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LENTULUS — LEOPARD

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cité les autres écrits apocryphes connus de leur temps. On la trouve, comme nous l’avons dit plus haut, dans la Vita Jesu Christi de Ludolphe le Chartreux et dans l’Introduction aux œuvres de saint Anselme de Cantarbéry (1033-1109), où elle est accompagnée d’un portrait graphique de la Sainte Vierge. Cette introduction comme la. Vita Jesu Christi sont du xv « siècle. La lettre de Lentulus y a été jointe, mais elle n’y pas été mise par saint Anselme, et elle n’est pas l’œuvre de Ludolphe. Laurent Valla (1406-1457) est le premier écrivain connu qui ait fait mention de cette pièce, en la déclarant apocryphe, dans sa célèbre dissertation De falso crédita et ementita Constantini donatione declarnatio, composée vers 1440. "Voir ses Opéra, in-f », Bâle, 1540, p. 786. Le manuscrit d’Iéna qui contient VEpistola Lentuli porte à la fin ces mots : « Explicit Epistola Jacobi de Columpna, anno Domini 1421 reperit eam in annalibus Romæ in libre antiquissimo in Capitolio ex dono Patriarchae Gànstantinopolitani. » Si l’on peut s’en rapporter à cette note, la lettre aurait donc été envoyée de Constantinople au xve siècle, comme présent à la cour romaine et un Jacques Colonna, de l’illustre famille de ce nom, l’aurait trouvée en 1421 au Capitole et insérée dans les Annales de Rome. Mais le patriarche de Constantinople n’avait pu envoyer en Italie que des manuscrits grecs et’le premier auteur de VEpistola Lentuli dut s’en servir nour la composer. Sa parenté avec le portrait tracé par Nicéphore est incontestable : l’un et l’autre, ont puisé à dès sources communes. D’après E. von Dobschiitz, Christusbilder, p. 330**, elle est probablement pour le fond d’origine grecque, mais elle a été rédigée en latin, en Occident, au XIIIe ou au xiv » siècle ; elle a reçu de quelque humaniste du xve ou du xvie siècle la forme nouvelle sous laquelle elle s’est répandue partout dans l’Église latine. Quant au type décrit, Wilhelm Grimm constate sa conformité, pour tous les points essentiels, avec le portrait Nie Notre-Seigneur, qui porte le nom d’Abgar (voir Abgar, t. i, col. 31), et qu’il reproduit en oouleur tel qu’il est conservé au Vatican. Christusbilder, dansses Kleinere Schriften, édit. G. Hinrichs, 8 in-8°, Giitersloh, 1881-1890, t. iii, p. 171, 183, et dans les Abhandlungen der Akademie zu Jierlin, Plril., 1842, pi. et p. 150, 161. Ce portrait est aussi reproduit en couleur dans L. Glùckselig, Studien ûber Jésus Christus. Voir Jésus-Christ, fîg. 264, t. iii, col. 1423. — Frédéric Mlinler, Die Sinnbilder und Kunstvorstellungen der alten Ckristen, in-4°, Altona, 1825, p. 9, fait remonter à torti VEpistola Lentuli jusque vers l’époque de Dioctétien. « Telle que nous la possédons enjatin, dit F. X. Kraus, Real-Encyklopàdie der christlichen Alterthûmer, t. ii, 1886, p. 16, … elle ne peut être considérée que oomme un écho des siècles précédents. Je puis affirmer quelle est certainement traduite du grec, comme paraissent le démontrer aussi les diverses recensions, et qu’elle remonte à la même source où ont puisé saint Jean Damascène, le Livre des peintres (du mont Athos) et’Nicéphore Calliste : l’accord, malgré certaines divergences, est, en plusieurs endroits, littéral. » Portraits points et portraits écrits ont ainsi une commune origine : ils-ne nous font pas connaître d’une manière authentique le Sauveur tel qu’il a été, mais ils nous le montrent tel 1 que se l’est représenté la piété des fidèles.

V. Bibliographie. — Michel Neander, Apocrypha, BMë, 1567, p. 410 ; J. J. Grynæus, Monumenta S. Palruni orthodoxographa, in-f », Bâle, 1569 ; Jor. Reiskius, Exercitationes historicmdeimaginibusJesu Christian, ih-4° 3 Iéna, 1685 ; Christophe Mylius, Memorabilia bibiiothecœ académies Ienensis, in-8°, Iéna, 1746, p. 301 ; J. Aîlb. Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, 2>édi, Hambourg, 2 in-8°, 1719, t, i, p. 391*-3Q2* ; François’Vavasseur, S. J., Déforma Chrhti dum viveret in terris, in-8°, Paris, 1648 ; Rostock, 1666, et dans ses Opéra omnia. in-f », Amsterdam, 1709, p. 317-341 (ne

parle pas de la lettre de Lentulus) ; N. Rigault, De pulchritudine corporis D. N. Jesu, Christi, à la fin de son édition des Opéra S. Cypriani, in-f », Paris, 1649, p. 235-246 ; Pierre Pijart, De singulari Christi Jesu D. N. Salvatoris pulchritudine, assertio, in-12, Paris, 1651 ; J.-B. Carpzov, Programma : de oris et corporis Jesu Christi forma Pseudolentuli, Joannis Damasceni ac Nicephori prosopographise, in-4°, Helmstadt, 1774 ; J.’Ph. Gabier, In aulhentiam epistolæ Publii Lentuli, ad Senatum romanum de Jesu Christo scriptse, deux programmes de 1819 et 1822 ; (G. Peignot, ) Recherches historiques sur la personne de Jésus-Christ, sur celle de Marie, in-8°, Dijon, 1829, p. 11-32 (il reproduit, p. 96130, avec quelques additions, la Dissertation de dom Calmet sur la beauté de Jésus-Christ) (Bibliothèque Nationale, Réserve, H 2068 A) ; Grimouard de Saint-Laurent, Guide de l’art chrétien, t. ii, Paris, 1873, p. 205-289 ; H. Detzel, Christliche Ikonographie, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1894-1896, t. i, p. 76 ; Didron, Iconographie chrétienne, Histoire de Dieu, in-4°, Paris, 1843, p. 251 (déclare avec raison la lettre de Lentulus apocryphe, mais la tait remonter à tort aux « premiers temps de l’Église » ) ; W. K. Grimm, Die Sage von Ursprung der Christusbilder, Berlin, 1843, et dans les Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, Philolog., 1842, p. 160-161 ; Legis Glùckselig, Studien ûber Jésus Christus und sein wahres Ebenbild, in-4°, Prague, 1863, p. 82^91 ; Ad. Harnack, Lentulus, dans Herzog, Real-Encyklopâdie ; 2e édit., t. viii, 1881, p. 548 ; F. X. Kraus, Real-Encyklopâdie des christlichen Alterthùmer, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 18821886, t. ii, p. 16 ; E. von Dobschûtz, Christusbilder (Texte und Vntersuchungen, t. xviii), Leipzig, 1899, Beilagen, p. 308**-329* F. Vigodroux,

    1. LÉOPARD##

LÉOPARD (hébreu : ndmêr, le nimru assyrien et le nim’r des Arabes ; chaldéen : nemar ; Septante : TOcpSaX’. ;  ; Vulgate : pardus), carnassier du genre Chat, long de 1 mètre à l m 50, haut de m 60 à 0°>80, et pourvu d’un long pelage jaune sur le dos, blanc sur le ventre, avec des taches noires groupées circulairement en

Felis Leopardus.

forme de roses sur tout le corps. C’est le Felis leopardus ou Leopardus varius des naturalistes (fîg. 48). On l’a souvent confondu, surtout dans l’antiquité, avec la panthère, Pardalis, qui a beaucoup de ressemblance avec le léopard, mais s’en distingue par une taille en général moins grande, - des taches plus larges et moins rapprochées et quelques détails anatomiques.’Au même genre appartiennent d’autres carnassiers qui diffèrent peu des précédents : le guépard, felis jubata, ou tigre des chasseurs, le chetah des Arabes, plus élancé que la