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1879
1880
ORIGÈNE

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le Psaume i, Origène donnait une liste des écrits de l’Ancien Testament d’après les idées judéo-palestiniennes et la théorie rabbinique des vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu, égales en nombre aux vingt-deux Livres Sacrés. Cette liste nous a été conservée par Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 580 : cinq livres du Pentateuque, Josué, Juges avec Ruth, Samuel, Rois, Paralipoménes, Ezras comprenant les deux livres d’Esdras, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Isaïe, Jérémie avec les Lamentations et l'Épitre, Daniel, Ezéchiel, Job, Esther. « En dehors de ces livres sont les Machabées, intitulés en hébreu Sapgï)6 Sapêavè "EX. » La citation d’Eusèbe s’arrête là. Le nombre des livres énumérés n’est en réalité que de 21, les douze petits prophètes étant omis par inadvertance. La place de quelques-uns est remarquable : Daniel vient avant Ezéchiel parmi les prophètes et ces derniers coupent en deux la série des hagiographes. Mais il ne faut pas croire que ce catalogue, où se reflète la tradition judaïque, exprime la vraie pensée d’Origène relativement au canon. Il s’en tient pour sa part au canon alexandrin. Il cite comme Écriture le deuxième livre des Machabées, In Joa., xiii, 57, t. xiv, col. 509 ; Periarchon, H, I, 5, t. xi, col. 186, ainsi que Baruch, In Exod., homil. viii, 2, t. xii, col. 342, et l’Ecclésiastique, In Joa., xxxii, 14, t. XIV, col. 805. Dans sa lettre à Jules Africain, il défend expressément les parties deutéro-canoniques d’Esther et de Daniel et reconnaît que les églises se servent de Tobie : ce qui est pour lui une autorité décisive, malgré l’opposition des Juifs, t. xi, col. 80. Cf. Comment, in Boni., viii, 12, t. xiv, col. 1198 ; De orat., 11, t. xi, col. 448. Il fait également usage de Judith, t. xiii, col. 573, et l’appelle même Écriture, InJer., hom. xix, 7, t. xiii, col. 516. Enfin il emploie fréquemment le livre de la Sagesse tout en émettant parfois quelques doutes sur sa canonicité. Cf. In Joa., xxviii, 13, t. xiv, col. 712 ; Periarchon, iv, 33, t. xi, col. 407.

2° Nouveau Testament. — Pour l’inspiration et la canonicité, Origène met souvent le Nouveau Testament à côté de l’Ancien et au-dessus quant à la dignité. Sanday, Inspiration, Londres, 1896, p. 65, a prouvé par de nombreux exemples, contre Redepenning, Jùlicher et autres, qu’il n’est pas le premier à se servir de ce terme de « Nouveau Testament » mais qu’il est le premier à l’appeler « sacré » (îspâ) bien que son maître Clément ait l'équivalent ŒoTivEua-toç, Strom., vii, 16, t. IX, col. 544, et Théophile d’Antioche le synonyme âyio. Ad Autol., ii, 22, t. vi, col. 1088. Origène, In Jos., hom. vii, 1, t. xii, coU 857, énumére tous les Livres du Nouveau Testament, sans omission ni addition, à propos des trompettes de Jéricho : Sacerdotali tuba primus in Evahgelio suo Matthgsus increpuit. Marcus quoque, Lucas et Joannes, suis singulis tubis sacerdotalibus cecinerunt. Petrus etiam duabus Epistolarum suarum personat tubis. Jacobus quoque et Judas. Addit nihilominus adhuc et Joannes tuba canere per Epistolas suas et Apocalypsim, et Lucas Apostolorum Acla desa’ibens. Novissime autem Me (Paulus)… in quatuordedm Epistolarum suarum fulminans tubis, etc. Dans un passage rapporté par Eusèbe, H. E., vi, 25, et tiré du Prologue au tome v des commentaires sur saint Jean, Origène enlève quelques doutes sur la i/ a Pétri (Miav iitiazolrp ojioXoyoul*év7)v xaTaXéXotuEv. "E<ttm 8s xori Sevripav à|X916àXXeTai yâp) et sur la 2e et la 3e de saint Jean (KaTcxXéXoHre Si xat èj[(TtoXï)v îiâvv oXiftov uti'/wv * ëdTW Sk xai SsuTÉpav xai TpiT » )v Itià où irivTE ? çairi yv^si’ouc etvat), t. XIV, col. 188-189. Mais son but en cet endroit étant de montrer que les Apôtres ont très peu écrit, il devait réduire le plus possible le nombre des livres non contestés. Du reste, In Levit., hom. iv, 4, t. xii, col. 437, il cite' la i/ a Pétri sous le nom de Pierre, sans aucune hésitation ; il cite de même l'Épitre de Jacques, In Joa., xix, 6, et

celle de Jude, In Uatth., x, 17 ; xiii, 30. On connaît son opinion sur l'Épitre aux Hébreux : 'élle est de Paul pour le fond, mais un autre l’a rédigée. La tradition nomme soit Luc, soit Clément de Rome : Dieu seul sait ce qui en est, t. xiv, col. 1309 d’après Eusèbe, H. E. r vi, 25. Cf. Episl. ad Afric, 9, t. xiv, col. 68). Maisassez souvent Origène la cite sans réserve sous le nom de Paul. Il n’a jamais révoqué en doute l’origine johannique de l’Apocalypse. Il n’hésite pas non plussur l’ordre chronologique des Évangélistes : Matthieu, Marc, Luc, Jean. Cf. Comment, in Matth., t. xiii, col. 829 (passage conservé par Eusèbe, H. E, , vi, 25) ; Comment, in Joa., vii, 16, t. xiv, col. 256. Saint Jean le dernier en date est le premier en dignité, il forme les prémices (à^ap^r, ) de l'Évangile, t. xiv, col. 32. Le Nouveau Testament d’Origène est donc exactement 1& nôtre.

3° Apocryphes. — Dans son prologue au Commentaire du Cantique des cantiques, Origène se prononce fortement contre les apocryphes, quelque autorité que semble leur conférer l’usage qu’en ont pu faire les Apôtres : lllud tamen palam est, mulla vel ab apostolis vel ab evangelistis exempla esse prolata et Novo Teslamento inserta quæ in his scripturis, quas canonicas habemus, nunquam legimus, in apocryphis tamen inveniuntur et evidenter ex ipsis ostendunlur assumpta. Sed ne sic quidem locus apocryphis dandus est : non enim transeundi sunt termini quos slatuerunt patres nostri. Les Apôtres savaient discerner le vrai du faux et nous ne le pouvons plus. — Pour l’Ancien Testament les apocryphes suivants sont cités ou mentionnés : 1. Livre d’Enoch ; Contra Cels., v, . 54-55, t. xi, col, 1268 (èv tocîç 'ExxXyi<71<xic où Tiivy çÉpetai w ? 6eï : 0 ; Periarchon, I, iii, 3, t. xr, col, 148 ; iv, 35, t. xi, col. 409 ; In Num., hom. xxviii, 2, t. xii, col. 802 (sed quia libelli ipsi non videntur apud Hebrseos in auctoritate haberi…) ; In Joa., vi, 25, xiv, col. 273 (eî r » tpîXov itxpoi.Siytaftai oô ; âyiov t’o piêXiov).

— 2. Ascension ou Assomption de Moïse, Periarchon, III, ii, 1, t. xi, col. 303 (citée dans l'Épitre de Jude) ; In Jos., hom. ii, 1, t. xii, col. 834 (licet in canone non habealur). — 3. Ascension à" Isaïe : In Matth., x, 18, t. xiii, col ; 881 (apocryphe). — 4. Prière de Joseph : InJoan., ii, 25, t. xiv, col. 168 (apocryphe).

— Histoire apocryphe d'Élie ; In Joan., vi, 7, t. xiv, col. 224 ; In Matlh., ser. 117, t. xiii, col. 1769. — 6. Apocryphe de Jérénxie : Ibid. (videat ne alicubi in secretis Jeremise hoc prophetetur), à propos des trente deniers prédits par Zacharie, xi, 13, et non pas le Jérémie canonique comme semble le dire saint Matthieu, xxvii, 9.

Pour le Nouveau Testament nous trouvons mentionnés les livres extra-canoniques suivants. — 1. Le Pasteur d’Hermas est souvent cité avec éloge et presque égalé aux écrits inspirés. Periarchon, I, iii, 3, t. xi, col. 148 ; iv, 11, t. xi, col. 365 (év t<3 (itiô tivwv xata<ppovou[i.Évci> fkëXiw t<ô llotpévt) ; In Matth., xiv, 21, t. Mil, col. 1240 ; In Rom., x, 31, t. xiv, col. 1282 (quse. scriptura valde mihi utilis videlur et ut puto divinitus inspirata) ; In Joa., i, 18, t. xiv, col. 53. — 2. Clément Romain, Periarchon, II, iii, 6, t. xi, col. 194. — 3. Ép. de Barnabe, Contra Cels., l, 63, t. xi, col. 777 (y^psttai 6ï) èv T7) Bapviëa xaôoXix7J êthotoXtj). — 3. Évangiles apocryphes. Dans la première homélie sur saint Luc, t. xiii, col. 18Q3 (fragment grec, col. 1801), Origène a le mot célèbre : Ecclesia quatuor habet Evangelia, hsereses plurima, IïoXXoi (ièv o3v iT : e)(etp7)(T « v xaï xaxà Maôiav xa aXXa TcXetova' zà Se TÉrrapa |xâva Tipoxpt’xEi ? ! ©îb-j 'ExxXrjo-i’a. Parmi ces Évangiles, il cite en particulier l'Évangile selon les Égyptiens, l'Évangile des Douze, les Évangiles selon Thomas, selon Basilide et selon Matthias. Seul, l'Évangile des Hébreux est traité avec plus d’honneur. In Joa., ii, 6, t. xiv, col. 131. —