Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/965

Cette page n’a pas encore été corrigée
1873
1874
ORIGÈNE


gène à Césarée. 1. Vers 235 il céda aux instances de son ami saint Firmilien, métropolitain de Césarée en Cappadoce, qui le retint longtemps auprès de lui. S. Jérôme, De viris ill., ii, 54, t. xxiii, col. 665. Peut-être ce voyage coïncida-t-il avec la persécution de Maximin. Ainsi s’expliquerait le détail fourni par Pallade, Hist. Laus., 147, t. lxXiii, col. 1213, qu’Origène passa deux ans dans la maison d’une dame chrétienne de Césarée de Cappadoce nommée Julienne et y trouva les écrits du traducteur Symmaque. — 2. Vers 240 il se rendit à Athènes et vit à Nicomédie son ami Ambroise. Eusèbe, H. E., vi, 32. — 3. Vers la même époque il fut invité par les évêques réunis en concile à Bostra qui avaient condamné l’évêque de cette ville, appelé Bérylle, sans réussir à le convaincre. Origène fut plus heureux. Eusèbe, H. E., vi, 33. — 4. Entre 246 et 249 il gagna de nouveau l’Arabie pour réfuter et convertir certains hérétiques qui prétendaient qiie l’âme meurt avec le corps et ressuscite avec lui, Eusèbe, H. E., VI, 37. En outre ses lettres et ses écrits signalent sa présence à Jérusalem, à Jéricho, à Antioche, à Éphèse, etc. Le renseignement donné par saint Épiphane, Cont. hier., lxiv, 3, t. xii, col. 1073, qu’il aurait passé 28 ans à Tyr, est absolument controuvé. Origène mourut à Tyr, mais il y résida peu de temps. D’ailleurs 23 ans tout au plus s’écoulèrent entre son exil et sa mort.

2° Ouvrages composés à Césarée. — D’abord le commentaire sur saint Jean, à partir du livre VI. Au commencement de ce livre, Origène fait une touchante allusion aux tempêtes soulevées contre lui et au calme qui leur succéda. Pendant la persécution de Maximin, vers 235 ou 236, fut composée l’Exhortation au martyre adressée à Ambroise et à Protoctèle, prisonniers pour la foi. Origène écrivit ensuite son commentaire sur Isaïe. Pendant son voyage en Grèce, entre 238 et 244, il acheva son commentaire sur Ezéchiel et commença l’explication du Cantique des cantiques. À la même époque, il envoya de Nicomédie sa réponse à Jules Africain. Mais ses ouvrages les plus célèbres datent de sa vieillesse. Ce fut après l’âge de soixante ans, quand il eut autorisé les sténographes à recueillir ses homélies, Eusèbe, H. E., vi, 36, faute de temps pour les dicter, qu’il composa son Commentaire sur saint Matthieu en 25 livres, son Commentaire sur les petits Prophètes et sa réfutation de Celse (probablement en 248). Après la persécution de Dèce il n’écrivit plus que des lettres.

II. Principes d’exégèse. — Il ne sera pas inutile d’énumérer ici les principaux passages ayant trait à l’inspiration, au sens et à l’interprétation de l’Écriture, la plupart des critiques commettant la double faute de juger le système d’Origène sur des citations tronquées et sans tenir compte de sa terminologie. — 1. Textes conservés en grec : Periarchon, iv, 1-27, t. xi, col. 341402 ; Contra Cels., iv, 49-51 ; vii, 20, t. xi, col. 11081113, 1449-1452 (défense de l’allégorie scripturaire) ; In Matt., xv, 1-3 ; xvi, 12-13, t. xiii, col. 1253-1261, 1409-1417 (la lettre et l’esprit, avec application aux aveugles de Jéricho) ; In Joa., x, 2-4, t. xiv, col. 309316 (solution des antilogies). De plus les quatorze premiers chapitres de la Philocalie composés en très grande partie d’extraits d’ouvrages aujourd’hui perdus.

— 2. Textes conservés seulement dans une traduction latine. In Gen., hom. ii, 6, t.xii, col. 173-17* (les/trois sens) ; In Gen., hom. xvii, t. xii, col. 253-262 ; In Levit., hom. v, 1-5, t. xii. col. 447-456 (les trois sens) ; In Levit., hom. vii, 4-7, t. xii, col. 483-492 (le sens spirituel de la Loi) ; In Num., hom. IX, 7, t. xii, col. 632-633 (les trois sens) ; In Num., hom. xi, 1-3, t. xii, col. 640-647 (règles pour le sens spirituel de la Loi) ; In Is., hom. vi, 3-4, t. xiii, col. 240-243 (nécessité du sens spirituel) ; chap. vi de l’Apologie de saint Pamphile, t. xvii, col. 590-595 (l’Écriture se vérifie le plus souvent à la lettre).

I. inspiration DE L’ÉCRITURE. — Le fait même de l’inspiration est sans cesse affirmé. Les Livres Saints sont inspirés de Dieu (OiâinWTzoï, sfMiveuoroe) ; ils sont saints et sacrés ( « 71a (3tëXca, Upà YP a Vl iaTa) J 'k> sont divins (ôeïoi X.oyo : , 6eèa ypaçri, 6efa piëXîa ou yp4|iu.aTa). Inspiration et divinité des saints Livres sont pour Origène deux notions équivalentes : aussi a-t-il coutume de prouver l’inspiration par la divinité et il aime à prouver la divinité de l’Écriture par la divinité du christianisme. Le titre du quatrième livre du Periarchon est : riepl toO ôeoJTveûfftou tt, c 8e : occ rpa^ij ; et le but déclaré de l’auteur est de montrer que l’Écriture est divine (itïpi tô)V ypaf&v â>{ Osi’œv… ù( nspt Œi’iov ypap.p.à’ctov), Periarch. iv, 1, t. xi, col. 341-344 ; la conclusion est qu’en démontrant la divinité de Jésus on a démontré que les Écritures qui le prophétisent sont inspirées, . lbid., iv, 6, t. xi, col. 352, et Origène a bien confiance, d’avoir ainsi prouvé sa thèse (Meià zb eîpy)X£vai itepi. tou 6eo7tv£u<7tou ; elvat Tctç Ostaç Tpacpâç). Ibid., IV, S r t. xi, col. 356. Du reste l’équation divinité = inspiration se trouve énoncée ailleurs. Cf. In Num., hom. xxvi, 3, . t. xii, col. 774, etc. En résumé, d’après Origène, l’Écriture est inspirée parce qu’elle est la parole de Dieu et. l’œuvre 4e Dieu. Peut-être la meilleure définition des Livres sacrés est-elle qu’ils sont divins en tant qu’écrits par la grâce céleste (u>ç oùpotWw j(àpen âvaysypap.[isva, Periarch., iv, 6, t. xi, col. 352) ou qu’à la différencedes ouvrages humains ils sont le produit d’une motion spéciale de Dieu (flei’wv xa éx 9eo<popcaç àTiYiyyeXjiiviov, . Contra Cels., iii, 81, t. xi, col. 1028). — Quant au mode de l’inspiration, la question n’est pas traitée ex professa et il est difficile de tirer un système des indications répandues çà et là. C’est Dieu le Père qui est la source première de l’inspiration comme de tout le reste, mais c’est le Fils en tant que médiateur universel et c’est proprement le Saint-Esprit en tant que l’inspiration, , œuvre de sainteté et de salut, entre dans sa sphère spéciale. On reconnaît là le subordinatianisme au moins apparent d’Origène. La formule la plus caractéristique est celle-ci : Les Livres sacrés ne sont pas des ouvrages humains, ils ont été écrits par (iï, ) inspiration de l’Esprit-Saint, par (en grec datif) la volonté du Père universel, . par (811) Jésus-Christ : Mt) àvOpuljiwv eîvai<Tuyypâ[j.(iata Taç îepàç pi’ëXouç, àXX’i ir.mvoiai toû âyt’o’j IIveônaToc, (îou).fj}i.aTi tou IlaTpîx ; rùv oXwv, 81à’It)<toû XptaroO-raûta ; ôvayeypâçOat. Periarch., iv, 9, t. xi, col. 360. En vertu de cette théorie, l’Esprit-Saint parle directement, dans l’Écriture bien qu’elle soit aussi à un autre point de vue la parole et l’œuvre du Père et du Fils. Cf. Fragment. invct., hom. iv, t. xiv, col. 832. — Origène suppose toujours que le sujet de l’inspiration est saint et c’est une conséquence de ses idées sur l’habitation du Saint-Esprit. L’hagiographe est rempli du Saint-Esprit et voilà ce qui constitue principalement son inspiration, laquelle est surtout, au gré d’Origène, une illumination, de l’intelligence. Contra Cels., 1, 48, t. xi, col. 749.Mais le catéchiste alexandrin s’élève partout avec vigueur contre la théorie qui assimile les prophètes aux devins, et leur attribue la fureur sacrée (jiavta) dont ces derniers étaient possédés. Il ne repousse pas avec moins de force l’extase prophétique des monlanistes. Tout mouvement désordonné du corps et tout état anormal de l’âme, indignes du Dieu inspirateur, manifestent la présence des esprits mauvais.

II. les trois SENS DE l’écriture. — L’exposition la, plus complète du triple sens scripturaire se lit dans le Periarchon, iv, 11-22, t. xi, col. 364-392, dans l’homélie v, 1 et 5, sur le Lévitique, t. xii, col. 447 et 455, et. dans l’homélie xi, 1-2, sur les Nombres, t. xii, col. 641645. « L’homme se compose d’un corps, d’une âme et d’un esprit : de même l’Écriture octroyée par Dieu pour le salut des hommes : "Q<rjiep & ov8p<nno ; <Tuvécr/)XEv ex (TiinaToc xal « C’JX’i » xa’nvrjjjiaTo ; , tov avrbv tpéirov xoù.

£’: