Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée
175
476
LÉOPARD — LÈPRE


gonnages accomplissant des rites particuliers (fig. 50). Cf. de Rougé, Notice sommaire des monuments de la galerie égyptienne, Paris, 1872, p. 36, 38, 39, 44 ; Wilkinson, Manners and Customs, 1. 1, p. 181-182 ; Maspero, Histoire des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, 1. 1, p. 5355. Les léopards étaient chassés en Egypte, Wilkinson, Manners and Customs, t. ii, p. 90, et en Assyrie. Raw-’inson, Ancient monarchies, t. i, p. 223. Les Hébreux n’étaient pas assez grands chasseurs pour poursuivre de pareils animaux, et on ne voit nulle pari qu’ils aient utilisé les peaux de léopard comme vêtement ou ornement.

H. Lesêtre.
    1. LÈPRE##

LÈPRE (hébreu : sârâ’at ; Septante : XÉTrpa : Vulgate : lepra), maladie grave causée par la multiplication de bacilles spéciaux dans les tissus organiques (fig. 51).

I. Nature de la lèpre. — 1° Sa cause. — On a ignoré jusqu’en ces dernières années la cause déterminante de la lèpre. C’est seulement en 1873 que le médecin norvégien Hansen découvrit le microbe de la lèpre, le Bacillus leprse, et en 1881 que Neisser, de Breslau, trouva le moyen de le reconnaître et de l’étudier.

Lépreuse de Palestine d’après une photographie.

Ce bacille a la forme d’un petit bâtonnet, long de trois à sept millièmes de millimètre et épais d’un demimillième. Il est assez semblable d’aspect à celui de la tuberculose. Il se multiplie étonnamment dans le milieu qui lui est favorable. Les bacilles s’agglomèrent entre eux de manière à former des amas ou tubercules : ils fourmillent alors dans les tissus atteints et dans les liquides qui en découlent. Mais c’est seulement par exception qu’on les rencontre dans le sang ou dans les sécrétions des glandes. Ce microbe est spécial à l’homme ; il se montre absolument rebelle à la culture et il n’est pas inoculable aux animaux. Il faut même des circonstances particulières pour qu’il puisse être inoculé à l’homme naturellement ou artificiellement.

2° Conditions favorables à sa propagation. — La lèpre se rencontre sous tous les climats : elle sévit avec autant de violence en Norvège et dans les provinces baltiques que dans les îles équatoriales. Les pays à climat tempéré semblent cependant plus réfraclaires à ce mal que les contrées de froid ou de chaleur extrêmes. Le climat n’a donc qu’une influence restreinte sur la lèpre. L’alimentation en a bien davantage. On a constaté que

la lèpre est de beaucoup plus fréquente dans tes lies et sur les côtes maritimes que dans l’intérieur des continents. De sérieux observateurs en ont conclu que si le mal éprouve ainsi les populations ichthyophages, c’est qu’elles se nourrissent trop souvent de poissons plus ou moins en décomposition ou de salaisons avariées. On sait, d’autre part, que diverses affections cutanées sont fréquemment engendrées par l’usage des poissons, des crustacés ou des mollusques. De lait, la lèpre abandonne progressivement les îles Féroë, depuis une soixantaine d’années, c’est-à-dire depuis que les insulaires ont renoncé à la pêche et à l’usage de la chair de baleine pour se livrer à l’agriculture. Enfin, la misère paraît favoriser éminemment la propagation de la lèpre, à cause des conséquences qu’elle entraîne : malpropreté du corps, des vêlements, des habitations, insuffisance ou nature très malsaine de la nourriture, défaut absolu d’hygiène, etc. Aucune de ces causes, cependant, ne produit la lèpre par elle-même ; elles ne font que mettre le sujet en état de moindre ou de nulle résistance en face du bacille, s’il arrive jusqu’à lui. II faut en dire autant de l’hérédité ; elle ne transmet pas la lèpre, mais seulement les dégénérescences favorables au développement de la lèpre.

3° Ses caractères. — Les lésions de la lèpre n’atteignent d’abord que deux organes, les nerfs ou la peau. De là, deux variétés de lèpre, la lèpre des nerfs, appelée antonine ou anesthésique, et la lèpre de la peau, appelée léonine, noueuse ou tuberculeuse. Ce ne sont pas là, d’ailleurs, deux maladies différentes, mais seulement deux manifestations distinctes du même mal, qui souvent se succèdent et habituellement coexistent. — La lèpre tuberculeuse apparaît tout d’abord sous forme de taches pâles ou colorées de la peau, bientôt suivies depetites nodosités ou tubercules qui grossissent peu à peu et vont jusqu’à atteindre le volume d’une noix. Comme c’est surtout sur le visage que se multiplient ces tubercules, l’aspect du malade devient hideux parla ressemblance vague de sa face avec celle du lion, d’où le nom de « léonine » donné à cette forme de la lèpre. En même temps, les doigts se déforment et sont bientôt hors d’usage. Le lépreux peut demeurer en cet état pendant des années, avec des accès violents mais intermittents. À un moment, les tubercules remplis de bacilles dégénèrent en ulcères sanieux et fétides, qui vont en se multipliant ; les yeux sont rongés et se vident, les phalanges des doigts se détachent, parfois la main ou le pied tombent à leur tour, la bouche et le nez sont complètement rongés, le malade se sent consumer lentement, jusqu’à ce que les organes essentiels soient atteints et que le malheureux périsse soit par suffocation, soit par épuisement, soit par l’altération progressive de son organisme tout entier. — La lèpre nerveuse ou anesthésique complique quelquefois la précédente ou apparaît seule la première. Elle commence aussi parune tache sur la peau, puis des ampoules se forment et crèvent en laissant échapper un liquide répugnant. Des troubles graves se produisent dans la sensibilité et la motilité et le malade ne sent plus ce qui se passe dan » certaines parties de son corps. Par contre, il souffre, dans d’autres parties, des douleurs terribles et sans intermittence, qui peuvent durer même des années. Le » moindres contacts deviennent alors intolérables. Les mêmes phénomènes de destruction organique que dans la lèpre tuberculeuse se succèdent progressivement. Le malade ne peut plus se servir de ses membres, même pour porter ses aliments à sa bouche. De vastes ulcères les dénudent jusqu’aux os. En proie à une soif inextinguible, le lépreux tombe dans un marasme épouvantable et, devenu indifférent à tout, il passé ses jours assis ou couché, sans un mouvement, sans uné~ plainte, attendant la fin de son interminable agonie. Souvent, heureusement pour lui, l’épuisement, l’ulcération des voies-