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1919
1920
OSÉE


des passages I, 7 ; ii, 1-3, 6, 8-9, 16-18, 20-25, ainsi que des mots « et David son roi », iii, 4. M. Nowack regarde aussi comme des additions postérieures les versets ou partie de versets énumérés ci-après, sans compter mainte expression isolée : iv, 6*, 11, 14 (la fin du verset), 15 a ; v, 3* ; vi, 11 ; vii, 4 ; viii, 1' ; ix, 9 (en partie, du moins) ; X, 3, 4, 5 ; xi, 3M1 ; xii, i>>, 4° >-7, 13-14 ; xiv, 10, etc. C’est bien aller « jusqu'à l’extrême », comme l’a reproché à bon droit au hardi critique A. B. Davidson, dans le Dictionary of the Bible, de Hastings, t. ii, p. 425). MM. Wellhausen, Prolegomena zur Geschichte Isræls, p. 417, et Skizzen und Vorarbeiten, t. v, 1892, p. 97 ; Stade, Geschichte des Volkes Isræls, t. i, p. 577 ; Cornill, Einleitung in das Alte Testant., p. 173, et dans la Zeitschrift fur alttestam. Wissenschaft, i$&l, p. 287-289 ; Schwelly, ibid., 1890, p. 227, et Oort, Theolog. Tijdschrift, 1890, p. 345 sq., 480 sq., l’avaient précédé dans cette voie, pour des motifs purement intrinsèques. MM. Marti et Harper, les plus récents commentateurs d’Osée, l’y ont suivi très largement. M. Marti, Dodekapropheton, v » partie, p. 2-10, distingue le livre original d’Osée, composé de la partie de beaucoup la plus considérable de l'écrit, et les éléments secondaires, ajoutés par une autre main ou même par plusieurs autres, M. Harper, Amos and Hosea, 1905, p. çlix et clx, établit une distinction analogue, et, de part et d’autre, les passages éliminés ne sont pas moins nombreux que ceux que signale M. Nowack. Mais c’est un savant juif, le D r Gratz, qui s’est avancé le plus loin sous ce rapport, Geschichte der Juden, t. ii, I re partie, 1875, p.93 sq., p.214sq., p.439sq., puisque, d’après lui, la seconde partie du livre, chap. rvxiv, aurait été tout entière faussement attribuée à Osée. Cela revient presque à nier l’authenticité du livre, puisque la majeure partie est enlevée au prophète dont elle porte le nom.

Ces critiques ont prétendu agir avec quelque méthode en faisant leurs suppressions multiples. Ils ont rejeté d’abord comme apocryphes tous les passages qui se rapportent au royaume de Juda et à la maison de David : par conséquent, Ose., i, 7 ; ii, 2 ; iv, 15 ; v, 5, 10, 12-14 ; vi, 4, 11 ; viii, 14 ; x, 11 ; xii, 1, 3. On a ensuite supprimé ceux qui décrivent les bénédictions temporelles dont jouira le nouvel Israël après sa restauration : notamment H, 15-25 ; iii, 1-5 ; v, 15-vi, 3, 5 h ; xi, 10-11 ; xiv, 2-10. Tout cela pour des motifs entièrement subjectifs, qu’il suffit presque d’exposer pour en démontrer l’inanité. D’après Cornill, l. c, « l’image qu’Osée se fait de l’avenir ne sa.it rien d’un roi messianique issu de la race de David ; il ne connaît que Jéhovah et Israël, sans aucune autre personne intermédiaire, y Stade, Geschichte des Volkes Isræls, t. i, p. 557, tient à peu près le même langage. Selon lui, l’idée qu’Osée se faisait de l’avenir différait, sur les points essentiels, de la manière de voir qui devint plus tard typique, grâce à Isaïe et à la conception qu’il s'était faite de la royauté ; on a donc cherché après coup à insérer cette conception dans les endroits où elle manquait. On nous apprend dans le détail comment cela eut lieu. Pendant ou même après la captivité de Babylone, un citoyen du royaume de Juda, lisant le livre d’Osée, le trouva trè conforme à ses propres idées sur la théocratie ; mais un point était incomplet : Israël ne pouvait revivre qu'à la condition de se réunir à Juda, ou plutôt de se soumettre d’une manière absolue à la royauté de Juda, et c’est uniquement à Jérusalem, au centre de la théocratie, que le Seigneur consentirait désormais à accepter des sacrifices. De là les interpolations indiquées.

Cette façon de raisonner a paru très justement contestable, subjective et arbitraire à de nombreux partisans de la critique biblique plus ou moins avancés. "Voir Kœnig, Einleitung in das Alte Testam., p. 309310 ; A. B. Davidson, dans le Dictionary of the Bible

de Hastings, t. ii, p. 425, et surtout Kuenen, Histor.kril. Einleitung, 2e édit., t. ii, § 67, n. 9, qui en ont démontré la grande faiblesse. Le mot « arbitraire » suffît pour la caractériser pleinement. Ceux qui attaquent si gravement l’intégrité du livre d’Osée commencent par dire : Il contient telles et telles idées ; mais ces idées n’ont été émises pour la première fois qu'à une époque postérieure, par Isaïe ou d’autres ; d’où il suit que les passages qui les expriment ont été ajoutés après coup. Chose facile à affirmer, mais que nos critiques sont incapables de démontrer, puisque le livre d’Osée est là, avec toutes les garanties extrinsèques et intrinsèques d’authenticité pour le détail comme pour l’ensemble, et que les passages relatifs soit à Juda, soit au glorieux rétablissement d’Israël, s’harmonisent fort bien avec le reste de l'écrit. Comme le dit M. Kœnig, Einleitung in das Alte Testament, p. 309-310, le prétendu citoyen de Juda par lequel on fait compléter le livre à l’avantage de ses propres compatriotes n’auraitil pas supprimé les prophéties d’Osée qui sont menaçantes pour eux, ou du moins ne les aurait-il pas transformées en oracles favorables ? D’ailleurs, par ellesmêmes, les allusions au royaume de Juda dans le livre d’Osée ne doivent pas plus exciter nos soupçons que celles qu’Isaïe fait, de son côté, au royaume d’Israël. Il est vrai que, çàet ]à, Juda est mentionné par Osée d’une manière assez abrupte, qui surprend (par exemple, v, 10) ; mais on doit avoir égard au genre brisé et saccadé du prophète. En outre, en maint endroit qu’on voudrait éliminer, les raisons particulières apportées pour la suppression ne démontrent absolument rien (voir le commentaire du P. Knabenbauer, passim) ; ou bien, d’autres passages, regardés comme authentiques, supposent et confirment ceux que l’on accuse d’avoir été interpolés. L’authenticité de ii, 6-7, est confirmée par v, 6, 15, et vi, 1 sq. ; celle de ii, 20, par v, 1, etc.

Quant aux raisons alléguées par Gratz, elles reviennent seulement à dire : 1° que les chap. i-m sont remplis de symbolismes, tandis que les chap. iv-xiv n’en contiennent presque pas ; 2° que, dans la première partie, la diction est beaucoup plus calme, tandis qu’elle est très ardente et brisée dans la seconde. Mais ces dissemblances, nous l’avons vii, étaient dans la nature même des choses, et M. Grætz a simplement montré que les deux parties du livre d’Osée diffèrent l’une de l’autre : ce que personne ne conteste. Voir Kuenen, (. c, n. 11-14. On peut donc conclure avec Davidson lui-même, An Introduction to Old Testament, t. iii, p. 236, « qu’Osée ait disposé les prophéties (du livre qci porte son nom) telles qu’elles sont à présent, on ne saurait en douter. »

VIII. Auteurs a consulter. — 1° Pour les questions préliminaires, voir Ch. Bruston, Histoire critique de la littérature prophétique des Hébreux depuis les origines jusqu'à la mort d’Isaïe, Paris, 1881, p. 82 sq. ; "Stanley, Lectures on Jewish Church, édit. de 1885, Londres, t. ii, p. 317 sq. ; *W. R. Smith, The Prop/iets of Israël, 2e édit., 1875, lect. iv, 2 ; *Lœwe, Beitrâge zum Verstândniss des Proph. Hoseas, 1863 ;

  • Duhm, Theologieder Propheten, Bonn, 1875, p. 126 sq. ;
  • B. Kueper, Das Prophetenthum des Alten Bundes,

Leipzig, 1870, p. 183 sq. ; *von Orelli, Die altestamentliche Weissagung, 1882, p. 254 sq. ; *W. Nowack, Die Zukunftshoffnung Isræls in der assyr. Zeil, dans les Theolog. Abhandlungen, 1902, p. 33-59 ; O. Procksch, Geschichtebetrachtung bei den vorexil. Propheten, 1902, p. 14-28, 118-134 ; *J. Meinhold, Studien zur ismelit. Religionsgeschichte, t. i, 1™ partie : Elias, Amos, Hosea, Jesaja, 1903 ; *P. Kleinert, Die Profeten Isræls in sociale^ Beziehung, Leipzig, 1905, p. 38-47. — 2° Pour l’explication détaillée, on peut consulter les auteurs suivants : A) Commentateurs catholiques. Dans l’antiquité, saint Èphrem, Opéra sy-