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OUBLI — OURAGAN


4. Il ne faut pas s’éloigner des puissants si l’on ne veut pas en être oublié. Eccli., xiii, 13. Moïse donna aux Israélites un cantique que la postérité ne devait pas oublier, Deut., xxxi, 21, et Jérémie remit aux déportés un exemplaire de la Loi pour qu’ils ne l’oubliassent pas. II Mach., ii, 2.

2° Au sens figuré. — 1. On oublie certaines choses en ce sens qu’on n’en tient plus compte. Les années de disette devaient, faire oublier les années d’abondance, Gen., xli, 30, de même qu’au jour du bonheur on oublie le malheur, et réciproquement. Eccli., xi, 29. Cf. Job, XI, , 16. Dieu fera venir sur son peuple coupable une honte qu’il n’oubliera pas. Jer., xxiii, 40 ; mais un jour, Israël régénéré oubliera la honte de sa jeunesse, Is., uv, 4, et les angoisses d’autrefois. Is., lxv, 16. Joseph donna à son premier-né le nom de Manassé, parce qu’il lui faisait oublier sa peine. Gen., xli, 51. — 2. L’oubli est quelquefois l’insouciance. Le fidèle Israélite veut que sa droite oublie de se mouvoir si lui-même oublie Jérusalem. Ps. cxxxvii (cxxxvi), 5. L’affligé se sent mis en oubli, loin des cœurs, comme un mort. Ps. xxxi (xxx), 13. Job, xix, 14, se plaint aussi que ses proches l’oublient. Il est recommandé de donner du vin à celui qui va périr, afin qu’il oublie sa misère. Prov., xxxi, 7. L’enfant ne doit pas oublier les douleurs de sa mère, Eccli. , vii, 29, ni l’emprunteur celui qui a répondu pour lui. Eccli., xxix, 20. Dans la prospérité, il ne faut pas oublier son ami, Eccli, , xxxvii, 6, ni sa fin dernière pendant le cours de la vie. Eccli., xxxviii, 22. Une jeune fille n’oublie pas sa parure. Jer., ii, 32. La nation israélite a été oubliée de ses amants, Jer., xxx, 14, et elle-même a oublié les crimes de ses pères. Jer., xlix, 9. Saint Paul oublie ce qui est derrière lui, pour se donner tout entier au présent et à l’avenir. Phil., iii, 13. L’impie dit : « Dieu a oublié, » il ne se soucie pas des actes de l’homme. Ps. ix, 11. Pourtant, même un passereau n’est pas en oubli devant Dieu. Luc, xii, 6. Certains chrétiens oubliaient l’exhortation de Dieu à la patience. Heb., xii,

5. Dieu n’oublie pas leurs œuvres, Heb., vi, 10 ; cf. Eccli. , iii, 15 ; qu’eux-mêmes n’oublient ni l’hospitalité ni la bienfaisance. Heb., xiii, 2, 16. — 3. L’oubli peut encore marquer le renoncement inspiré soit par le devoir, comme quand l’épouse est invitée à oublier son peuple et la maison de son père, Ps. xlv (xliv), 11, soit par la grande affliction, comme quand l’homme durement éprouvé oublie de manger son pain, Ps. en (ci), 5, ou quand l’Israélite, après la ruine de Jérusalem, oublie le bonheur. Lam., iii, 17. — 4. L’oubli est aussi l’abandon. Jéhovah a fait oublier les solennités dans Sion. Lam., ii, 6. Judith, xvi, 23, livre le conopée d’Holoferne en anathème « d’oubli >>, d’après la Vulgate. Le êe’ôl est la terre de l’oubli, Ps. lxxxviii (lxxxvii), 13, et le sein maternel oublie le pécheur qui y est descendu. Job, xxiv, 20. La cité de Tyr sera oubliée durant soixante-dix ans. Is., xxiii, 15 ; cf. Sap., xvii, 3. — 5. L’oubli est même prêté aux animaux et aux êtres insensibles. L’autruche oublie ses œufs sous les pieds de ceux qui passent dans le désert. Job, xxxix, 17. Le pied des vivants oublie le chemin que suivent les mineurs, c’est-à-dire ne le suit pas. Job, xxvjn, 4. Le feu et l’eau ont oublié leur vertu naturelle pendant les plaies d’Egypte. Sap., xvij 23 ; xix, 19. (’"

3° L’oubli de Dieu par l’homme. — 1. JDieû a tout fait pour n’être pas oublié de son peuple, Sap., xvi, 11 ; Ps. ux (lviii), 12 ; et pourtant cet oubli coupable est fréquemment reproché à Israël. Ps. lxxviii (lxxvii), 7, 11 ; evi (cv), 13, 21 ; Deut., xxxii, 18 ; Jud., iii, 7 ; I Reg., xii, 9 ; Is., xvii, 10 ; li, 13 ; lxv, 11 ; Jer., iii, 21 ; xiii, 25 ; xviii, 15 ; xxiii, 27 ; Bar., iv, 8 ; Ezech., xxii, 12 ; xxm, 35 ; Ose., ii, 13 ; iv, 6 ; viii, 14 ; xiii, 6 ; I Mach., i, 51, etc. — 2. Nombreuses sont les exhortations à ne pas oublier Dieu, Deut., iv, 9, 23, 31 ; vi, 13 ; viit, 11, 19 ; xxv, 19 ; Ps. cm (en), 2 ; Prov., iii, 1, iv, 5, etc., et les

menaces contre ceux qui l’oublient. Job, viii, 13 ; Ps. ix. 18 ; l (xlix), 22. Il est prescrit de ne pas faire boire le roi, de peur qu’il n’oublie la loi de Dieu. Prov., xxxi, 5. Le méchant oublie cette loi. Ps. exix (cxvin), 139 ; le juste ne l’oublie pas^ Ps. exix (cxviii), 16, 6^83, 93, 109, 141, 153, 176, et il s’étonne parfois d’êlre éprouvé sans avoir oublié Dieu. Ps. xliv (xlhi), 18, 21. Israël, qui avait oublié son bercail, reviendra à Dieu pour une alliance qui ne sera jamais oubliée. Jer., L, 5, 6. — 3 Saint Jacques, i, 25, compare celui qui écoute la parole et l’oublie à celui qui se regarde dans un miroir et oublie ce qu’il y a vu. Le mauvais chrétien oublie de quelle manière il a été purifié. II Pet., i, 9.

4° L’oubli de l’homme par Dieu. — En principe, Dieu ne peut oublier sa créature que par un abandon volontaire ; il a pour elle des sentiments de bonté et de compassion. Dans sa miséricorde et sa justice, il n’oublie ni le cri du pauvre ni la clameur de l’ennemi. Ps. lxxiv (lxxiii), 19, 23. Le juste se demande parfois si Dieu ne l’a pas oublié. Ps. xm (xii), 1 ; xlii (xli), 10 ; xliv (xliii), 24 ; lxxvii (lxxvi), 10 ; Lam., v, 20. Dieu n’oubliera pas toujours les mauvaises actions de son peuple. Am., viii, 7. Il oubliera même Israël devenu infidèle, Jer., xxiii, 39, il l’abandonnera. Mais cet oubli ne sera pas définitif. Le malheureux ne sera pas toujours oublié et son cri sera entendu. Ps. ix, 13, 19. Jéhovah n’oubliera pas les affligés, Ps. x, 12, et surtout il n’oubliera pas Israël. Is., xliv, 21.

Sion dit : « Jéhovah m’a abandonnée,

Le Seigneur m’a oubliée ! »

Une femme oubliera-t-elle son nourrisson,

Sans pitié pour le fruit de ses entrailles ?

Quand les mères oublieraient,

Moi, je ne t’oublierai point ! Is-, xlix, 15.

H. Lesêtre.
    1. OUEST##

OUEST, point cardinal. Voir Occident.

    1. OURAGAN##

OURAGAN (hébreu : sôfdh, sa’ârâh, Sa’âvâh, sô’dh : Septante : xaTai-fî ? <ju<7{tek7u, 6î ; Vulgate : tenipestas, turbo), violente agitation atmosphérique produite par un vent furieux. Dans les immenses espaces, comme les grands déserts d’Afrique et d’Asie, des mouvements de l’air sont excités par l’élévation de la température et les variations de la hauteur barométrique. Les courants qui se forment alors, ne rencontrant aucun obstacle sur un sol sans relief, s’accélèrent jusqu’à atteindre une vitesse qui peut aller à 2 700 mètres par minute, soulèvent et ravagent tout sur leur passage. Quand un vent violent souffle ainsi sur mer ou sur une nappe d’eau assez étendue, il y cause une tempête. Voir Tempête. Sur terre, dans les pays chauds, ce vent violent s’appelle sirocco, khamsin, simoun, selon les contrées, ou la direction qu’il suit, et devient très funeste à la végétation et parfois aux êtres vivants.

I. Les ouragans dans la Bible. — 1° La neuvième plaie d’Egypte consista dans un formidable ouragan qui dura trois jours et couvrit le pays occupé par les Égyptiens de ténèbres si épaisses qu’on aurait pu les palper, si bien que les malheureux ne se voyaient pas les uns les autres et durent rester immobilisés à leur place. L’auteur de la Sagesse, xvii, 2-20, décrit cette plaie avec plus de détail. Il montre les Égyptiens « enchaînés tout à coup par les ténèbres, prisonniers d’une longue nuit, enfermés sous leur toit et étendus sur leur couche, retenus là comme dans une prison sans chaîne de fer ». Il parle du laboureur, du berger, de l’ouvrier, surpris dehors par le fléau et enchaînés par les mêmes ténèbres pendant que les serpents et les autres animaux, eux aussi frappés de terreur, font entendre leur voix effrayante. En même temps, les malheureux Égyptiens aperçoivent comme des fantômes et des spectres lugubres, des lueurs et des flammes qui les épouvantent, sans que rien puisse éclairer la sombre nuit dans la-