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NUDITÉ — NUIT


breux se montraient fort sévères au sujet de cette sorte de nudité et ils prenaient toutes les précautions pour en éviter le danger, même quand il s’agissail des suppliciés. Voir Caleçon, t. 11, col. 60 ; Langes, t. iv, col. 90 ; Latrines, col. 125. Sous le procurateur Cumanus, un soldat romain, en faction dans les portiques du Temple pendant les fêtes de la Pâque, s’étant permis une obscénité, il en résulta une terrible émeute qui causa la mort deplusieurs milliers de Juifs. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 3 ; Bell, jud., II, xii, 1.

3° La nudité incomplète. — On appelle nus ceux qui sont découverts d’une manière anormale, comme Noé dans son ivresse, Gen., ix, 22, 23, et surtout ceux qui sont incomplètement vêtus ou qui ont quitté leurs vêtements de dessus. Les malheureux sont nus, sans vêtement, c’est-à-dire insuffisamment vêtus. Job, xxiv, 7, 10. Saül était nu, c’est-à-dire sans vêtements de dessus, pour prophétiser, I Reg„ xix, 24, et David était dans le même état pour danser devant l’arche. II Reg., yi, 20. On est nu quand on porte le cilice de pénitence, Is., xxxii, 11 ; Mich., i, 8 ; quand on s’enfuit d’un champ de bataille où l’on a été vaincu, Is., xx, 2-4 ; Am., ii, 16 ; II Mach., xi, 12 ; Act., xix, 16 ; quand on a quitté son vêtement de dessus pour pêcher, comme saint Pierre. Joa., xxi, 7. Ce sens relatif du mot « nu » n’est pas particulier à l’hébreu. Il appartient également à Yujivôç, cf. Hésiode, Op. et dies, 389 ; Xénophon, Anab., I, x, 3 ; IV, iv, 12, etc., et à nudus. Cf. Virgile, Georg., î, 299 ; Pétrone, Sat., 92, etc. On s’est demandé en quel état Jésus-Christ fut crucifié, quand les soldats l’eurent dépouillé de ses vêtements. Matth., xxvii, 35. Il n’y a pas de documents directs permettant de résoudre la question. Certains auteurs païens semblent supposer la nudité complète chez les crucifiés. Artémidore, Oneirocrit., H, 58 ; Arrien, Epist., iv, 26. D’autres auteurs permettent de croire à un dépouillement moins absolu. Cicéron, De offic, i, 35 ; Denys d’Halicarnasse, i, 80 ; vii, 72 ; Valère Maxime, ii, 2, 9. L’Évangile de Nicodème, i, 10, raconte que le Sauveur fut crucifié avec un linge autour des reins. L’autorité romaine, qui tolérait l’usage juif de présenter aux condamnés à mort le vin stupéfiant, Matth., xxvii, 34 ; Marc, xv, 23, ne devait sans doute pas se montrer plus difficile à accorder la permission de couvrir le supplicié. Plusieurs Pères, S. Cyprien, Epist., lxiii, 3, t. iv, col. 375 ; S. Augustin, De civ. Dei, xvi, 2, t.’XLi, col. 478 ; , Cont. Faust., xii, 23, t. xlii, col. 266, etc., mentionnent, il est vrai, la nudité du Christ en croix, mais en l’opposant typiquement à celle de Noé, ce qui n’exige nullement qu’elle ait été absolue. Benoît XIV, De fest., 88, admet cependant qu’elle l’a été et il cite un certain nombre d’auteurs de son avis. Cf. Lipsius, De cruce, Anvers, 1595, H, 17. En somme, on ne peut rien affirmer de précis. II est bon d’observer cependant que le corps du Sauveur, à la suite de la flagellation et du crucifiement, était tout recouvert de plaies et comme revêtu de son sang. Cf. Fouard, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1880, t. ii, p. 409 ; Knabenbauer, Ev. sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 522 ; Friedlieb, Archéol. de la passion, trad. Martin, Paris, 1897, p. 180 ; Le Camus, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1901, t. iii, p. 370.

4° La nudité indigente. — Souvent la nudité ne désigne pas autre chose que l’extrême indigence à laquelle sont réduits soit un peuple, ûeut., xxviii, 48 ; Lam., iv, 21, soit des persécutés ou des malheureux. Job, xxii, 6 ; Tob., i, 23 ; Rom., viii, 35 ; I Cor., iv, 11 ; II Cor., XI, 27. Vêtir ceux qui sont nus, c’est-à-dire secourir ceux qui sont dans le besoin sous quelque forme que ce soit, est une œuvre fréquemment conseillée ou louée dans la Sainte Écriture. II Par., xxviii, 15 ; Ezech., xviii, 7, 16 ; Tob., i, 20 ; iv, 17 ; Jacob., ii, 15. Notre-Seigneur déclare faite à lui-même la charité exercée à

l’égard du prochain sous cette forme particulière. Matth., xxv, 36-44.

5° La nudité spirituelle. — C’est celle de l’âme qui n’a su acquérir ni vertus ni mérites. II Cor., v, 3 ; Apoc, m, 17 ; cf. xvi, 15 ; xvii, 16. Pour couvrir cette nudité, il faut se revêtir de Jésus-Christ. Rom., xiii, 14 ; Gal., m, 27 ; Eph., iv, 24 ; Col., iii, 10.

H. Lesêtre.

NUEE. Voir Nuage, col. 1710.

NUIT (hébreu : layîl, layelâh, et rarement’éméS, néëéf ; chaldéen : lêleya ; Septante : vit, oxôtoç ; Vulgate : nox, tenebrx), temps durant lequel le soleil, descendu au-dessous de l’horizon, n’envoie plus directement sa lumière. Voir Ténèbres.

La Sainte Écriture parle souvent de la nuit, mais d’ordinaire simplement pour indiquer le temps où une chose se fait. Dans un certain nombre de passages cependant, la mention de la nuit a une signification particulière.

1° Création de la nuit. — Au premier jour de la création, Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres et donna à celles-ci le nom de « nuit ». Gen., i, 5 ; cf. Jer., xxxiil, 20. Au quatrième jour, il fit les astres qui devaient présider à la nuit. Gen., i, 16. Voir Cosmogonie, t. H, col. 1046. La nuit, étant une créature de Dieu, le loue à sa manière, Dan., iii, 71. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et chaque nuit en transmet la connaissance à la suivante. Ps. xix (xviii), 3.

2° Divisions de la nuit. — Les anciens Hébreux divisaient la nuit en trois veilles. Le commencement des veilles de la nuit, c’est-à-dire la première veille a sa mention dans Jérémie. Lam., ii, 19. Il est question de la veille du matin dans Exod., xiv, 24, et I Reg., xi, 11. Enfin, la veille du milieu est mentionnée dans Jud., vu, 19. Pour qu’il y ait une veille du milieu de la nuit, il en faut une qui précède et une qui suive. À l’époque évangélique, les Juifs avaient adopté la division romaine de la nuit en quatre veilles, énumérées par saint Marc, xm, 35 : àtyl, sero, le soir ; (iso-ovuxti’ov, média nox, minuit ; àXsxTopotptovfa, galli cantus, le chant du coq, et rcpcot, mane, le matin. Cf. Matth., xiv, 25 ; Marc, vi, 48 ; Luc, ii, 8 ; Act., xxiii, 23 ; Tite-Live, v, 44 ; Cicéron, Epist. ad famil., 111, vii, 4 ; César, Bell, gai., i, xii, 2 ; il, 14 ; II, xxxiii, 2 ; S. Jérôme, Epist. cxl, 8, t. xxii, col. 1172. Le commencement de la veille du milieu, dont parle le livre des Juges, vii, 19, est ramené par Josèphe, Ant. jud., V, vi, 5, aux environs delà quatrième veille. En réalité, le commencement de la seconde veille hébraïque correspondait au milieu de la seconde veille romaine, et non de la quatrième. Ces veilles étaient plus ou moins longues, selon la longueur de la nuit. En Palestine, à la latitude de 33°, la plus longue nuit et la plus courte diffèrent environ de quatre heures. Les veilles nocturnes duraient donc à peu près une heure de plus au solstice d’hiver qu’au solstice d’été. — Les Samaritains et les Caraïtes appelaient’éréb, « soir, » le temps qui s’écoule entre le coucher du soleil et l’obscurité complète, tandis que les Pharisiens et le Talmud réservaient ce nom aux dernières heures du jour. Voir Soir et Gesenius, Thésaurus, p. 1065. La’âlâtâh, caligo, était l’obscurité complète. Gen., xv, 17 ; Ezech., xii, 6, 7, 12. Le milieu de la nuit était appelé hàsôf hal-layelàl, |iéaï] vil, média nox, Exod., xi, 4 ; Job, xxxiv, 20 ; Ps. exix (cxviii), 62, et’îsôn layelâl, « pupille de la nuit, » c’est-à-dire nuit noire comme le centre de l’œil. Prov., vu, 9 ; xx, 20.

3° L’emploi de la nuit. — La nuit est : — 1. le temps favorable à la méditation, Ps. lxxvii (lxxvi), 7 ; exix (cxvin), 55, 62 ; Is., xxvi, 9 ; cf. Gen., xxiv, 63 ; — 2. le temps où se produisent ordinairement les visions et les communications divines, Gen., XL, 5 ; xlvi, 2 ; I Reg., xv, 16 ; III Reg., iii, 5 ; I Par., xvii, 3 ; II Par., i, 7 ; vi