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NOMBRE — NOPHÉ


dans des sens allégoriques qui sont entièrement inutiles pour connaître le sens littéral. Il arrive même quelquefois qu’on néglige le sens littéral pour débiter ces sortes de mystères. Saint Augustin, qui était savant dans la philosophie des platoniciens, est sujet à ce défaut, et il le fait même paraître à cet endroit. » — Sur le symbolisme des nombres dans la Bible, voir Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heideiberg, 1837, t. î, p. 119-208 ; Auber, Hist. et théorie du symbolisme religieux, Paris, 1884, t. î, p. 97-155 ; — dans les anciens monuments chrétiens, voir Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 503-504.

4* Les Kabbalistes ont étendu au delà de toute limite raisonnable le rôle des nombres dans l’interprétation de la Bible. Le principe de leur Gematria, est que la valeur numérique des lettres recèle d’importants mystères et que les mots et les phrases de même valeur numérique peuvent se prendre légitimement les uns pour les autres. Outre que rien n’appuie ce principe, ses conséquences sont trop arbitraires et trop fantaisistes pour conduire à des conclusions utiles au point de vue de l’intelligence des textes sacrés. Voir Kabbale, t. iii, col. 1883. Il y a donc là une prétendue science des nombres bibliques qui porte à faux et n’est d’aucun profit. — Dans son Livre du nom, Abenezra applique toutes sortes de spéculations pythagoriciennes sur les nombres. Il mentionne ce qu’on a appelé plus tard le carré magique (fig. 452), dans lequel les 9 premiers

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7

2

1

5

9

8

3

4

452. — Carré magique.

D’après Karppe, Étude, p. 202.

chiffres sont disposés de telle sorte que leur total donne 15 dans tous les sens. Ce nombre représente les deux premières lettres du nom de Jéhovah, n>. Le chiffre central 5 représente le Verbe divin qui gouverne tout, et les nombres pairs des angles figurent les 4 éléments. Cf. S. Karppe, Etude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 195-203. — Les Kabbalistes font ainsi grand état des dix Sephirôth qui caractérisent le Dieu infini, Ên-soph, « sans fin. » Le mot sephirôth peut signifier en hébreu « nombres » ou « numération », ce qui a fait naturellement penser aux nombres de Pythagore. Mais les sephirôth sont plutôt des attributs divins, comme l’indiquent leurs noms : 1, kétér, « couronne ; » 2, hokmâh, « sagesse ; » 3, binâh, « intelligence ; » 4, hésèd, » grâce, » ou gedûlâh, « grandeur ; » 5, din, « justice, » ou gebûrah, « force ; » 7, nèsah, « triomphe ; » 8, hôd, « gloire ; » 9, yesôd, « fondement ; » 10, malkût, « royauté. » Cf. Franck, La Kabbale, Paris, 1843, p. 147 ; Munit, Palestine, Paris, 1881, p. 523, 524 ; Karppe, Étud., p. 365-421. Avec Abu-Iafia, au xiii’siècle, « apparaissent les premiers éléments de ce qu’on appellera l’arithmomancie, qui consiste à associer un nombre à chaque élément, à chaque astre, et à fonder sur cette base une astrologie en quelque sorte mathématique, qui met la puissance attachée aux astres au pouvoir des combinaisons de nombres… La science où la logique doit régner en souveraine est embauchée pour être l’humble servante d’une folle… traînée à la remorque des fantaisies les plus puériles. » Karppe, Étude, p. 302, 303. On ne peut mieux caractériser la valeur des élucubrations des kabbalistes à propos des

nombres.

H. Lesêtre.


    1. NOMBRES##

NOMBRES (LIVRE DES), quatrième livre du Pentateuque. Voir Pentateuque.

    1. NOMBRIL##

NOMBRIL (hébreu : sôr, sôrêr ; Septante : ôjtçaXo’s ; Vulgate : umbilicus), cicatrice arrondie qui reste au centre de l’abdomen après la section du cordon ohibilical par lequel l’embryon était mis en communication avec sa mère. — Ezéchiel, xvi, 4, parle de cette section, qui se fait immédiatement après la naissance. Le nombril de l’Épouse est comparé à une coupe arrondie. Cant., vii, 3. — Sur deux passages où la Vulgate porte le mot umbilicus, Job, xl, 11 ; Prov., iii, 8, voir Nerfs, col. 1603. — Dans un sens figuré, le mot tabbûr signifie aussi « nombril », c’est-à-dire « centre » du pays. C’est ainsi que l’ont traduit les versions. Jud., IX, 37 ; Ezecb., xxxviii, 12. Il a ce sens dans le Talmud. Cependant, d’après le phénicien, le samaritain et l’éthiopien, il faudrait donner à tabbùr le sens de « montagne ». Les versions chaldaïque et syriaque le traduisent par « forteresse ». Cf. de Hummelauer, In libr. Judic, Paris, 1888, p. 196 ; Rosenmûller, Ezéchiel, Leipzig, 1810, t. ii, p. 539. Les deux sens sont possibles, car le nombril peut être considéré comme le sommet de la protubérance abdominale, et une montagne être regardée

comme le centre d’un pays.

H. Lesêtre.
    1. NON-MON-PEUPLE##

NON-MON-PEUPLE, nom donné par le prophèle Osée, i, 9, à un de ses fils, en hébreu : Lô’-'ammî. Voir Lo-àmmi, col. 317.

NOPH (hébreu : Nàf ; Septante : MÉ(x ?tç ; Vulgate : Memphis), nom de la ville de Memphis en hébreu, dans Is., îx, 6 ; Jer., ii, 16 ; Ezech., xxx, 16. Dans le texte original d’Osée, IX, 6, au lieu de Nôf, nous avons Môf, et cette leçon doit être plus correcte, car Memphis s’appelait en égyptien Men-nofir, d’où, par contraction, en copte, Memfi, Menfi, en arabe, Menf. La forme Nôf peut être dérivée de nofir, le m étant tombé. Voir Memphis, col. 954.

    1. NOPHÉ##

NOPHÉ (hébreu : Nôfah ; Septante : ai Yvva ?y.sç), ville moabite dont on ne retrouve ailleurs aucune trace, au moins sous cette forme, en dehors de Num., xxi, 30, et dont l’existence même est contestée par un certain nombre de critiques. Elle est nommée avec Hésébon, Dibôn et Médaba, dans le chant qui est cité. Num., xxi, 27-30. On lit en hébreu :

Nous avons porté la dévastation jusqu’à Nofah Et jusqu’à Médaba.

Ce que les Septante traduisent de la manière suivante : « Les femmes ont encore allumé le feu dans Moab, » et la Vulgate : « Ils sont arrivés fatigués à Nophé et jusqu’à Médaba, » Nophé et Médaba ne paraissent point dans la version grecque et divers critiques, à leur suite, refusent de voir, les uns Nophé, les autres Médaba, dans ce texte. Les premiers traduisent : a Nous avons tout ravagé, de sorte que le feu s’est allumé jusqu’à Médaba ; » les seconds : « Nophé, qui est près du désert. » Ils lisent : midbar, « désert, » au lieu de Mêdbd, « Médaba. » Plusieurs de ceux qui conservent le nom de Nofah supposent que ce nom est pour Nôbah (voir Nobé 2, col. 1655), la ville qui est mentionnée deux fois dans l’Écriture, Num., xxxii, 42, et Jud., viii, 11. Ce sont là tout autant d’hypothèses en faveur desquelles on ne peut alléguer aucune raison bien sérieuse. La traduction des Septante suppose un texte hébreu en partie différent : ils ont traduit nasUm (qui vient de sâmêm et signifie « nous avons dévasté » ), comme si c’était le pluriel ndsim, « femmes, » de’Uâh. La racine nâfah veut dire « souffler » ; elle peut signifier souffler le feu ; mais nôfah ne peut se rendre, comme l’ont fait les traducteurs grecs, par irpofféxavixav.Ilsont lu enfin M ô’âb, au lieu de Mêdabâ".

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