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OSEE


liaient à ce royaume : à l’est, Mispâh, v, 1 (d’après l’hébreu ; Vulgate, speculationi), et Galaad, vi, 8 ; xii, 11 ; à l’ouest, Jezrahel, i, 4, 5, 11 ; ii, 22, Rama, v, 8 ; rx, 9 ; S, 9, Béthel, sous le nom ironique de Bethaven, IV, 15 ; v, 8 ; x, 5, etc. ; Galgala, iv, 15 ; ix, 15 ; xii, 11, Sichem, Vi, 9, Samarie, vii, 1 ; viii, 5-6 ; x, 5, le Thabor, v, 1, le Liban, xiv, 6, 7, 8, etc. — 3° Ses allusions historiques sont aussi celles d’un homme parfaitement au courant de l’histoire contemporaine du royaume du nord. Il en connaît à fond l'état politique, moral et religieux : il parle des intrigues de la cour, des agissements égoïstes des grands et des prêtres, des défauts caractéristiques du peuple, à la manière d’un témoin, qui a contemplé de ses propres yeux tout ce qu’il décrit (voir ce qui sera dit plus bas du message d’Osée et de l’authenticité de son livre). Notez en particulier ce trait, VI, 10 : « Dans la maison d’Israël, j’ai vu une chose horrible. » Pour lui, le royaume d'Éphraïm est, ainsi qu’il le

nomme environ quatre fois, « le pays » (nnn) par anto T T

nomase, Ose., iv, 3, ou « le royaume de la maison d’Israël », I, 4. C’est presque uniquement ce royaume qui est l’objet de ses reproches, de ses espérances ou de ses profondes inquiétudes. Au contraire, il ne fait aucune mention directe ni de Jérusalem, ni du temple ; celles de ses allusions, d’ailleurs assez nombreuses, qui concernent le royaume de Juda (cf. i, 7, 11 ; iii, 5 ; iv, 15 ; v, 5, 10, 12-14 ; vi, 4, 11 ; viii, 14 ; x, 11 ; xi, 12 ; xii, 2) ne sont présentées qu’incidemment, de sorte que l’on sent, en les lisant, que cette contrée n'était pas la sienne, bien qu’il la regardât comme le vrai centre de la théocratie. Au reste, elles sont en général brèves et rapides. En somme, tout le long du livre nous voyons que l’Israël des dix tribus était à la fois la patrie chère au prophète et la sphère de sa propre activité. C’est donc à tort que Jahn, Einleitung, t. ii, p. 413, et Maurer, Comment, theolog., t. ii, pars 1, p. 291 sq., font de lui un citoyen du royaume de Juda (voir la réfutation détaillée de cette hypothèse dans Hengstenberg, Christologie des AU. Test., t. i, p. 183 sq., et dans Simson, Comment., p. 3 sq.) ; à tort aussi que Umbreit, Comment, uber die kleinen Prophet., p. 5, et Ewald, Die Prophet. des Alten Blindes, t. i, p. 118 sq., supposent qu’Osée, persécuté par ses compatriotes, aurait quitté son pays et se serait réfugié sur le territoire de Juda, où il aurait écrit ses oracles.

II. ÉPOQUE DU prophète Osée. — Si c’est lui qui ouvre, dans la Bible hébraïque, comme dans les Septante et dans la Vulgate, la liste des petits prophètes, cela ne veut pas dire qu’il soit le plus ancien de tous ; on lui a sans doute attribué le premier rang, parce que son livre a plus d'étendue que les autres. Amos, auquel il fait plusieurs emprunts, ainsi qu’on l’admet communément (cf. Ose., iv, 3, et Am., viii, 8 ; Ose., iv, 15, et Ara, , v, 5 ; Ose., v, 5 ; vi, 10, et Am., viii, 8 ; Ose., viii, 14, et Am., ii, 5 ; Ose., x, 4, et Am., vi, 13), devint prophète à une date antérieure et acheva plus tôt son ministère, quoiqu’ils aient été contemporains pendant quelque temps. Cf. Am., i, 1. Les premières lignes de la prophétie d’Osée, i, 1, nous font connaître d’une manière générale la période durant laquelle il exerça sa mission : ce fut « dans les jours d’Ozias, de Joatham, d’Achaz, d'Ézéchias, rois de Juda, et dans les jours de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël ». Or, cette période, d’après la chronologie antérieure à la découverte des monuments assyriens, correspondait aux dates suivantes : dans le royaume de Juda, Ozias ou Azarias, 810-759 avant J.-C. (Oppert, Salomon et ses successeurs, p. 99 : 809-758) ; Joatham, 759-544 (Oppert, 758-743) ; Achaz, 744-728 (Opperl, 743-727) ; Ézéchias, ' 728-699 (Oppert, 727-698) ; dans Israël, Jéroboam, c’est-à-dire Jéroboam II, troisième successeur de Jéhu, 825-784. Mais, évidemment, le. titre du livre ne signifie pas qu’Osée a prophétisé

depuis la première année de Jéroboam II, en 825, jusqu'à la dernière année d'Ézéchias, en 699 : des mots « encore un peu de temps et je visiterai le sang de Jezrahel sur la maison de Jéhu », Ose., i, 4, on conclut à bon droit qu’Osée’inaugura son ministère vers la fin du règne de Jéroboam II, qui fut Pavant-dernier prince de la dynastie fondée par Jéhu, et qu’il l’acheva au commencement du règne d'Ézéchias ; ce qui fait une durée d’environ soixante années. Pendant ce temps, notre prophète vit passer les rois éphémères qui se succédèrent sur le trône d’Israël peu après la mort de Jéroboam, au milieu d’une effroyable anarchie. Cf. IV Reg., xv, 8-31. Zacharie, fils et successeur de Jéroboam II, fut assassiné, après six mois de règne, par un usurpateur nommé Sellum, qui tomba lui-même, un mois plus tard, sous les coups de Manahem. Celui-ci se maintint sur le trône pendant dix ans, et eut pour successeur son fils Phacéia, qui ne régna que deux ans et qui périt assassiné par Phacée.Le dernier roi d’Israël fut Osée, homonyme de notre prophète, qui fut vaincu par le roi d’Assyrie Sargon, en 722. Cf. IV Reg., xvii, 1-6. C’en fut fait alors du royaume d’Israël, et il est possible que le prophète Osée ait été témoin de sa ruine, qu’il avait depuis longtemps annoncée.

De nos jours, il est vrai, on a réduit et rapproché de nous, dans des proportions notables, en s’appuyant sur la chronologie des monuments assyriens, la période qui correspond aux règnes mentionnés dans le titre de notre petit livre. Ainsi, pour nous en tenir à deux savants catholiques qui se sont particulièrement occupés de cette question, MM. Al. Schsefer, Die biblische Chronologie, Munster, 1879, p. 140, et B. Neteler, Zusammenhang der alttestamenll. Zeitrechnung mit der Profangeschichte, 2e fascic, 1885, p. 9, Ozias aurait régné de 789 à 757 (Schsefer), ou de 787 à 736 (Neteler) ; Joatham, de 757 à 741, ou de 736 à 721 ; Achaz, de 741 à 726, ou de 721 à 706 ; Ézéchias, de 726 à 685, ou de 706 à 679 ; Jéroboam II, de 790 à 750 (Neteler). Voir aussi Chronologie biblique, t. ii, col. 731. Mais, dans le cas même où cette transformation chronologique serait certaine, il resterait vrai qu’Osée a vécu et prophétisé durant une partie considérable du vme siècle avant J.-C. Personne ne songe à contester son ancienneté.

Ce qu’on a mis en doute depuis quelque temps, c’est l’exactitude et l’authenticité du titre du livre, en ce qui concerne les rois de Juda : d’un côté, parce que ces monarques étaient étrangers au royaume d’Israël ; d’un autre côté, parce que le règne de Jéroboam II, seul prince mentionné parmi les rois d’Israël, ne couvre pas, il s’en faut de beaucoup, la période qui correspond au gouvernement d’Ozias, de Joatham, d’Achaz et d'Ézéchias. D’où l’on a conclu, tantôt que la note chronologique placée en tête de l'écrit d’Osée est partiellement inexacte, tantôt (et ce cas est fréquent dans les plus récents commentaires de l'école dite critique) qu’elle a été amplifiée après coup par un scribe qui vivait pendant ou après la captivité babylonienne, et qui était désireux de montrer qu’Osée avait été contemporain d’Isaïe et de Michée. Comp. Ose., i, 1, avec Is., 1, 1, et Mich., i, 1. Le titre primitif aurait donc simplement consisté dans les mots : ? « Parole du Seigneur qui fut (adressée) à Osée, fils de Beéri, aux jours de Jéroboam, fils de Joas, roi de Juda. » Mais rien n’est plus arbitraire que de tels procédés, et « on peut affirmer qu’il n’a encore été produit aucun argument concluant, capable de mettre en doute l’exactitude historique » du titre. Reynolds, dans EUicott’s Old Testament Commentary, t. IV, p. 411. Sans doute, il est surprenant, à première vue, que Jéroboam II soit seul nommé parmi les rois d’Israël sous lesquels Osée prophétisa, surtout si l’on se rappelle que celui-ci a spécialement écrit pour le royaume du nord ; mais ce fait s’explique par la rapidité avec laquelle, pour la plupart, les successeurs de