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NOMBRE


phumena, îx, 4, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 466, affirment que des emprunts ont été faits par Pythagore aux doctrines juives. D’autre part, le premier signale l’influence des idées de ce philosophe sur le genre de vie des Esséniens. Ant. jud-, XV, x, 4. Cf. Schùrer, Gesehichte des jûdischen Volkes im Zeit J.-C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 574, 583. Philon, que les Pères rattachent à la fois à Platon et à Pythagore, cf. Clément d’Alexandrie, Stromat., i, 15, 72 ; ii, 19, 100, t. viii, col. 814, 1040 ; Eusèbe, H. E., II, 4, 3, t. xx, col. 145 ; S. Jérôme, Epist. txxadMagn., 3, t. xxii, col. 667, avait écrit un livre aujourd’hui perdu rcep àpt6[jt.wv, « sur les nombres, » dans lequel il expliquait la vertu des nombres et auquel il fait lui-même allusion. Vit. Mosis, iii, 11 ; De opific. mundi, append., édit. Mangey, t. ii, p. 152 ; t. i, p. 43. On ne peut évidemment prétendre que les écrivains sacrés postérieurs à Pythagore aient emprunté quoi que ce soit à ce philosophe. Mais les écrivains juifs et chrétiens se sont certainement inspirés de ses idées sur l’importance des nombres. — 3. Ainsi Athénagore, Légat, pro christ., 6, t. vi, col. 902, cite l’opinion des pythagoriciens sur la valeur du nombre 10, qui renferme toutes les raisons et toutes les harmonies des autres. D’après l’auteur des Philosophumena, iv, 7, dans le système de Pythagore, utilisé par les hérétiques, les nombres 1 et 3 étaient mâles, les nombres 2 et 4 étaient femelles, et 10, somme de ces quatre nombres générateurs, était un nombre parfait. Cf. Philosophumena, i, 2, p. 8-14 ; vi, 11, p. 269-278. Saint Justin, Cohort. ad Grœc, 4, t. vi, col. 248, et saint Irénée, Adv. hser., il, 14, t. vii, col. 752, admettent le principe pythagoricien sur l’importance des nombres et sont obligés de suivre les hérétiques sur ce terrain. Saint Àmbroise, Epist. XLir, t. xvi, col. 1136, entreprend d’expliquer les nombres « non à la manière de Pythagore et des autres philosophes, mais selon la forme et les divisions de la grâce spirituelle ». Il ne convenait pas en effet d’interpréter les nombres de la Sainte Ecriture d’après des principes qui lui fussent étrangers. — 4. Ce sont surtout les Pères occidentaux qui cherchent l’explication symbolique des nombres. Saint Irénée, Adv. hseres., i, 14 ; ii, 24, t. vii, col. 603-608, 788-795, suppose la réalité de ce symbolisme ; il observe toutefois, n, 28, col. 810, que souvent les conclusions tirées des nombres sont vaines, et déclare, ii, 25, col. 798, que ce ne sont pas les nombres qui font la règle, mais la règle qui commande les nombres. Saint Augustin est, de tous les Pères, celui qui s’attarde le plus volontiers, le plus longuement et le plus subtilement à l’explication des nombres. Cf. De music., i, 12 ; t. xxxii, col. 1095 ; Epist. lv, ad inquis. Januar., 15-17, t. xxxiii, col. 218220 ; In Ps. vi, 1, 2 ; xux, 9, t. xxxvi, col. 90, 91, 570572 ; In Ps. cl, I, t. xxxvii, col. 1961, etc. Ailleurs, De doctr. christ., ii, 16, t. xxxiv, col. ; 48, il pose en principe que « l’inintelligence des nombres empêche d’entendre beaucoup de passages figurés et mystiques des Écritures », et que, « dans beaucoup de formes des nombres, sont cachés certains secrets de similitude qui, à cause de l’inintelligence des nombres, restent inaccessibles pour le lecteur. » — 5. En fait, il ne paraît pas que les nombres aient par eux-mêmes une valeur symbolique. Celle que les Pères leur attribuent vient ; uniquement des choses dénombrées, si bien que, suivant la qualité de ces dernières, le même nombre a des symbolismes divers ou même opposés. Il suit de là que le symbolisme des nombres n’a qu’une importance très secondaire pour l’interprétation des textes sacrés. Malgré son observation sur la nécessité de l’intelligence des nombres, saint Augustin en tire plus de choses curieuses que de choses utiles. Les autres Pères ne sont pas plus heureux que lui. En cherchant des mystères dans les nombres, ils obéissent à une sorte de mode en vigueur de leur temps, mais ils n’apportent aucune contribution

vraiment sérieuse à l’explication des textes sacrés. Aussi saint Jérôme, In Gal., 1, 1, t. xxvi, col. 329, parle-t-il, sans les blâmer, de ceux qui regardent comme « tout à fait superflu de considérer les nombres qui sont dans l’Écriture ». Les symbolismes attribués â différents nombres sont simples ou composés, suivant qu’ils résultent du nombre lui-même ou des nombres dont il se compose.

2° Symbolismes simples. — Les Pères assignent à plusieurs nombres une signification symbolique.

1. Un. — Conformément à la nature des choses, à la théorie pythagoricienne et surtout à l’indication de la Sainte Écriture, l’unité est le symbole et la caractéristique du Dieu suprême, principe de toutes choses. Cf. S. Augustin, De vera religione, xxxvi, t. xxxiv, col. 151 ; De Gen. ad Utt., 10, t. xxxvi, col. 234.

2. Deux. — Ce nombre n’est pas bon, parce qu’il marque l’exclusion de l’unité, la division, l’imperfection et la conjonction charnelle. Cf. S. Hilaire, In Ps. cxl, t. ix, col. 828 ; S. Ambroise, De Noe et arca, 12, t. xiv, col. 378 ; S. Jérôme, Epist., xlviii, 19, t. xxii, col. 508 ; Adv. Jovin., i, 16 ; t. xxiii, col. 236 ; In Zach., i, 1, t. xxv, col. 1422, etc. Cependant, le nombre 2 est pris quelquefois dans un sens favorable. Cf. S. Ambroise, De xlii mans., t. xvii, col. 11. Dans le Nouveau Testament, il symbolise la charité, dont la pratique nécessite au moins deux termes. Cf. S. Augustin, Quœst. in Evang., ii, 14, t. xxxv, col. 1339 ; S. Grégoire le Grand, Rom. xvii in Evang., t. lxxvi, col. 1139. De la défaveur attachée au nombre 2 résulterait le caractère favorable du nombre impair. Cf. "Virgile, Eclog., viii, 75 ; S. Jérôme, Epist., xlviii, 19, t. xxii, col. 509 ; In Eccl., t. xxiii, col. 1046.

3. Trois. — Ce nombre avait déjà un caractère sacré dans le paganisme ; c’était le nombre impair par excellence, par conséquent un nombre heureux et d’usage fréquent dans le culte des dieux. Il garda ce caractère chez les Juifs, à cause du Dieu trois fois saint, Is., vi, 3, qui était, qui est et qui sera. Apoc, i, 4 y iv, 8. La révélation du mystère de la sainte Trinité acheva de rendre ce nombre sacré entre tous. Cf. S. Ambroise, De Abrahamo, 1, t. xiv, col. 446 ; In Luc, i, 36, t. XV, col. 1548.

4. Quatre. — Certains regardaient ce nombre comme néfaste et à éviter, sans doute parce qu’il doublait le nombre 2. Saint Ambroise, Heccæin., i, 9, t. xiv, col. 205, déclare cette idée sans fondement. Pour toute l’antiquité, le nombre 4 symbolise l’univers, composé des 4 éléments, eau, terre, air et feu. Cf. S. Jérôme, In Agg., 2, t. xxv, col. 1401 ; S. Ambroise, De xlii mans., t. xvii, col. Il ; De Abrah-, ii, 9, t. xiv, col. 487. Le monde est la révélation extérieure de Dieu, etDieu s’est révélé aux Hébreux sous son nom de mn>, le TETpaYpâ|j.[jt.aTOv, Jéhovah, le nom à 4 lettres, de même que sous le Nouveau Testament, il s’est révélé par les 4 Évangiles. Le nombre 4 symbolise donc aussi la révélation. Du nombre 4 vient encore l’idée de carré et de cube, par conséquent de stabilité. Cf. S. Jérôme, In Matth., ii, 15, t. xxvi, col. 112.

5. Cinq. — Ce nombre symbolise la loi mosaïque, contenue dans les 5 livres du Pentateuque, le peuple juif vivant sous cette loi, cf. S. Irénée, Adv. hser., ii, 24, t. VU, col. 794, 795 ; S. Augustin, In Ps.xux, 9, t. xxxvi, col. 571 ; Serm., xxxi, t. xxxviii, col. 198, et aussi la continence des 5 sens. Cf. S. Augustin, In Ps. xljx, 9, t. xxxvi, col. 570.

6. Sept. — Le nombre 7, particulièrement sacré chez tous les peuples, symbolise l’union de la divinité, représentée par 3, avec le monde, réprésenté par 4, et spécialement avec le peuple d’Israël. Il est à remarquer qu’en hébreu le même mot 73tf signifie « sept » et » faire serment ». Le nombre 7 intervenait en effet dans les cérémonies accompagnant le serment et l’alliance. Gen., xxi, 28 ; Hérodote, iii, 8, etc. II est écrit : « Dieu n’ou-