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ORIENTAUX


réservait l’héritage de la Terre Promise, en leur remettant une part de ses troupeaux et de ses autres richesses, Gen., xxv, 6, et les envoyait à la terre d’Orient, il ne leur désignait sans doute pas d’autre pays que celui où l’histoire montrera constamment les descendants d’ismaêl et les diverses tribus descendues ou nommées des enfants de ces deux femmes du patriarche, la région eu n’ont cessé de se tenir les nomades communément sémites, à l’est du pays de Chanaan. Le territoire le plus éloigné où la Bible nous fait voir « les fils de l’Orient » est le district mésopotamien de Paddan-Aram, au nord-est de Chanaan, sur la rive gauche de l’Euphrate, où s’était développée la descendance d’Aram et où se trouvait la famille de Nachor, frère d’Abraham :

492. — Bédouin oriental.

D’après une photographie de M. L. Heidet.

c’est là « la terre des fils d’Orient », ’érés benê-Qédéni, où vécut Jacob, quand il fut obligé de s’éloigner de Chanaan, pour se soustraire au ressentiment de son frère Ësaii. Gen., xxix, 1. On retrouve les fils de l’Orient descendants d’Aram avec Job, le plus grand parmi tous les benê-Qédém, dans la terre de Hus, Job, I, 3.

2° Caractère des Orientaux. — Les auteurs sacrés ne semblent pas attacher au nom benê-Qédém uniquement la signification d’  « habitants de la région orientale », en rangeant parmi eux les Amaléciles et les Madianites qui habitaient au sud du pays d’Israël, ils indiquent qu’ils lui attribuent un sens plus étendu. Ont-ils entendu dire aussi « le peuple ancien », signification comportée par l’étymologie du nom et à cause de leur antiquité relative et à cause de leur genre de vie qui paraît celui des peuples primitils ? Rien dans l’Écriture ne l’indique positivement. Ce qui est certain c’est que le bén-Qédém est, parmi les fils d’Adam, un homme de caractère et de mœurs spéciales : c’est l’habitant du désert adonné à la vie pastorale, vivant sous la tente qu’il transporte à son gré, se servant dans ses voyages et ses courses, ses guerres et ses razzias qui sont une partie de sa vie, do chameau pour monture, et toujours armé de l’arc, en un mot, c’est le nomade scénite des écrivains classiques, le Bédouin d’aujourd’hui, dont l’appellation plurielle et collective est el-Arab, nes Arabes, ». le même nom qui dans la Bible est le synonyme le plus ordinaire, le plus général de benê-Qédém. Cf. Gen., xvi, 12, xxxiii, 25 ; Exod., ii, 16-17 ; iii, 1 ; Num., xxxi, 9 ; Jud., vi, 5 ; viii, 11, 21 ; 1 Reg., xv, 15 ; I Par., v, 10 ; xxvii, 30 ; H Par., xvii, 11 ; xxi, 16, xxii, 1 ; Job, i, 3 ; Cant., 1, 4 ;

Is., xiii, 20 ; xxi, 13, 17 ; Lx, 6 ; Jer., xxv. 23-24 ; xlviii, 28-29 ; Eæch., xxvii, 21. Voir Arabe, t. i, col. 828.

II. Géographie. — Étendue et limites de la terre des benê-Qédém. — Le pays des Orientaux, d’après les indications précédentes, comprenait toute la Contrée s’étendant depuis Harran et la Mésopotamie, jusqu’à et y compris le pays des Madianites au sud, situé sur le rivage de la mer Rouge, et depuis le désert de Sur et les pays de Galaad et de Basan à l’ouest, jusqu’à l’Euphrate à l’est. Ce fleuve qui paraît être la frontière la mieux déterminée de ce territoire, ne l’est cependant pas en tant que limite précise et extrême, puisque les bénê-Qédém occupent la Mésopotamie sur la rive gauche ou orientale, au moins dans la partie la plus septentrio-’nale. S’il était possible d’assigner des bornes fixes à la

493. — Bédouin oriental.

D’après une photographie de M. L. Heidet.

Mésopotamie, aucune indication certaine ne le permettrait pour la partie de la rive droite. Au sud, faut-il considérer le Néged actuel comme contrée laissée aux tribus orientales ou déjà comme district de la terre de Ku$ ou d’Ethiopie ? Le nom de Hénathia que l’on trouve aujourd’hui attaché à une région du Néged et qui rappelle celui d’Hénoch, petit-fils de Céthura, permet du moins d’attribuer la partie septentrionale de ce district aux fils de l’Orient. La frontière occidentale dut être d’une constante mobilité ; le désert de Sur qui marque de ce côté la limite du territoire occupé parles fils d’Ismaël, se trouva possédé tantôt par des peuplades recensées parmi les benê-Qédém, comme les Amalécites, tantôt par d’autres qui en paraissent exclues. Si nous les trouvons, avec les Madianites, dans les pays de Moab et de Séhon, l’occupation de cette dernière contrée par les Israélites les fera reculer plus à l’orient. Il en sera de même au pays de Basan et sans doute sur tout le périmètre de la terre des benê-Qédém, quand les populations qui les entourent sont assez fortes pour leur faire respecter les bornes qu’elles se sont posées. Quand au contraire elles sont affaiblies, les benê-Qédém les débordent soit pour occuper simultanément les terres limitrophes dans lesquelles ils s’avancent plus ou moins, soit pour en faire leur domaine exclusif, comme il est arrivé pour tout le pays de Galaad, la vallée même du Jourdain et aux régions au sud d’Hébron, à la captivité de Babylone et depuis les croisades jusqu’à nos jours. La plus grande partie des contrées où nous voyons circuler les bénê-Qédém peut cependant être considérée comme leur terre propre, elle demeure dès les