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ALLEGHANYS en Pensylvanie la crête AUeghany forme généralement le partage des eaux. L'élévation de la chaîne des Alleghanys est peu considé- rable, nialgré la grande largeur de la chaîne ; elle ressemble le plus habituellement, sous ce rapport, aux Vosges ou au Jura , c'est-à-ilire que communément les sommets n'y dé- passent pas 1,200 ou 1,300 mètres au-dessus de la mer. Les Alleghanys ne vont pas à 1,000 métrés de hauteur moyenne pour l'ensemble de chaque créle. Cependant ils offrent au nord, dans le Maine et d;ins le New-Hampshire , quelques limes plus élevées. Ainsi le Mooshelock (New-Hampshire) a 1,530 mètres, le Katahdin (Maine) a 1,790 mètres, le mont Washington ( New-IIampshire ) a 2,027 mètres. La masse de la chaîne compose une sorte de plateau assez e.haissée dans la Virginie, le Kentucky et le Tennessee; en se rapprochant du nord elle se déprime ; le terrain n'est plus qu'à 130 mètres environ au-dessus de la mer aux ap- proches de l'Hudson, dans l'État de ]New-York ; il s'abaisse même jusqu'à 42 mètres dans un défilé long et étroit qui court de THuihon au Saint-Laurent. Mais de l'autre côté de l'Hudson , en poursuivant vers le nord , il se remet de nouveau à monter, à ce point que c'est dans les latitudes septentrionales que les sommets atteignent le maximum de hauteur. Ainsi , le bassin de l'Hudson offre une passe spa- cieuse, facUe et unique , à travers l'ensemble de la chaîne. L'une des conséquences de la faible élévation des Alle- ghanys, c'est qu'il n'y peut exister de ces glaciers ou amas de neige qui, servant aux fleuves de réservoirs permanents, les alunentent pendant l'été. C'est une circonstance défavo- rable à l'établissement de canaux destinés à franchir les Alleghanys pour reUer les ports de l'Atlantique à la grande vallée centrale de l'Amérique du Nord. Il n'y a que quelques cimes isolées où la neige se conserve pendant l'été , et elles sont situées dans les États septentrionaux du Maine et de New-Hampshire , où l'on a dû peu s'occuper d'établir de pareilles jonctions. Un autre obstacle à la création d'artères navigables au travers des Alleghanys consiste dans l'absence totale de lacs, qui caractérise cette chaîne au midi de l'Hudson, c'est- à-dire dans la seule partie où il importait d'ouvrir de gran- des lignes. Au midi du 41*' degré de latitude on ne trouve pas un lac sur le territoire des États-Unis , à moins qu'on ne qualifie de ce nom les lagunes qui bordent le rivage dans les États du Sud. Au contraire, de l'autre côté de l'Hudson, les lacs apparaissent. Ils sont fort multipliés dans le Canada et dans le Nouveau-Brunswick, et même dans l'État du Maine. Au nord du 42' degré de latitude c'est à peine s'il existe en Amérique un cours d'eau qui ne sorte d'un lac et d'un étang. La plupart des fleuves qui prennent leur source dans les Alleghanys ont leur direction générale de l'ouest-nortWouest à l'est-sud-est. Ces fleuves sont fort nombreux; ils pré- sentent des bassins généralement très-exigus. Le plus grand de ces bassins, celui de la Susquehannah, n'est que la moi- tié de celui de la Loire; et cependant il est presque double de celui d'Albemarle, qui occupe le second rang, et qui lui- même se Compose de deux vallées réellement distinctes ^ celles du Roanoke et du Chowan. Il est vrai que si l'on considère la Chesapeake comme le prolongement de la Sus- quehannah, ce qui serait raisonnable à plusieurs égards, et que l'on réunisse au bassin de la Susquehannah les sur- faces arrosées par le James-River, l'York-River, le Rappa- hannock , le Potomac, le Patuxent et le Patapsco, ainsi que YEastern Shore, on a un bassin de 17,896,900 hectares de superficie , ce qui représente le tiers de la France ou le bassm de la Loire. — La majorité de ces fleuves et de leurs affluents ne sont navigables que sur une partie de leur cours. La chaîne où ils prennent leur source est trop voi- sine de la mer pour qu'il en soit autrement. Il n'y en a pour ainsi dire aucun qui à une distance ordinairement

faible de la mer ne présente une cataracte ou au moins un plan incliné insurmontable à la navigation. Cet accident général dans leur lit paraît occasionné par une bande con- tinue de terrain primitif , qui , avec la régularité qu'on re- trouve dans les caractères géologiques du sol des États- Unis , comme dans sa configuration topographique, s'éten- drait, dit-on, d'un bout à l'autre de l'Union. Ainsi, en descendant du nord au midi , on rencontre successivement les chutes do la rivière Sainte-Croix à Calais, celles du Pe- nobscot à Bangor, du Kennebcc à Augusta , du Merrimack à Lowell et à Haverhill, du Connecticut près de Hartfort, de la Passaïc à Patterson , du Raritan près de New-Bruns- witk, de la Delaware à Trenton, de Schuylkill près de Phi- ladelphie, de la Brandywine près de Wilmington, de la Sus- quehannah entre Columbia et la Chesapeake, du Patapsco près d'Ellicott's Mills, du Potomac aux Little-Falls et aux Great-Falls, du Rappahannock à Fredericksburg, du James- River à Richmond, de l'Appomatox à Petersbourg, du Rounoke à Munford, de la Neuse à Smitlifield, de la rivière du cap Fear à Averysboro , du Pedee près de Rockingham et de Sneodsboro, de la Wateree près de Camden, du Con- garée à Columbia, du Saluda à sou confluent avec le Broad- River, de la Savannah à Augusta , de l'Oconee à Milledge- ville, de l'Ocmulgee à Mâcon. Cette ligne de cataractes paraît même se poursuivre sur le versant du golfe du Mexi- que. On en distingue le prolongement sur le Flint-River à Fort-Lawrence, sur le Chatahoochee à Fort-Mitchell, sur la Coosa, près de sa jonction avec la Talapoosa, sur la Tom- bigbce ou Tombekbee , dans le voisinage du fort Saint- Étienne; le célèbre géographe américain M. Darby pen^e même l'avoir retrouvée à l'ouest du Mississipi, sur la Oua- chita ou Washita, au-dessous du confluent de la rivière Bœuf, et sur la rivière Rouge, aux rapides des envùons d'Alexandiie. Mais du côté du golfe du Mexique , suivant le même auteur , dans les États d'Alabama , de Mississipi et de la Louisiane , le banc de rochers qui coupe ainsi le cours de toutes les rivières , au lieu d'être de nature pri- mitive, comme sur le versant de l'Atlantique , serait formé d'un grès assez tendre , dont d'ailleurs il ne détermine pas l'âge géologique , et l'assimUation qu'il indique est proba- blement exagérée. La ligne des cataractes, qui joue un grand rôle dans la con- figuration du sol américain considéré sous le rapport de la na- vigation et de la culture, peut et même doit être considérée comme un premier échelon des Alleghanys. Elle a eu sans doute pour origine le même soulèvement. Pour l'économiste et l'ingénieur, c'est l'un des traits les plus curieux de la géo- graphie américaine. Au nord, efle est très-voisine de l'Atlan- tique , puisque là les montagnes elles-mêmes sont baignées par la mer. Ainsi, les chutes des fleuves des six États désignés sous le nom général de la NouveUe- Angleterre et des États dits du centre sont fort rapprochées du rivage. Mais quand on va vers le midi, la ligne des cataractes, restant à peu près parallèle au pied des montagnes, s'écarte, comme eUes, de la mer. Il en résulte entre les fleuves du nord et ceux du midi une diflérence remarquable sur les fleuves situés au noid de la Chesapeake, ainsi que sur les tributaires de cette baie , tels que le James-River et le Potomac : la ligne des cata- ractes marque le point où la marée cesse de se faire sentir. La navigation maritime remonte jusque là , mais s'arrête là. Sur les fleuves méridionaux la marée cesse d'être sen- sible bien au-dessous de la ligne des cataractes. Entre cette ligne et la ligne de la marée ils offrent une naviga- tion naturelle , qui est cependant fort imparfaite et d'un se- cours plus que médiocre pour le commerce. La ligne des cataractes partage la région qui borde l'Atlan- tique en deux parties bien distinctes , aux yeux de l'indus- triel et à ceux de l'homme d'État , tout comme à ceux du géographe. Au bas des cataractes , de leur pied à la mer, les fleuves sont à peu près sans pente et d'une navigation aisée, .