Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 06.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

100

COME

ville était autrefois défendue par le chilteau fort de lîara- (lelio, construit sur une hauteur escarpée , et aujourd’hui en ruines. Elle a treize églises, parmi lesquelles on reniar(|iie surtout la catiiédrale, construite en marbre et riche en tableaux, dont la constiiiclion , commencée en l3yG, ne fut terminée qu’au seizième siècle. Il faut encore citer pour son architecture l’église San-Tidcle, la plus ancienne de la ville. On voit à Côme un grand nombre de beaux palais ; les palais Galli et Odescalchi notamment contribuent ù embellir le faubourg Vico. Le lycre, fondé en 1S24, possède une bonne bibliothèque. Ue nombreuses manufactures de soie produisent des velours, des taffetas, des gants et des bas ; et le commerce avec les Grisons, la Suisse et la haute Italie occupe |)lusieurs grandes maisons. Les sculpteurs trouvent dcxcellent marbre dans les cariières voisines. La proximité des Alpes rend quelrjuefois le climat de Côme assez rude ; cependant les vcnls piquants (jui y régnent souvent ne nuisent point à la fertilité du sol ; et la vigne de même que l’olivier y croissent aujourd’hui comme au temps (les Roniains dans toute la richesse de la végétation méridionale. Dès le moyen âge, et même dès l’époque de la domination romaine, les habitants de Côme étaient renommés par leur habitude d’émigrer. De nos jours la plupart de ceux (jui abandonnent ainsi la terre natale pour aller chercher fortune ailleurs font dans les différents pays de l’Europe le <-,onmieice des gravures, des télescopes, des lunettes, des baromètres, etc. ; puis, une fois qu’ils ont amassé un petit pécule, s’en reviennent au pays natal acheter un coin de terre dont leur travail et leurs capitaux augmentent bientôt la fécondité naturelle. Côme a vu naître dans ses murs Pline le jeune, ot même, suivant cpielques auteurs, Pline l’ancien, les papes Clément XI 11 et Innocent XI , de même que le jihysicien Vol ta, à qui tout récemment on y a élevé un monument. Ville considérable à l’époque de la domination romaine, Côme se rendit indépendante, elle aussi, quand s’établirent les dilférentes républiques italiennes ; mais elle fut vaincue dans sa lutte contre Milan. Vers le milieu du douzième siècle, rem[)ereur Frédéric V lui rendit son indépendance , qu’elle conserva jusqu’à ce que les ducs de Milan eussent réussi à la soumettre à leur autorité au commencement du treizième siècle.

COME (Lac de) , Lago dï Como , le lacus Larius des anciens, formé par l’Adda, et dont la partie septentrionale est quelquelois appelée lac de Chiavovia, est à bon droit célèbre par l’aspect romantique et pittoresque de ses rives, couvertes de vignes et de plantations d’oliviers au milieu destpie’Ies s’élèvent de délicieuses maisons de campagne, dont l’une des plus remarquables est la magnifique viila d’Esté, appartenant au duc de Torlonia. 11 faut encore citer, pour leur richesse et leur charmante situation, la villa «lu marquis Oilescalchi, appelée aussi aW Vlmo, à cause d’un ormeau célèbre qu’on y voyait encore au siècle dernier, dil-on, et dont Pline parle dans la troisième lettre du premier livre de ses Lettres ; les villas Galli, Lanzi elSommariva. Près de -la viila Pliniana , on voit encore aujourd’hui la fontaine inlerinittente décrite par Pline. La villa d’Esté est célèbre pour avoir élé longtemps habitée par la reine d’.Vngleterre Caroline, épouse du roi Georges iV. La villa Sonnnariva renferme d’admirables productions de l’art, par exemple le célèbre Triomphe d’Alexandre de Thor waldsen et le Palamède de Canova. Au sud, le lac de Côme se divise en deux bras séparés par le promontoire de Bellagio, et dont l’un prend le nom de lago di Lecco. Dans sa plus grande longueur, le lac de Côme a de 3G à 40 Kilomètres sur quatre de largeur. 11 est à 233 mètres au-dessus du niveau de Li mer.

COMEDIE, mot lait du grec y.a)[jir„ village, et wor), chant. Ce nom a , dans le princii)e, été donné en 1-rance à toute espèce d’d'uvre dramatique, quel «pie fût son sujet, giave ou enjoué, triste ou comique. C'est ain>i qu’on appe-COMEDIK

lait t^i mystères, ces pieuses représentations qui réjouir rentsi longtemps nos aïeux. Du temps de Corneille, et longtemps encore après lui , les tragédies portaient le nom de comédies. On disait la comédie du Cid, la comédie de Cinna, la comédie de Phèdre. « Les comédies de Corneille, dit le P. Bouhours, ont un caractère romain et je ne sais quoi d’héroïque «pii leur est particulier ; les comédies de Racine ont quelque chose de fort touchant, et ne manquent guère d’inspirer les passions qu’elles représentent. » M’"^ de Sévigné se sert aussi de cette expression , qui a continué juscju’à nos jours d’être employée comme terme générique et synonyme de spectacle , représentation, théâtre.

Le Dictionnaire de l’Acadéinie définit la comédie : « poëme dramatique, pièce de théâtre oii l’on représente une action que l’on suppose ordinairement s’être passée entre des personnes de condition privée, et où l’on a pour objet de plaire soit par la peinture des mœurs et des ridicules, soit par des situations comiques. » Suivant Marmontel, « c’est l’imitation des ma’urs mise en action : imitation des mœurs, en quoi elle diffère de la tragédie et du poème héroïque ; imitation en action, en quoi elle diffère du poëme didactique moral et du simple dialogue ». [îoursault et plusieurs autres après lui ont défini la comédie « un poëme ingénieux , fait pour reprendre les vices et pour corriger les mœurs par le ridicule ". Cette dernière définition se rapproche davantage de celle d’Aristote, qui, jugeant du but de la comédie par ce qu’elle avait été jusqu’à lui, dit qu’elle est uno imitation, une peinture des mœnis des plus méchants hommes , en ce qu’ils offrent surtout de ridicule ; en d’autres termes, que « c’est une imitation du mauvais, non du mauvais pris dans toute son étendue, mais de celui qui cause la honte et produit le ridicule ». Mais Corneille, qui n’admet point cette définition, étend davantage le domaine de la comédie, en ne le bornant po"nt au ridicule. Il y admettons les personnages, même les rois, qui ne semblaient justiciables que de la tragédie, et ne veut point que l’on donne ce dernier nom à une intrigue d’amour, quels qu’en soient les héros, ou même à une action où il s’agit des intérêts d’un État, s’il ne s’y mêle du pathétique et un danger véritable pour quelqu’un des personnages de la pièce. Il soutient qu’un poème où il n’y a bien souvent d’autre péril à craindre que la perte d’une maîtresse n’a pas droit de prendre un nom plus relevé que celui do comédie ; mais pour les cas dont nous venons de parler, où les héros de la pièce seraient des rois ou d’autres personnages considérables, il propose de joindre à ces mots l’épithèle d’héroïque. Dacier défend la première opinion, en maintenant que la comédie ne souffre rien da grave et de sérieux, à moins que l’on n’y attache le ridicule, « parce que, dit-il, le comique et le ridicule sont l’unique caractère de la comédie ». Enfin, selon Picard, « la comédie est l’image en action des caractères, des mœurs des hommes, et d’incidents ridicules, plaisants ou intéressants ». Cette définition a l’avantage de convenir à toutes les variétés de comédies.

On croit généralement que la comédie n’a pris naissance qu’après la tragédie. C’est l’opinion d’Horace, dans son Art poétique ; c’est aussi celle «le Boileau dans l’imitation française qu’il nous a donnée de ce i)ocme : Des succès fortiincs «lu spccl.’irle tragique, U.ins Alhciics [laquit la comédie anlii|uc ; La le Grec, ué. moqueur, par mille jeux plaisauls. Distilla le venin de ses traits metlisaiils. A r i S 1 p h a n e, qui llorissait dans le cinquième siècle avant J.-C, et qui fut contemporain de Péiiclès.d’Alcibiade, d’Euripide et de Socrate, passe également dans l’esprit du plus grand nombre pour l’inventeur de la comédie. Mais la Grèce eut des auteurs épiqueset des auteurs satiriques avantd’avoir des auteurs Iragicpics ou comiques, genres qui n’étaient peut-