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ONÉSIME — ONGLE


romain. Voir J. B. Lightfoot, St. Paul’s Epistles to the Çolossians and to Philemon, 1875, p. 376-380 ; Paul Allard, Les esclaves chrétiens, 2e édit., Paris, 1876, p. 201.

Sur la suite de la vie d’Onésime, nous n’avons que des données peu certaines et même contradictoires. D’après les Constitutions apostoliques, vii, 46, Patr. gr., t. i, col. 1056, il fut établi par saint Paul évêque de Bérée en Macédoine. D’après les martyrologes, il fut, au contraire, évêque d’Éphèse en Asie-Mineure et succéda à saint Timothée sur le siège de cette ville. Acta Sanctorum, februarii t. ii, édit. Palmé, p. 857. On sait parla lettre de saint Ignace aux Éphésiens, i, 3, Patrum apostol. Opéra, édit. Gebhart, 1876, t. ii, p. 4, que l’évêque d’Éphèse, son contemporain, s’appelait Onésime, et on en a fait la même personne que l’esclave converti de Philemon, mais ce nom d’Onésime était commun, et, quoiqu’il fût possible que l’ancien esclave phrygien vécût encore du temps de saint Ignace, celui-ci semble parler de l’évêque d’Éphèse comme d’une personne dont l’autorité n’est pas parfaitement établie et probablement encore jeune. On a fait prêcher aussi le disciple de saint Paul en Espagne et les actes apocryphes des deux saints Xantippe et Polynice sont écrits en son nom. Texts and Studies, H, 3. — Les traductions anciennes sur son martyre et sur sa mort sont également discordantes. Les unes, consignées dans le martyrologe romain, le font conduire à Rome comme saint Ignace, où il meurt lapidé ; les autres, à Pouzzoles r où il termine sa vie dans les supplices. D’après les Bollandistes, ibid., p. 859, le martyr du Pouzzoles n’est point l’Onésime de l’Épltre à Philemon, mais un autre chrétien qui portait le même nom, fort commun de son temps. Nicéphore Callixte, H. E., iii, 11, t. cxlv, col. 928, place le martyre du disciple de saint Paul sous Néron ; Cédrénus, Hist. Compend., t. cxxi, col. 469, sous Domitien. F. Vigouroux.

    1. ONÉSIPHORE##

ONÉSIPHORE (grec : ’Ovi, <ji<popoç, « porte-profit » ), chrétien d’Éphèse. Saint Paul le nomme deux fois dans sa seconde Épitre à Timothée. Il nous apprend qu’Onésiphore lui avait [rendu de grands services à Éphèse, comme peut le savoir mieux que personne Timothée qui est dans cette ville. Depuis, pendant que l’Apôtre est prisonnier à Rome, les autres chrétiens d’Asie (Mineure ) qui étaient dans la capitale, tels que Phygelle et Hermogène, l’ont abandonné ; Onésiphore, au contraire, n’a point rougi des chaînes du captif ; quand il est venu à Rome, il l’a cherché, l’a trouvé et l’a souvent réconforté (àvÉ^ule). II Tirn., i, 15-18. Par reconnaissance, l’Apôtre souhaite la miséricorde divine à sa maison et aussi à lui-même au jour du jugement, f 16, 18. Le second souhait ou plutôt la seconde prière suppose qu’Onésiphore n’est plus vivant et fournit une preuve de la pratique des premiers chrétiens de prier pour les morts. À la fin de son Épître, iv, 19, saint Paul salue la maison d’Onésiphore qui devait continuer les traditions de piété du défunt. — En dehors de ce que nous apprend saint Paul sur Onésiphore, les traditions antiques sont confuses et contradictoires. Les Ménologes grecs font de lui un des soixante-douze disciples, ce qui est peu croyable, et ils l’honorent comme évêqueà des jours divers, le 29 avril comme évêque de Colophon en Asie, le 8 décembre comme évêque de Césarée, mais sans spécifier de quelle Césarée, le 2 décembre comme évêque de Coronée en Messénie, etc. Baronius, dans le Martyrologe romain, dit qu’il subit le martyre dans l’Hellespont avec saint Porphyre (son esclave) ; il fut attaché à la queue d’un cheval qui le traîna jusqu’à ce qu’il rendit l’âme. Les Menées grecques font aussi mourir ces deux saints du même supplice au 8 novembre. Le nom d’Onésiphore ayant été assez commun â cette époque, on peut sup poser qu’on a attribué à plusieurs la qualité de disciple de saint Paul. Les Bollandistes admettent comme probable qu’Onésiphore a prêché la foi dans l’Hellespont, qu’il y est devenu évêque de Parium et qu’il y a été martyrisé. Acta Sanctorum, septembris t. ii, édit. Palmé, p. 665. F. Vigodroux.

    1. ONGLE##

ONGLE, substance cornée qui termine l’extrémité supérieure des doigts. Cette substance, principalement composée d’albumine et dé phosphate de chaux, est regardée soit comme un durcissement du corps muqueux de la peau, soit comme le résultat d’une agglutination de poils. Chez l’homme, les ongles ont la forme de lamelles convexes, qui croissent par l’addition successive de couches intérieures et dépassent la pulpe digitale. Chez les animaux, les ongles prennent des formes diverses, suivant qu’ils sont destinés à la préhension et à l’attaque, comme les griffes des carnassiers, les serres des oiseaux de proie, ou à la station et à la marche, comme les sabots des chevaux et des ruminants.

I. Ongles de l’homme. — 1° Quand un Israélite introduisait dans sa maison une captive prise à la guerre, il devait lui « faire les ongles », siforén. Deut., xxi, 12. La version d’Onkelos suppose qu’il s’agit ici de laisser pousser les ongles en signe de deuil, puisque le texte ajoute que la captive allait avoir à porter pendant un mois le deuil de ses parents. D’après les Septante : mpîovuxfe’Ç, la Vulgate : circumcidet, et la Peschito, il est au contraire prescrit de les couper. Dans le deuil, les Israélites se coupaient les cheveux, alors que d’autres peuples les laissaient pousser. Voir Cheveux, t. ii, col. 690. Couper les ongles serait donc, par analogie, une marque de deuil. D’autre part, le texte dit immédiatement après que la captive quittera les vêtements de sa captivité, ce qui ferait considérer la coupe des cheveux et des ongles comme un abandon de tout ce qui rappellerait à la femme son ancienne condition. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1075. L’expression’âsfâk’éf-siffoméyâh aurait donc le même sens qu’en français « faire ses ongles ». Cf. Buhl, Gesen. Handwôrterb., Leipzig, 1899, p. 644. — Le mot siforén est employé une autre fois par Jérémie, xvii, 1, pour désigner une sorte de burin à graver en forme d’ongle, 3vu$, unguis.

— Chez les Chaldéens, ce n’est pas d’un ongle de métal, c’est de l’ongle même de l’homme qu’on se servait pour signer les contrats. On trouve souvent, à la fin de ces derniers, les mots : zu-pur-Bu-nu, « leurs ongles, » puis la marque des ongles des signataires empreints dans l’argile. Cf. Scheil, Textes élamites-sémiliques, 2e sér., Paris, 1902, p. 172, 174, 176. Cet usage n’était possible que dans un pays où l’on écrivait sur l’argile. Voir Contrat, t. ii, col. 930. — 2° Pendant que Nabuchodonosor fut atteint de lycanthropie, ses ongles (chaldéen : tefar, 3vu5, unguis) poussèrent comme des griffes d’oiseaux. Dan., iv, 30. — Le verbe mdlaq, « couper avec l’ongle, » sert à indiquer l’acte du prêtre qui égorge un oiseau pour le sacrifice, soit en détachant complètement le cou avec l’ongle, Lev., 1, 15, soit en le laissant adhérent. Lev., v, 8. Voir Oiseau, cpl. 1765. Les versions rendent ce verbe par àitoxvi’^eiv, « égratigner, » retorquere, « retourner. »

IL Ongles des animaux. — 1° Le mot’dqêb, nTÉpva, ungula, est employé dans deux textes poétiques pour nommer le sabot du cheval. Gen., xlix, 17 ; Jud., v, 22. Le sabot n’est qu’un ongle qui s’est développé sur toute la dernière phalange des doigts des animaux. Chez le cheval, tous les doigts sont réunis en un seul. C’est pourquoi dans Job, xxxix. 21, et dans Isaïe, xxxviii, 28, les versions confondent le pied avec le sabot. — 2° Les ruminants et les porcins sont bisulques, c’est-à-dire ont le pied fourchu ou divisé en deux doigts. Ce pied des ruminants est désigné en hébreu par le mot parsâh,