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LENTISQUE — LENTULUS

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II. Exégèse. — 1° Le lentisque n’est mentionné qu’une fois dans la Bible, dans la partie deutérocanoniqué du livre de Daniel, qui raconte l’histoire de Susanne.

K A

46. — Pistacia lentiscus. Rameau et fleur mâles. Fleur grossie.

Cuand Daniel demanda à l’un des vieillards accusateurs de Susanne sous quel arbre il l’a vue commettre le crime, il répondit, xiii, 54 : « sous un lentisque, » Oirb cxïvov. « Tu mens pour ta perte, s’écria Daniel, car l’ange de Dieu qui a déjà reçu l’arrêt divin est prêt à te fendre par le milieu, oyjtni. » On a souvent mis en avant ce jeu de mot du texte grec, pour nier l’existence

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— Pistacia lentiscus, rameau femelle avec fruits. Fleur femelle grossie.

d’un original sémitique de cette partie deutérocanoniqué, le même jeu de mots ne pouvant s’y retrouver exactement. Origène, Epist. ad Africanum de historia Susannx, t. XI, col. 61, répondait déjà que dans l’ignorance où l’on est relativement au nom hébreu de cet arbre, onne pouvait pas se prononcer ainsi contre l’authenticité d’un original hébreu. On peut ajouter qu’en sup posant un original chaldéen, il serait facile de retrouver le même jeu de mots, avec NpriDS, pisfeqâ’, nom araméen du lentisque, et le verbe pesaq, pDS, « couper en deux. » Ainsia traduit une des versions syriaques. Du reste, le traducteur grec a bien pu ne pas conserver les mêmes noms d’arbres, si la paronomase n’était plus possible avec eux, et y substituer d’autres noms qui lui permettaient un jeu de mot équivalent. On peut voir des exemples nombreux dans Welte, Specielle Einleitung in die deuterocanonischen Bûcher des alten Testament, 1844, p. 248 ; Wiederholt, Die Geschichte Susanna, dans la Tùbing. Quartalschrift, 1869, p. 296-308 ; Vigouroux, Mélanges bibliques, 2 B édit., Paris, 1889, p. 477-4E3.

2° Plusieurs exégètes et naturalistes regardent la résine du lentisque, connue sous le nom de mastic, en arabe mastaka, comme le son, Gen., xxxvii, 25, cette résine odorante que les marchands ismaélites portaient en Egypte. Plus communément on voit dans le son la résine du Pistacia Terebinthus. Il est vrai que les Arabes ont souvent confondu le lentisque et le térébinthe sous e même nom » -è>, dirû, nom qui a une certaine analogie avec le sôri hébreu. Voir Résine.

E. Levesque.

    1. LENTULUS Publius##

LENTULUS Publius, personnage imaginaire auquel on a attribué une lettre apocryphe décrivant la personne de Notre-Seigneur. Il est censé avoir été gouverneur de la Judée, avant Ponce Pilate, et avoir écrit la lettre qui suit au Sénat romain.

I. Lettre de Lentulhs. — « Lentulus, gouverneur (presses) des Jérosolymitains, au sénat et au peuple romain, salut. » Ce préambule ne se lit pas dans tous les textes. Voici maintenant le texte de la lettre même d’après E. Dobschiitz, Christusbilder, Beilage viii, Leipzig, 1899, p. 319° : « Il a paru en ces temps-ci, et il vit encore, un homme d’une grande puissance (virtutis), appelé Jésus-Christ. Les peuples l’appellent prophète de vérité et ses disciples, fils de Dieu. Il ressuscite les morts et guérit toutes les maladies. C’est un homme d’une taille moyenne… (homo quidem slatura procerus mediocris et spectabilis). Il a une figure vénérable qui lui attire l’amour et la crainte de ceux qui le voient. Ses cheveux sont de la couleur de la noisette dans sa maturité, lisses jusqu’aux oreilles, et à partir des oreilles bouclés, frisés (circinos crispos), avec des reflets bleuâtres et brillants, ilottants au-dessous des épaules ; ils sont partagés en deux au sommet de la tête à la manière des Nazaréens. Son front est uni et très serein, avec un visage sans ride et sans tache, et le teint d’un bel incarnat. Son nez et sa bouche sont sans défaut ; sa barbe est abondante, de la couleur des cheveux, point longue et (un peu) divisée en deux au (milieu du) menton. Son air est simple et posé ; ses yeux sont glauques et clairs. Il est terrible dans ses réprimandes ; doux et aimable dans ses avertissements ; de bonne humeur avec gravité. Il a pleuré quelquefois, mais il n’a jamais ri. Sa taille est droite, ses mains et ses bras beaux à voir. Sa conversation est grave, brève et modeste. De sorte qu’on peut dire justement avec le prophète que c’est le plus beau des enfants des hommes. » — Voir l’énumération des manuscrits et l’Àpparatits anticus dans Dobschùtz, Christusbilder, p. 308°-324°. UEpistola Lentuli se trouve en manuscrit dans de nombreuses bibliothèques. Elle fut imprimée d’abord dans la Vita Jesu Christi de Ludolphe le Chartreux, qui parut in-f", à Cologne, 1474, Proœmium, 14 (t. i, p. 10, de l’édition de Paris, 1870), et à Nuremberg en 1491 dans l’Introduction aux œuvres de saint Anselme de Cantorbéry. E. von Dobschùtz, Christusbilder, p. 309°310°, et L. Hain, Repertorium bibliographicum,-t. i, 1826, n. 1136, p. 126, ainsi que dans les Opuscula du même docteur » sans date. Voir ibid. Plus tard, elle fut reproduite dans YEcclesiastica historia per aliquot stttr diosos et pios viros in urbe Magdeburgica, connue sous le nom de Centuries de Magdebourg, 13 in-8°>