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NOM


culières. — Il est dit qu’Adam, sur l’invitation de Dieu, donna des noms aux êtres animés qui l’entouraient dans le paradis terrestre. Gen., ii, 19, 20. Il n’est pas nécessaire d’admettre que tous les animaux aient alors reçu un nom, ni que tous les noms donnés par Adam aient exprimé les qualités essentielles de l’animal. Les caractères saillants suffisaient amplement pour établir une distinction pratique entre ces différents êtres. Pour donner un nom à la première femme, Adam se contenta de marquer son origine, Gen., ii, 23, ou sa maternité, Gen., iii, 20, sans recourir aux qualités essentielles de sa compagne. Il lui suffit pareillement de constater dans chaque animal un trait distinctif quelconque et de s’en inspirer pour lui donner un nom. — En vertu de la loi du lévirat, le premier-né du second mariage portait le nom du frère défunt et continuait légalement sa lignée. Gen., xxxviii, 9 ; Deut., xxv, 7 ; Ruth, iv, 5. Voir Lévirat, col. 213. — Les noms des douze tribus d’Israël étaient gravés sur deux pierres d’onyx, attachées à l’éphod du grand-prêtre, pour rappeler que celui-ci invoquait le Seigneur au nom des douze tribus et qu’il appelait sur elles les bénédictions divines. Exod., xxviii, 10, 29. — Se faire un nom, c’est accomplir des actions d’éclat afin de s’attirer l’attention, l’estime ou l’admiration des hommes. Gen., xi, 4 ; xii, 2 ; I Mach., v, 57. Un bon nom vaut mieux que la richesse et les autres avantages temporels. Prov., xxir, 1 ; Eccle., vii, 2.

2° Identité du nom avec la personne ou la chose. — Comme le nom de Dieu, le nom de l’homme est souvent pris pour la personne elle-même. Deut., ii, 25 ; vu, 24 ; ix, 14 ; xxix, 20 ; Jos., vii, 9 ; Prov., x, 7 ; Apoc, m, 4 ; xi, 13, etc. Dire que Dieu connaît quelqu’un par son nom, Exod., xxxiii, 10, 17, que Jésus connaît ses brebis par leur nom, Joa., x, 3, c’est indiquer la faveur et la protection particulières dont ces êtres sont l’objet.

— Avoir son nom écrit au livre de vie, c’est être assuré du bonheur éternel. Phil., iv, 3 ; Apoc, iii, 5 ; xiii, 8.

— Dans les textes prophétiques, « être appelé » niqrà signifie tout simplement « être », parce que le nom est toujours significatif, comme il a été déjà remarqué. Le Messie futur sera appelé, c’est-à-dire sera en réalité le Conseiller admirable, le Dieu fort, etc. Is., ix, 5. Le Dieu d’Israël est appelé Dieu de toute la terre. Is., liv, 5. Jésus-Christ sera appelé, par conséquent sera Fils du Très-Haut, Luc, I, 32, Fils de Dieu, Luc, i, 35, Nazaréen, Matfh., ii, 23, Adèle, Apoc, xix, 11, et Verbe de Dieu. Apoc, xix, 13. Jean-Baptiste sera appelé et sera prophète du Très-Haut. Luc, i, 76. Le premier né est appelé saint, c’est-à-dire est consacré à Dieu. Luc, ii, 23. Les pacifiques seront appelés, c’est-à-dire seront enfants de Dieu. Matth., v, 9. Suivant leur fidélité à la loi de Dieu, les disciples seront appelés et’par conséquent seront petits ou grands dans le royaume des cieux. Matth., v, 19. De même, les restes d’Israël seront appelés saints, Is., iv, 3, et Israël lui-même sera appelé réparateur des brèches et restaurateur des chemins. Is., l viii, .12. La maison de Dieu sera appelée, c’est-à-dire devra être et sera la maison de la prière. Is., lvi, 7 ; Matth., xxi, 3 ; Marc, xi, 17. Jérusalem sera appelée et sera « ville fidèle », Is., i, 26 ; non plus « délaissée », mais « mon plaisir en elle », Is., lxii, 4 ; « recherchée, ville non délaissée, » Is., lxii, 12 ; « ville de vérité, montagne sainte, » Zach., viii, 3. Par contre, Babylone cessera d’être appelée et par conséquent d’être « souveraine des royaumes ». Is., xlvii, 5. On remarquera que cette location ne se trouve guère que dans Isaïe, et dans la^partie des Évangiles qui a une couleur plus sjiécialestteni tfébraïque. La conception d’une relation ttfès.étMstéshtre le nom et l’être qu’il désigne se retrouve dîailleurs chez tous les peuples sémitiques.

.3 ? Signification des noms. — 1. Pour les Hébreux « jOUîB, e pour les autres peuples sémitiques, les noms propres avaient toujours un sens, qui servait à fixer un

fait, un détail plus ou moins important, ou constituait une invocation religieuse ou une sorte de profession de foi. Quand des récits passaient d’un peuple à un autre, ce dernier avait soin de transposer les noms propres dans sa propre langue, afin de leur prêter un sens et d’en faire des éléments mnémotechniques. Il est certain, par exemple, que le premier homme et la première femme n’ont pas porté des noms hébreux, pas plus que leurs descendants nommés jusqu’à Abraham. Pourtant, les noms d’Adam, d’Eve, de Caïn, d’Abel, de Seth, de Jubal, de Noé, etc., ont une forme hébraïque et un sens dans la langue des Hébreux. C’était une nécessité. Des noms étrangers n’auraient pas été conservés par la tradition populaire.

2. Les auteurs sacrés, surtout dans les plus anciens temps, indiquent fréquemment la signification des noms. Quand ces noms désignent des personnes, le sens de ces noms a été inspiré par des circonstances très diverses, mais presque toujours sans rapport avec le caractère ou le rôle historique du personnage, puisque ces noms étaient donnés à la naissance. La Genèse explique ainsi les noms d’Eve, iii, 20 ; de Caïn, iv, 1 ; de Seth, iv, 25 ; de Noé, v, 29 ; d’Abraham, xvii, 5 ; d’Isaac, xxr, 6 ; d’Esaû et de Jacob, xxv, 25 ; des fils de Jacob, xxix, 32, 33, 34, 35 ; xxx, 6, 8, 11, 13, 18, 20, 24, et de Joseph, xli, 51, 52 ; de Phares, xxxviii, 29. Le nom de Moïse est également expliqué au commencement de l’Exode, ii, 10. Noémi trouve que le nom de Mara « amertume », se justifierait mieux pour elle. Ruth, i, 20. Le nom de Samuel,

I Reg., i, 20, est aussi expliqué. Ensuite, cet usage disparaît des livres historiques. Dans les prophètes, on trouve encore des noms propres dont le sens prophétique est spécialement noté. Is., viii, 8 ; Ose., i, 4, 6, 9. Dans le Nouveau Testament, le nom de Jésus est expliqué par l’ange, Matth., i, 21, et le Sauveur explique lui-même le nom de Pierre, quand il le donne à son apôtre. Matth., xvi, 18. Presque tous les autres’noms d’hommes et de femmes qui se rencontrent dans la Bible ont un sens en hébreu. Ce sens est indiqué dans les articles du Dictionnaire, quand il est connu ; mais ils proviennent quelquefois de racines dont nous ignorons le sens. Sur le nom de Marie, voir t. v, col. 774.

3. Les noms propres de lieux sont, au point de vue de l’histoire, plus importants encore que les noms d’hoinines ; car ils fixent pour toujours des traditions et tirent eux-mêmes leur signification d’un fait que l’on a trouvé digne de mémoire. Ces noms sont fréquemment expliqués par les auteurs sacrés. Il en est ainsi, par exemple, pour Babel, « confusion, » Gen., xi, 9 ; Segor, « petite, » Gen., xix, 20, 22 ; Bersabée, « puits du serment, » Gen., XXI, 31 ; Éseq, « querelle, » et Rechoboth, « largeur, » noms de deux puits. Gen., xxvi, 20, 22 ; Bethel, i maison de Dieu, » Gen., xxviii, 17, 19 ; xxxv, 7 ; Abel-Misraïm, « deuil de l’Egypte, » Gen., L, 11 ; Mara, « amertume, » Exod.. xv, 23 ; Massah etMeribah, « contestation, » Exod., xvii, 7 ; Thabéera, « incendie, » Num., xi, 3 ; Horma, « anathème, » Num., xxi, 3 ; Galgala, de gâlal « rouler, » Jos., v, 9 ; Achor, de’âkar, « troubler, » Jos., vil, 25, 26 ; Bokim, « les pleurs, » Jud., ii, 5 ; Ramath Léchi, « hauteur de la mâchoire, » Jud., xv, 17 ; Ében-Ézer, « pierre du secours, » III Reg. vii, 12 ; Séla’-Hatnmahleqôt, « rocher de l’évasion, » I Reg., xxiii, 28 ; Ifelqaf Hasûrim « champ des tranchants, »

II Reg., ii, 16 ; BaalPharasim, « mont des divisions, » II Reg., v, 20 ; Is., xxviii, 21 ; Phéretz-Oza, « percussion d’Oza, » II Reg., vi, 8, etc. Dans le Nouveau Testament, ; on ne voit expliqués, à l’usage des étrangers, que Golgotha, « lieu du crâne, » Marc, xv, 22 ; Siloé, « envoyé, » Joa., ix, 7, et Haceldàma, « champ du sang. » Matth., xxyii, 8 ; Act., i, 19.

4. Très souvent, les nomspropres des Hébreux n’ont aucun rapport avec le personnage qu’ils désignent. Ainsi Agabus, - Act., xi, 28, peut venir de hâgdb, n sauterelle, »