II pour solliciter la grâce du condamné : on a prétendu que, frappé de sa réputation, il avait voulu lui conlier la direction de .son université de Heidelberg. Mais un événement funeste acheva de perdre la victime. Dubourg avait récusé vainement le président Miiiard, un de ses juges les plus hostiles ; on prétendait même qu’il l’avait menacé en lui disant : ■< Dieu saura t’y forcer. » iMinard, l’homme de confiance du cardinal de Lorraine, fut assassiné à six heures du soir, en sortant du palais. Ce fut à l’occasion de ce meurtre que fut rendue Vordoniiance minai de, qui fixait la fin de l’audience de relevée à quatre heures du soir, depuis la Saint-Martin jusqu’à Pâques. Trois jours après cet événement, Anne Dubourg fut condamné à mort. L’historien du Concile de Trente, s’appuyant sur le témoignage des historiens du temps , entre autres sur celui de De Thou, impute cette sentence barbare, non pas tant â l’inclination des juges, qu’a la volonté ab.solue de la reine, » irritée, dit ii, de ce que les luthériens publiaient partout dans leurs libelles que la blessure que le roi avait reçue dans Va-il était une punition de Dieu pour les menaces qu’il avait faites à Dubourg , qu’il voudrait voir brillé ». Pendu et brûlé elfectivement en place de Grève, il subit avec fermeté son supplice, le 23 décembre 1559, après s’être écrié sur l’échafaud : Mon Dieu, ne 7H’abaiidonnez pas, de peur que je ne vau, abandonne’. Il était âgé de trente-h.it ans. Il avait publie plusieurs ouvrages entièrement oubliés aujourd’hui. Sa mort ne fit que produire de nouveaux prosélytes à la rebgion reformée, dont les sectateurs le mirent au nombre de leurs plus illustres martyrs. Auguste SavaCiNEb.

DUBOURG (Le général ). Sa carrière militaire ne nous est point connue C’est au milieu de la mèlee de juillet 1830 que ce nom nous apparaît pour la première fois. Dubourg fut le premier, le seul peut-être, qui eut alors le courage ou plutôt l’heureuse idée de revêtir un uniforme d’officier général , et de combattre au milieu des citoyens avec de grosses épaulettes ctoilées. M. Louis Blanc, dans son Histoire de dix ans, raconte en ces termes sa première apparition dans la lutte : « C’était dans la nuit du 28 au 2’J juillet. Un inconnu aborde deux citoyens armés , sur la place des Petits-Pères. « Le combat recommence demain, dit-il ; je suis militaire : avez-vous besoin d’un général.’ — D’un général ?

répond l’un d’eux. Pour en faire un, en temps de révolution , 

il suflit d’un tailleur. — Vous voulez être général ?

ajoute le second. Eh bien ! prenez un uniforme, et 

courez oii l’on se bat. >■ Le lendemain , le général Dubourg avait suivi ce conseil, et le peuple criait : " Vive le général Dubourg ! >. Le général était au marché des Innocents le 29 ; plus tard, il arriva à l’hôtel de ville. " Général, lui dit un - DUBUFE 9D

jeune homme qui amenait un tapissier pour faire faire des drapeaux, do quelle couleur le drapeau ? — Il nous faut un drapeau noir ; et la France gardera cette couleur jusqu’à ce qu’elle ait reconquis ses libertés. » Le général Dubourg était alors roi de Paris ; mais sa royauté cessa à l’arrivée de Lafayette, au-devant duquel il se rendit en s’écriant : « A tout seigneur tout honneur 1 » Ce fut plus tard au tour du duc d’Orléans à se rendre à cet hôtel de ville , d’oii l’on sortait avec le pouvoir. Quand Lafayette eut fait au prince les honneurs de la commune, Dubourg s’avança vers une des fenêtres, et, montrant au roi futur la multitude armée qui remplissait la place, il s’écria : « Monseigneur, vous connaissez nos besoins et nos droits ; si vous les oubliez, nous vous les rappellerons. » La réponse du duc d’Orléans fut aigre, dure : dès ce moment le général soldat de la révolution de Juillet fut en disgrâce, et cette disgrâce, que lui avait attirée sa déliante franchise, s’est perpétuée. INous pensons que le général Dubourg a cessé de vivre ; mais depuis quand ? Nous l’ignorons. En 1»33 il était un des pensionnaires de la maison de santé du docteur PincI à Chaillot. Napoléon Gallois.

DU BREUIL (Guillaume), jurisconsulte célèbre du quatorzième siècle, né à Figeac, en Quercy, mort vers 1345, était avocat du roi à Paris en 1325. Vers l’année 1330 , il composa un livre intitulé : Le Style du Parlement {Stijlus curisc Parlementi Francis"), qui jusqu’à la fin du seizième siècle resta le manuel des gens de loi, qu’on invoquait à chaque instant comme autorité, et dont les doctrines sont mentionnées et même confirmées par diverses ordonnances de Philippe de Valois, de Jean le Bon et de Charles VII. DUBREUIL ( Toussaint ) , peintre. On ignore le lieu et l’année de sa naissance ; on sait seulement qu’élève du père de Freminet, premier peintre de Henri IV, il eut assez de talent pour le devenir aussi lui-même et pour être chargé de continuer, de concert avec Bunel , à Fontainebleau, la suite des cinquante-huit tableaux où le Primat ice et Nicole dell’ Ahale avaient représenté l’histoire d’Ulysse. Il termina ou répara d’autres peintures des mêmes maîtres, dans la salle des Cent-Suisses ou dans la grande galerie, et peignit à feesque les aventures d’Hercule, qui devaient former vingt-sept tableaux ; mais il n’eu termina que quatorze. H avait peint , dans la galerie des Cerfs , des vues de Fontainebleau et de treize autres demeures royales. Dubreuil travailla aussi avec Buneià la petite galerie du Louvre (galerie d’.^pol Ion ) ; mais leurs ouvrages périrent dans l’incendie de 16C0. II mourut en 1C02 ou 1603.

DUBUFE (Claude-.Marie). Il faut, dans Fliisfoire de l’art, tenir coniple de toutes les renommées. M. Diibufe le père n’a jamais obtenu les sympathies des connaisseurs et des critiques ; il a toujours été au contraire le point de mire de leurs récriminations et de leurs épigrammes. Et cependant il e.st célèbre autant que pas un peintre, et les gens du monde l’ont pris sous leur protection toute puissante. Rien dans ses commencements ne révéla l’artiste dont les portraits devaient e.xciter plus tard tant d’admiration. Né à Paris, à la fin du règne de Louis XVI , et entré assez jeune dans l’atelier de David , M. Dubufe y peignit des figures académiques sans caractère et sans beauté. Il débuta au salon de 1810 par un tableau qui représentait un Romain se laissant mourir de faim plutôt que de toucher à un dépôt d’argent gui lui a été confie ; et il exposa successivement Achille prenant Iphtgeiiie sous sa protection (1812), Jésus-Christ apaisant une tempête { 1819) et quelques tableaux qui n’étaient ni meilleurs ni pires que tous ceux que taisaient alors les nombreux élèves de David. Le premier succès de M. Dubufe date du saion de 1822, où il exposa, à côté d’une scène tirée de Psijché, Apollon et Cijpnrisse, composition naïvement prétentieuse, que le gouvernement acheta et qu’on peut voir aujourd’hui au musée du Luxembourg. C’est une peinture qui vi.se à i’clégance et qui n’arrive qu’à la fadeur. 13.