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ORIENTAUX — ORIGÈNE

1870 « temps les plus fécules en leur constante possession.

C’est la partie désignée simplement dans les Livres Saints sous les noms de « disert ». Cf. Jos., i, 4 ; IPar., v, 9 ; II Par., vnl, 4 ; Judith ii, 13 (grec, 23) ; Job, i, 19 ; Jer., xxvii, 24. Cette contrée les Grecs et les Romains l’appelèrent « l’Arabie déserte » et elle est connue aujourd’hui sous celui de Hamâd ou de Badiét éS-Sâm, « le désert de Syrie, » auquel il faut ajouter la région désignée du nom (Je Sammar avec la partie septentrionale du bedjed, s’étendant environ du 26° degré de latitude nord au 36° degré et du 36° de longitude orientale de Paris au 48°, ou d’Alep au Hedjâz et au Nedjed, et du chemin du pèlerinage musulman de Damas à la Mecque jusqu’à l’Euphrate et aux abords du golfe Persique. Ce territoire embrasse un espace à peu près double de celui de la France et de près d’un million de kilomètres carrés de superficie.

III. Relations des dèhè-qédém avec les Israélites.

— Abraham et Jacob, dans leur voyage de Mésopotamie à Chanaan, durent traverser une grande partie de la terre des benê-Qèdém. Ces patriarches, pasteurs et nomades vivant sous la tente, avec leurs chameaux et leurs troupeaux, ils durent être considérés comme des frères à la recherche de pâturages. Cf. Gen., xii, xxiv, xxxi. — Moïse fuyant de l’Egypte fut bien accueilli par le prêtre pasteur de Madian. Exod., ii, 15-21 ; xviii ; Num., x, 29-32 ; I Reg., xv, 6. — Les Amalécites avaient inauguré contre Israël les hostilités qui devaient être l’état presque constant entre le peuple de Dieu et les tribus du désert, en attaquant la caravane des fils d’Israël se dirigeant vers le Sinaï. Exod., xvii, 8, 16 ; Deut., xxv, 17-19. La même tribu, avec les Madianites, est à la tête de tous les benê-Qédem, dans la campagne d’incursion qu’ils .poursuivent pendant sept années sur le territoire d’Israël, jusqu’à ce que Gédéon, suscité par l’Ange de Dieu, y mette fin par l’extermination des guerriers orientaux. Jud., vi-vm. Voir Gédéon, t. iii, col. 146. La première expédition de Saùl, après avoir brisé l’orgueil des Philistins à Machmas, fut de se porter au désert entre Hévila et Sur, pour y exercer la vengeance du Seigneur et y poursuivre Amalec jusqu’à l’extermination. I Reg., xv. Vers la même époque, les Israélites dé la Transjordane attaqués par les tribus de l’est, les Agaréens, les Ituréens, Naphis et Nadab, s’unissent pour marcher contre eux. Ils les vainquirent.’en firent un terrible carnage, s’emparèrent de tous leurs troupeaux et des personnes qui restaient et 6’établirent à leur place dans toute la partie du désert qui est en face de Galaad. Ils en jouirent ainsi jusqu’à leur déportation en Assyrie, au temps d’Achaz, roi de Juda. I Par., v, 8-22. David, en soumettant tous les pays jusqu’à l’Euphrate, II Reg., viii, 12, 14, et I Par., xviii, 3, 11-13, comprit dans son em.pire la terre des benê-Qédem. Amalec et Édom sont spécialement inscrits, ibid., parmi les peuples tributaires, ou les* pays où le roi établit des garnisons. Les meilleures relations s’établirent entre les fils de l’Orient et le successeur de David, leur suzerain. Leurs rois lui apportaient en abondance l’or et l’argent. III Reg., IV, 30 (hébreu, v, 10), 34 ; x, 1, 15 ; cf. iv, 24 [hébreu, v, 4) ; II Par., ix, 1, 14 ; Eccli., xlvii, 17-18. — Aujourd’hui encore Salomon est souvent le sujet des entretiens des fils du désert et l’objet de leur admiration. — On les trouve ensuite soumis au roi Josaphat à qui ils servent un tribu en nature de 700 béliers et autant de boucs. II Par., xvii, 11. Cette déférence était sans doute particulière à quelques tribus du sud et transitoire, car les Orientaux n’avaient pas dû négliger l’occasion du schisme entre lsraèl et Juda, pour reprendre leur indépendance. De fait, on les voit ordinairement disposés à continuer leurs incursions sur le territoire de leurs voisins, comme au temps des Juges, ou alliés à leurs ennemis. Ps. lxxxii, 6-8 ; IV Reg., -XXiv, 2 ; II Par., xx, 10 ; xxi, 16-17 ; xxii, 1 ; xxvi, 7 ;

II Esd., ii, 19 ; iv, 1-8 ; vi, 1-16 ; I Mach., v, 39 ; xii, 31. Judas Machabée ayant rencontré, près de Jamnia, un groupe de cinq mille nomades, NojjujiScî, avec cinq cents cavaliers, alliés des Gréco-Syriens", et les ayant battus, ils implorèrent la commisération du héros et lui demandèrent de faire alliance avec lui, s’engageant à luTpayer un tribut en bétail et à lui prêter leur concours. Considérant les avantages qu’il pouvait retirer d’eux, Judas accepta la proposition ; l’alliance fut conclue et les nomades retournèrent à leurs campements. II Mach., xii, 10-12.

IV. Les Orientaux dans les prophètes.— En portant leurs regards sur les peuples entourant la terre d’Israël, les prophètes ne pouvaient manquer de les arrêter sur les fils de l’Orient. Leurs prophéties concernant les habitants du désert semblent avoir en vue deux périodes^ la période contemporaine ou voisine et les temps messianiques. Les prophéties d’Isaie regardant Duma, xxi, 11-12, celle contre l’Arabie, ibid., 13-17, où sont visées spécialement les tribus de Dadan, Théma (hébreu) et Cédar, paraissent faire allusion aux attaques que ces groupes eurent à subir de la part des Assyriens. Le livre de Judith mentionne brièvement quelques-unes de ces attaques, i, 8 ; H, 13 ; nr=, .14. Jérémie reprend les mêmes prédictions, mais pour la partie qui sera accomplie par les Chaldéens et Nabuchodonosor. Il s’adresse aussi à Dadan et à Théma et il leur adjoint Buz et tous ceux qui ont la chevelure coupée en rond, à tous les rois des Arabes et de l’Arabie et à tous ceux qui habitent le désert, xxv, 23-24 ; cf. ix, 26. « Pour Cédar et le royaume de Hazor, » le prophète a une mention spéciale, xlix, 28-33.

Les documents assyriens et l’histoire depuis le IXe siècle au VIe avant Jésus-Christ, sont en quelque sorte le commentaire de ces prophéties. Voir Arabie, Histoire, 2° et 3°, t. i, col. 864-866, Cédar, t. ii, col. 359360 ; Dadan, col. 1203 ; Asor 5, t. i, col. 1110, et Théma. Ézéchiel présente, xxvii, 15, 20, 22, les fils de Dadan, Cédar et toute l’Arabie en pleine prospérité dans leur commerce avec Tyr, et sa prophétie annonce le développement territorial des fils de l’Orient, qui seront l’instrument de Dieu contre Ammon et Moab, Séir ou Edom. Ezech., xxv, 1-11. Voir Ammonites, t. i, col. 498 ; Moab, col. 1171-1177 ; Nabuthéens, col. 1446.

V. Bibliographie. — Maçoudi, Les prairies d’or, arabe et français, édit. Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, 8 in-8<’, Paris, 1861-1864, t. i, ch. xxxviixxxviii ; t. iii, p. 78-114 ; Ed-Dimisqy, Cosmographie, édit. M. A. F. Mehrer, in-4°, Saint-Pétersbourg, 1866, 1. IX, p. 246-255 ; S. 0. Kley, The history of the Saracens, 3 8 édit., 2 in-4°, Cambridge, 1754 ; Gust. Le Bon, La civilisation des Arabes, in-4°, Paris, 1884 ; Elisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, t. IX, L’Asie antérieure, c. vi, Arabie, Paris, 1884, p. 827-928, et les ouvrages indiqués à Arabe, t. i, col. 835.

L. Heidet.

    1. ORIGÈNE##

ORIGÈNE (’QpiYÉvï) ; ). Par le nombre et l’importance de ses écrits, par l’impulsion qu’il donna à la science biblique, comme chef du Didascalée d’abord puis de l’école de Césarée, par l’influence prodigieuse qu’il exerça sur les écrivains ecclésiastiques des âge » suivants et aussi par les controverses dont il fut l’objet, Origène occupe une place unique dans l’histoire de l’exégèse. Nous n’avons à parler ici que de l’exègète.Il ne sera donc question, si ce n’est en passant, ni du théologien, ni de l’apologiste, ni du prédicateur, ni du critique. Voir Hexafles, t. iii, col. 689-701.

I. Biographie sommaire et chronologie des œuvres.,

— I. onioÈNE À Alexandrie. — 1° Points de repère. — La source principale pour la biographie d’Origène est le sixième livre de l’Histoire d’Eusèbe, t. xx, col. 521-601. Celui-ci, avec la collaboration de saint Pamphile, avait composé en six livres l’Apologie de son héros ; il avait réuni plus de cent de ses lettres et il possédait à Cé 1, -.