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OISEAU — OISIVETÉ


dans la Sainte Écriture cette malédiction portée contre les coupables : qu’après leur mort ils soient dévorés par les oiseaux du ciel et les animaux des champs ! Moïse annonce aux Israélites que, s’ils sont infidèles au Seigneur, leurs cadavres seront la pâture des oiseaux et des bêtes que personne ne chassera. Deut., xxviii, 26. Jérémie, vii, 33, répète la même annonce. Il revient plusieurs fois sur ce sujet avec grande insistance. Jer., xv, 3 ; xvi, 4 ; xix, 7 ; xxxiv, 20. La menace se réalisa. Les Israélites purent se plaindre que leur ville et leur Temple fussent en ruines et que les cadavres des leurs aient été livrés en pâture aux oiseaux du ciel. Ps. lxxix (lxxviii), 1, 2. — Le même sort est prédit aux ennemis d’Israël, aux Éthiopiens, Is., xviii, 6 ; aux Égyptiens, Ezech., xxix, 5 ; xxxii, 4 ; à Gog., xxxix, 4. Le prophète invite, de la part de Dieu, les oiseaux de toute sorte à venir se rassasier au sacrifice des ennemis immolés. Ezech., xxxix, 17. Saint Jean reproduit cette invitation pathétique à tous les oiseaux qui volent à travers le ciel : « Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu, pour manger la chair des rois, la chair des chefs de guerre, la chair des vaillants ! » Apoc., xtx, 17-21. — À plusieurs grands coupables, il est annoncé que les oiseaux du ciel dévoreront leur cadavre. Ainsi en arriva-t-il pour les descendants de Jéroboam, III Reg., xiv, 11 ; pour ceux de Baasa, III Reg., xvi, 4, et pour ceux d’Achab. III Reg., xxi, 24. — Quand David et Goliath sont en présence, ils ne manquent pas de vouer mutuellement le cadavre de l’adversaire aux oiseaux du ciel. I Reg., xvii, 44, 46. — Antiochus Épiphane, frappé par la vengeance divine, promettait d'égaler aux Athéniens ces mêmes Juifs « qu’il avait jugés indignes de sépulture, et dont il avait dit qu’il livrerait leurs cadavres en proie aux oiseaux du' ciel et aux bêtes féroces ». II Mach., îx, 15. — Quand le général syrien, l’impie Nicanor, eut été défait et mis à mort, Judas Machabée fit couper sa langue en morceaux pour qu’on la donnât en pâture aux oiseaux. II Mach., xv, 33. — 3° L’idée d’abandonner le cadavre d’un ennemi en pâture aux oiseaux de proie est commune à tous les anciens peuples de l’Orient, et même aux Grecs et aux Latins. Cf. lliad., i, 4 ; Virgile, ASneid., ix, 485. Après avoir fait périr des gens de Babylone, près d’un taureau-colosse aux environs duquel son grandpère Sennachérib avait été assassiné, Assurbanipal abandonna leurs cadavres aux chiens et aux oiseaux de proie. Cf. Schrader, Keilinschriftliche Bibliotek, t. ii, p. 192. Une stèle de Lagasch, dont les débris sont au Louvre, montre les vautours dépeçant les cadavres après la bataille (fig. 469), et sur un monument assyrien, on voit l’oiseau de proie planer au-dessus des combattants en attendant sa proie (fig. 470). Dans toute l’antiquité, on attachait la plus grande importance à la sépulture du cadavre. Chez les Sémites, en particulier, on croyait que l'âme ne pouvait descendre en paix dans les enfers qu’autant que le corps jouissait de sa sépulture. Autrement elle se trouvait forcée d’errer sur la terre, dans un domaine qui n'était plus le sien. Voir Sépulture ; Maspcro, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i. 589 ; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 326-336 ; Loiay, Les mythes babyloniens, Paris, 1903, p. 202, 203. C'était donc infliger un déshonneur et un châtiment à quelqu’un que de livrer son cadavre aux rapaces et d’abandonner ses os sur le sol. Ce sort était plus redoutable encore pour les Israélites, car les rapaces étaient des animaux impurs, dont on ne pouvait devenir la nourriture que par suite d’une malédiction terrible. De plus, la présence des ossements abandonnés à la surface du sol constituait pour les survivants une occasion de souillure permanente. D’après Hérodote, i, 140, il en était tout autrement chez les Perses et surtout les mages qui n’enterraient un corps qu’après qu’il avait été déhiré par un oiseau ou par un chien.

Il est dit que Salomon avait disserté sur les oiseaux par conséquent sur ce que l’on savait alors de leurs espèces et de leurs mœurs. III Reg., iv, 33.

H. Lesêtre.
    1. OISELEUR##

OISELEUR (hébreu : yâqôs, yâqûs, yôqêë ; Septante : cÇeu-nriç, Oripe’jTiriç ; Vulgate : auceps, venans), celui qui prend des oiseaux à l’aide d’engins divers. Voir Filet, t. ii, col. 2245 ; Piège. Prendre les oiseaux à" la chasse s’exprime par le verbe sud, BripeuErv, capere aucupio. Lev., xvii, 13. — L’oiseleur épie et se baisse pour dresser ses pièges. Jer., v, 26. Il met son filet sur le chemin par où passeront les oiseaux. Ose., ix, 8. Mais parfois l’oiseau s'échappe de sa main, Prov., VI, 5, ou du filet. Ps. cxsiv (cxxin), 7. Dieu lui-même délivre la victime du filet de l’oiseleur. Ps. xci (xc), 3. Dans ces différents textes, l’oiseleur représente le méchant qui prépare ses machinations contre le juste qu’il veut perdre. — Les versions nomment encore l’oiseleur, iÇeu-rii ; , celui qui prend les oiseaux à la glu, auceps, dans un passage où Amos, iii, 5, parle seulement du lacet que l’oiseleur caché tient à la main pour abattre le filet au moment propice. Voir t. ii, col. 2245.

H. Lesêtre.
    1. OISIVETÉ##

OISIVETÉ (Septante : àpyi’a ; Vulgate : oliositas), état d’un homme inoccupé. Quand cet état succède légitimement au travail, c’est le repos ; quand on s’y maintient volontairement alors qu’on devrait travailler, c’est la paresse. Voir Paresse. — L’oisiveté enseigne beaucoup de malice, Eccli., xxxiii, 29, car elle laisse libre carrière à toutes les pires tentations. La femme forte ne mange pas le pain 'aslôf, « des paresses, » oxviripdt, « lente, » otiosa, « oisive, » Prov., xxxi, 27. Insensé est celui qui recherche rêqim, qui-taca, « les futilités, » otiurtx, « l’inaction. » Prov., xii, 11 ; xxviii, 19. Dans ce second passage, les Septante remplacent [iàraia par <rxoW|, (l le loisir. » Celui qui se fatigue â travailler beaucoup laisse son bien à qui ne s’est occupé de rien, Vulgate, « à un oisif. » Eccl., ii, 21. Quand vient la vieillesse, les dents « sont oisives, » bdtlû, ï]'pyyi<70cv, otiosm. Eccl., xii, 3. Parmi les causes des péchés de Sodome, Ezéchiel, xvi, 49, signale l’orgueil, la bonne chère, et salvaf liasqët « la sécurité du repos, » eù8ï]V ! a êoit « TâXti)v, « l’abondance des délices, » abundantia et otiunx, « l’abondance et le repos. » Quand le roi de Babylone tire au sort la ville qu’il va assiéger et que le sort tombe sur Jérusalem, les habitants de cette cité disent que ce sera sebu'ê sebu'ôt lâhêm, « serments de serments pour eux, » expression obscure qui parait vouloir dire que les Israélites ont pour eux les serments par lesquels Dieu s’est engagé en leur faveur. Les Septante ne rendent pas ces mots. La Vulgate a lu sébé, sabbetôf lâhêm, « repos des sabbats pour eux, » ce qui peut signifier que, malgré les menaces du roi de Babylone, ce roi ou eux-mêmes resteront aussi tranquilles qu’on l’est un jour de sabbat. Ezech., xxl, 23(28). — Notre-Seigneur dit qu’on rendra compte d’une parole oiseuse, âpyijv, qui ne contribue pas au bien en quelque manière et reste stérile. Matth., XII, 36. Le père de famille trouve sur la place, des ouvriers oisifs, images de ceux qui ne travaillent pas à l'œuvre de Dieu. Matth, , xx, 3, 6. Saint Paul blâme les jeunes veuves oisives qui courent les maisons. I Tim., v, 13. — Dans les synagogues juives était requise la présence d’au moins dix Israélites pour le service divin. Ce nombre n'était pas difficile à obtenir le jour du sabbat. Les autres jours, il en était autrement, surtout dans les petites localités. De là l’institution des « dix oisifs », 'àêrâh batldnin, dont parlent fréquemment les anciens écrivains juifs. Cf. Jer. Megilla, i, 6 ; Bab. Megilla, 5 a ; Baba kamma, 82 a ; Sanhédrin, 17 b, etc. La première mention s’en trouve dans la Mischna, Megilla, i, 3, qui qualifie de localités importantes celles dans lesquelles se rencontrent « dix oisifs ».