Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 06.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

2 vol. in-8°) ; Deux Mois d’Émotion (même année), composés de divers morceaux de prose ; le Monument de Molière, poème couronné par l’Académie Française, et L’Arc de Triomphe de l’Étoile, poëme pareillement couronné par la même Académie. Mme Colet s’est fait quelquefois aussi l’éditeur des auteurs célèbres de son sexe : elle a donné, en 1843, une édition en un volume in-12 des œuvres morales de Mme de Lambert, précédées d’un éloge de l’auteur par Fontenelle, et d’un Essai sur les écrits de Mme de Lambert par Mme Louise Colet. Les poésies anciennes de la belle lauréate, accompagnées de plusieurs pièces inédites, ont eu, en outre, les honneurs du format anglais, dit Charpentier.

Dans ces derniers temps, Mme Colet, née Révoil, s’est livrée tout entière à la poésie érotique avec un abandon qui fait honneur à sa sincérité, et s’est plu à nous initier aux mystères d’amour qui remplissent son cœur. La Revue de Paris a eu longtemps le privilège ou le monopole de ses théories, ou, si l’on veut, de ses confidences érotiques, qui étaient comme un chapitre oublié de l’Histoire amoureuse des Gaules, de messire Dussy-Rabutin :

Comment nous vient l’amour ? Qui donc pourrait le dire ?
On était étranger ; et voilà qu’un sourire, etc.

Eh, madame, qui ne le sait ? Il y a longtemps que M. de Brantôme, dans un livre fameux, que vous connaissez, j’imagine, a dit : « De plus, étant ainsi belle et recherchée de quelqu’un, et qu’elle daigne d’y répondre… ainsi que toute femme qui ouvre la bouche pour faire quelque réponse douce à son ami, le cœur s’y en va et s’y ouvre de même. » Tout cela est très-bien. Mais est-ce une raison pour que Mme Colet intitule une de ses dernières pièces en vers, où elle fait du reste le plus brillant éloge de l’amour : Ore felice ? Ore est un pluriel et felice un singulier, et il y a, comme on sait, une règle qui veut que l’adjectif s’accorde avec son substantif, en genre et en nombre. Pourquoi donc apprendre ainsi au monde qu’on ne sait pas l’italien ?

Ch. ROMEY.

Mme Colet, lauréate de l’Institut, se sentit bientôt inspirée par tous les événements : elle chanta le désastre de Sidi-Brahim, et félicita le grand-duc de Toscane, Léopold, d’avoir refusé de livrer un réfugié italien au pape, représentant du Dieu de miséricorde sur la terre ; clémence dont le grand-duc s’est sans doute repenti depuis, car il s’est peu souvenu des félicitations de la muse française. Quand Charlotte Corday devint un personnage de théâtre, grâce à M. Ponsard et à plusieurs autres. Mme Colet se souvint qu’elle aussi avait chanté le meurtre de Marat, et elle rappela qu’elle n’avait pas renoncé à l’espérance de voir paraître ses tableaux dramatiques sur la scène. Nous ne saurions dire si les événements de 1848 eurent quelque écho dans le cœur de Mme Colet.

En 1849 elle eut un désagréable procès à soutenir. Mme Récamier, sa douce amie, lui avait confié un manuscrit précieux de lettres à elle adressées par le sensible Renjamin Constant, dont elle avait délicatement refusé l’hommage ; lettres qui prouvaient que l’auteur d’Adolphe, dont les biographes ont fait un homme si indifférent et si froid, avait, au contraire, un cœur. Selon Mme Colet, ce manuscrit lui avait été donné par Mme Récamier pour qu’elle le publiât au besoin, afin de réhabiliter la tendre mémoire du célèbre orateur. Mme Colet traita donc de cette publication avec La Presse, après la mort de son amie. Les héritiers de Mme Récamier, M. et Mme Lenormand, réclamèrent contre cette publicité, et Mme Colet fut condamnée à restituer les fameuses lettres, par la raison que Mme Récamier, n’ayant pas le droit de les publier, n’avait pu en donner le mandat. Mme Colet se consola de cet échec en retravaillant pour l’Institut.

Quelques jours après avoir été couronnée encore, en 1852, par l’Académie Française, pour avoir, dit-elle, spiritualisé la colonie de Mettray, ne voilà-t-il pas qu’elle publie un recueil de vers sensualistes sous un titre qui engage non-seulement sa personne, mais son sexe tout entier. Ce qui est dans le cœur des femmes, nous dit Mme Louise Colet… Si Mme Colet le sait, elle est bien simple de nous l’apprendre ; mais le sait-elle ? Socrate disait que toute la sagesse humaine se réduisait à ces quatre mots : Connais-toi toi-même ! Mais vouloir nous apprendre ce qui est dans le cœur des femmes au sortir des tableaux vivants, c’est une prétention sans égale. Nul ne le sait, et les femmes peut-être moins que nous. Le prestige de leur puissance infaillible, inévitable, c’est l’inconnu.

Mme Louise Colet, née Révoil, est veuve aujourd’hui : elle avait naguère un époux, né, comme elle, dans le midi, à Aix ou à Montpellier, qui s’appelait Hippolyte-Raymond Colet, et qui était professeur d’harmonie au Conservatoire. Il était, en outre, auteur d’un ouvrage intitulé Panharmonie musicale. Sa gloire naturellement avait pâli devant celle de sa femme. Mais c’est toujours à un homme assez d’honneur, quels qu’en soient les inconvénients, d’être le mari d’une muse, il est mort en avril 1851, à l’âge de quarante-deux ans.

COLETTI. Voyez Kolettis.

COLIBRI, genre d’oiseaux de l’ordre des passereaux, dont quelques ornithologistes ont fait une famille sous le nom de trochilidés (de trochilus, petit oiseau). Remarquables par la petitesse de leur taille en général, et par l’éclat et la magnificence de leurs couleurs, les colibris se distinguent par les caractères suivants : Bec long, droit ou arqué, tubulé, à pointe acérée ; bouche très-petite, langue susceptible de s’allonger, entière à la base, divisée eu deux filets depuis le milieu jusqu’à la pointe ; pieds impropres à la marche. Leur large queue, leurs ailes excessivement longues et étroites, la petitesse extrême de leurs pieds, leur sternum très-grand et sans échancrure, la brièveté de leur humérus ou os du bras, sont, avec toutes les autres dispositions organiques qui s’y rattachent, les caractères saillants d’une structure pour un vol coutinu, bourdonnant et tellement rapide qu’on n’aperçoit nullement le mouvement des organes qui l’exécutent. Le battement des ailes est si vif que l’oiseau, s’arrêtant dans l’air, semble être immobile, sans action, ou s’y balancer presque aussi aisément que certaines mouches. La rapidité de leur vol les a fait comparer sous ce rapport aux martinets. La petitesse de leur gésier doit être aussi prise en considération. L’extensibilité de leur langue et le manque de cœcum sont deux caractères qui leur sont communs avec les pics. Le volume très-grand de leur cœur a été considéré avec raison comme exerçant une grande influence sur le haut degré d’énergie musculaire qui préside à la vélocité et à la prestesse de leur vol. Ce qui fait le plus rechercher ces oiseaux est sans contredit la beauté de leur plumage, dont la richesse et les reflets métalliques surpassent l’éclat de l’or et le brillant des diamants. C’est pourquoi les Indiens, admirateurs de la magnificence de leur robe, leur avaient donné les noms de rayons ou cheveux du soleil.

Les colibris ont été distribués en deux sections : la première est celle des colibris proprement dits ou trochilus, qui ont le bec fléchi en arc ; la seconde, sous la dénomination d’oiseaux-mouches ou ornismya (de ôpvi, oiseau, et yvïa, mouche), renferme les espèces qui ont le bec droit. La plus petite espèce d’oiseaux-mouches n’excède pas la grosseur d’une abeille. Tous ces oiseaux habitent les contrées les plus chaudes de l’Amérique. Ils se plaisent dans les jardins, où ils voltigent autour des fleurs, dont ils puisent le nectar en plongeant leur langue au fond des corolles, d’où leur vient leur nom vulgaire de bec-fleur. Ils mangent aussi des insectes, puisqu’on en trouve souvent leur estomac rempli. Jamais ces oiseaux ne marchent ni ne se posent à terre. Ils passent la nuit et le temps de la plus forte chaleur du jour perchés sur une branche, et souvent sur la plus