Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/869

Cette page n’a pas encore été corrigée
1681
1682
NOMBRE


maire hébraïque, Genève, 1864, p. 133-134 ; Touzard, Grammaire hébraïque, Paris, 1905, p. 76.

3° À l’époque évangélique, la numération grecque devait aussi être, sinon usitée, du moins connue en Palestine. Comme en hébreu, les nombres y étaient représentés par les lettres de l’alphabet. Ce système apparaît dès le rv « siècle av. J.-C. ; les grammairiens d’Alexandrie l’adoptèrent ensuite, et, à partir de 250 av. J.-C, on le trouve en usage sur les monnaies et dans les documents écrits. De a à 6, les lettres marquent les unités, avec le digarama F, le vav des Hébreux et des Phéniciens, pour marquer 6 de i à iz les dizaines, avec le xémra, b ou Ç", coph des Hébreux et des Phéniciens, q des Latins, pour marquer 90 ; les lettres de p à (o marquent les centaines, avec le <râ(im, Q (aifiLa et nî) pour représenter le nombre 900. Toutes ces lettres, employées comme valeurs numérales, sont sur JVord

451. — Hosace en mosaïque de Hosn. D’après la Revue biblique, 1900, p. 119.

montées d’un accent à droite : « ’, 6’, y’, etc. Avec un iota souscrit à gauche, leur valeur est multipliée par 1000 : , s = 5000 ; , x = 80 000 ; , u = 800000, etc. Une rosace en mosaïque (fig. 451), découverte en 1899 à Hosn, en Pérée, est ornée de lettres grecques majuscules, E, O, II, K(x<Sirxa), P, PK, PA, etc., qui représentent les nombres 60, 70, 80, 90, 100, 120, 130, etc. Dans le grand théâtre de Gérasa, en Palestine transjordanienne, le P. Germer Durand a constaté qu’un certain nombre de places étaient numérotées. Les chiffres sont ainsi écrits : CIB — CIT —CIA — Cl€ — CK — CKA — CKB — CKI", ce qui correspond, en lisant de gauche à droite, à 212, 213, 214, 215, 220, 221. Sur une autre série : ^ « b — Al<{> — ll<|> — ai<b — Al<p

— I<p, les chiffres sont à lire de droite à gauche : 515, 514, 513, 512, 511, 510. Cl. Revue biblique, 1895, p. 377.

— Pour les inscriptions, surtout dans la Grèce proprement dite, on se servait de I, II, III, IIH, V (pour 7t£vt£ = 5 ; À (pour Aéxa) = 10 ; H (pour Hexatôv) = 100 ; X (pour XiXioc) = 1000 ; M (pour Mûpioi) = 10000. On

rendait 50 par Q (10 X 5}, et 500 par Q (100 x 5). Les

chiffres les plus élevés se plaçaient à gauche. — 4° La numération latine était à l’usage de l’administration

romaine établie en Palestine. Elle se composait de traits verticaux, I, II, III, et des signes suivants : X =10 ; V (probablement moitié de X) = 5 ; L= 50 ; C (centum) = 100 ; D = 500 ; M (Mille) "= 1000 ; puis,

pour les multiples de 1000 : £, $, etc.

III. Altération des nombres bibliques. — 1° Que les anciens Hébreux, dans leurs transcriptions du texte sacré, aient écrit les noms de nombre en toutes lettres ou en notation alphabétique, il est certain que beaucoup des nombres consignés dans les Livres saints ont souffert et ne nous sont arrivés que plus ou moins altérés. La chose est manifeste en ce qui concerne les listes patriarcales. Des différences notables apparaissent entre les chiffres de l’hébreu, du samaritain et des Septante. Voir Longévité, t. iv, col. 355, 359. Souvent, ces différences portent sur un seul chiffre, celui des centaines. Il en est ainsi pour Seth et ses descendants jusqu’à Lamech, et ensuite pour tous les descendants de Sem. En se reportant aux anciens alphabets, t. i, col. 407, on voit, par exemple, que la différence de forme n’est pas grande entre » = 4 et n = 200 ; entre i = 6, t = 7, et > = 10 ; entre p = 100 et t = 200 ; etc. Il était bien plus facile de confondre i avec i, que yniN, « quatre, » avec D>rNa, deux cents ; » i, i et >,

que wtf, « six, » yatf, « sept, » et-itoy, & dix, » etc. Cette

constatation donnerait à penser qu’au moins à une certaine époque les nombres bibliques ont été écrits alphabétiquement, ce qui a rendu les confusions faciles. On s’expliquerait ainsi comment, Gen., ii, 2, l’hébreu, la Vulgate et le chaldaïque disent que Dieu termina son œuvre le septième jour, tandis que les Septante, le samaritain, le syriaque et Josèphe, Ant.jud., i, 1, 1, marquent le sixième jour. La différence graphique serait d’un i = 7 à un i = 6. Néanmoins, ces remarques ne suffisent pas à prouver que les chiffres bibliques aient été habituellement transcrits sous forme de lettres. Sur la stèle de Mésa, lignes 2, 8, 16, 20, 28, 29. 33, les nombres sont écrits en toutes lettres. Cf. col. 1015-1017 ; Lagrange, L’inscription de Mésa, dans la Revue biblique, 1901, p. 523-525.

2° Beaucoup d’autres causes pouvaient contribuer à l’altération des nombres par les transcripteurs : la mauvaise façon du texte à transcrire, l’intention de corriger une leçon regardée comme fautive, la confusion d’un passage avec un autre, et en général le caractère même des noms de nombres, surtout des nombres un peu élevés. Le sens et le contexte peuvent aider le copiste à déchiffrer exactement un mot mal écrit, mais cette ressource lui manque pour les chiffres. De là des divergences multiples que l’on signale entre des chiffres qui devraient s’accorder. Ainsi, au temps de David, on compte d’une part 800000 hommes portant les armes en Israël, et 500 000 en Juda, II Reg., xxiv, 9, et d’autre part, 1100 000 hommes en Israël et 470000 en Juda. I Par., xxi, 5. Salomon avait 40 000 stalles pour ses chevaux de chars d’après III Reg., iv, 26, et seulement 4 000 d’après II Par., ix, 25. Quand il commença à régner, Joachin avait 18 ans d’après IV Reg., xxiv, 8, et 8 ans d’après II Par., xxxvi, 9. Phinées frappe 24 000 Israélites, d’après Num., xxv, 9, et 23 000, d’après LÇor., x, 8, etc. Les chiffres varient aussi entre l’hé/breu et les versions. Les Israélites sont restés en Egypte 430 ans, Exod., xii, 40 ; les Septante comprennent dans ces 430 ans le séjour en Egypte et le séjour en Chanaan ; et comme le temps passé par Abraham, Isaac et Jacob en Chanaan s’élève à 215 ans, il n’en reste plus que 215 pour le séjour des Israélites en Egypte. De son côté, saint Paul, Gal., iii, 17, compte 438 ans, entre la promesse faite à Abraham et la loi du Sinaï. À Bethsamès, le Seigneur frappe ceux qui ont geté un regard irrespectueux] sur l’arche, I Reg., vi, 19 ; les victimes sont au nombre de 70 et [de 50000, d’après l’hébreu,