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LECTIONNAIRES

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provenant des usages locaux, cet ordre a subi au cours des âges des modifications qui n’ont pas encore été étudiées. Une des plus importantes est que la leçon prophétique qui, au temps de saint Chrysostome, précédait la leçon apostolique et la leçon évangélique, Hoin. in inscript, altaris, 3, t. ii, col. 71 ; In Act., Hom. xxix, 3, t. lx, col. 217, fut supprimée dans le courant du y siècle. Les plus anciens livres liturgiques du rite byzantin ne la connaissent plus, tandis que la liturgie arménienne, qui est une forme ancienne de la liturgie byzantine, l’a conservée. Quand le sectionnement liturgique eut été fixé, on se servait encore de manuscrits à texte continu. On se contentait d’indiquer aux marges, à l’aide de rubriques, le commencement et la fin des leçons. Il reste encore aujourd’hui de ces manuscrits ainsi adaptés à l’usage liturgique. Le Codex Lugdunensis Pentateuchi (en latin) est de ce genre. Voir l’édition d’U. Robert, in-f », pars post, Lyon, 1900, p. XIII, etc. On trouve souvent au début une table des leçons afférentes aux dimanches et aux fêtes. Cette table est désignée en grec par le nom de <ruvà|aptov et en latin par celui de Capilulare. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 106, 160, .186 ; . S. Bàumèr, Gesckickte des Breviers, Fribourg-eri-Brisgau, 1895, p. 265266 ; F. Probst, Liturgie des vierten Jahrhunderts und deren Reform, Munster, 1893, p. 161, 205.

Mais on en vint bientôt à découper dans les livres bibliques les leçons des différents jours de l’année et à former des Lectionnaires proprement dits. Une feuille d’un Évangéliaire du Ve siècle nous est parvenue. A. partir du vme siècle, les Lectionnaires isolés sont nombreux. Ils sont en écriture onciale ou en écriture cursive. Cependant, on n’en a pas fait, comme pour." les manuscrits à texte continu, deux classes distinctes. Les listes qu’on en a dressées confondent les onciaux et les cursifs. Les premières de Matthâi et de Scholz : étaient bien incomplètes, Scrivener, À plain introduction : to tiie criticism of thé N. T., 4e édit., Cambridge ; p : 80-89 ; Gregory, Prolegomena, fasc. 2, Leipzig, 1890, p. 695791 ; fasc. 3, 1894, p. 1313, les avaient complétées. L’abbé P. Martin a décrit ceux qui se trouvent à Paris, Description technique des manuscrits grecs relatifs au N. T., conservés dans les bibliothèques de Paris (Hthog.), Paris, 1884, p. 136-174. Gregory, Texlkriiik des Neuén Testaments, Leipzig, 1900, t. i, p. 387-478, a publié une liste de 1072 Évangéliaires et de 303 Épistolaires. Dès le XVIe siècle, on a imprimé des Lectionnaires grecs. Les premières éditions ne reproduisaient pas le texte des manuscrits, mais celui des éditions de Ximénès et d’Érasme. Voici quelques éditions signalées par Gregory, op. cit., t. i, p. 341-342 : Iipdv eùayYéXiov, Venise, 1539 ; ©etov xcù tépov sùayYÉXto-j, Venise, 1614 ; 2e édit., 1645 ; ©etov xat lèpôv eùayYÉXiov, 1851 ; ’A7c15<rToXo ; , 1844 ; Athènes, 1885. Une édition in-folio de l’évangéliaire grec a paru à Rome en 1880, et une de 1°Atiô<jtoXo< ; en -1882.

III. Plan des Lectionnaires grecs. — Ne pouvant tenir compte des nombreuses divergences que présentent les manuscrits, nous nous contenterons de décrire le plan général et uniforme des Lectionnaires. L’Évangile et l’Apôtre sont divisés en deux parties : la première, qui commence à la fête de Pâques, contient seulement les évangiles et les épîtres des dimanches et constitue proprement l’année liturgique ; la seconde, qui part du mois de septembre (ancien commencement de l’année), contient les leçons lues aux fêtes des saints, disposées mois par mois de septembre à août.

La première partie n’a pas de nom distinct dans le Lectionnaire ; mais dans les listes préliminaires, elle est au début du SuvaÇâpiov. Pour l’Évangile, elle commence par celui de saint Jean, dont la lecture’se prolonge, sauf quelques exceptions, pendant sept semaines jusqu’au dimanche de la Pentecôte. Dans le même in-.

tervalle de temps, on lit, comme à l’époque de saint Chrysostome, les Actes des Apôtres. À partir du lundi de la Pentecôte, l’Évangile de saint Matthieu est lu dix-sept dimanches consécutifs. Durant les onze premières semaines, il fournit encore les évangiles de tous les jours de chaque semaine ; mais à partir de la douzième, les évangiles du lundi au vendredi sont empruntés à saint Marc, ceux du samedi et du dimanche étant encore tirés de saint Matthieu. Le dimanche qui suit la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre), commence la lecture de l’Évangile selon saint Luc. Elle se poursuit pendant dix-huit semaines jusqu’au Carême. Les évangiles de chaque jour sont empruntés à saint Luc pendant les douze premières semaines. À partir de la treizième, le troisième Évangile fournit encore les leçons du samedi et du dimanche ; mais celles des cinq autres jours sont dès lors prises en saint Marc. Dès le samedi qui précède, le dimanche du Tyrophage, ou premier dimanche de Carême, l’Évangile est emprunté à saint Matthieu. Les évangiles des samedis et dimanches de la sainte Quarantaine forment le groupe spécial, dont nous avons déjà, parlé, .les ; EiayysXîa CTaêêxrox-jptaxâ. Ceux de « la sainte et grande semaine » sont en partie constitués par des fragmentsrde divers Évangiles. Deux groupes, diversement placés dans les manuscrits, conviennent encore à la semaine sainte : 1° les douze EÙayYsXia twv àytiov jrâOwv ; 2° les quatre evayYÉXia twv mpwv. Enfin un dernier groupe, qui est peut-être la partie la plus ancienne du lectionnaire, comprend les onze eùayyéXia iu>biva. : àya.<rcàmi.a, ou récits concernant la résurrection de Notre-Seigneur. Les Épltres de saint Paul et les Épîtres catholiques sont lues pendanttoutes les semaines durant lesquelles les évangiles sont tirés de saint Matthieu, de saint Luc et de saint Marc, c’est-à-dire à partir du lundi de la Pentecôte.

La deuxième partie du Lectionnaire grec porte, dans les listes des Évangiles et des Épîtres, le nom de Mu]vo-X 6y’ov - C’est un extrait du grand Ménologe. Celui-ci contient au complet les offices des saints. Le petit ménologe ne reproduit que les Épîtres et les Evangiles, lus aux jours des fêtes fixes, ou seulement leur indication. Cette partie du Lectionnaire est la plus variable, chaque église ayant ses fêtes spéciales et ses usages locaux. Toutefois, elle contient des évangiles et des épîtres pour le samedi et le dimanche avant l’Exaltation de la Croix, pour le dimanche après cette fête, pour les samedis et les dimanches avant Noël, avant et après l’Epiphanie. Il y a enfin des évangiles eîç Siaipôpou ? [ivir (iaç. Cf. Gregory, Textkrilik des Neuen Testaments, Leipzig, 1900, t. i, p. 343-386.

IV. Forme des leçons. — Les leçons liturgiques ne reproduisent pas purement et simplement le texte intégral dont elles sont tirées. Elles présentent deux particularités qu’il est important de signaler :

1° Au commencement et-i la fin de la plupart, on a supprimé, dans les récits évangéliques surtout, des circonstances de temps et de lieu trop précises pour être maintenues dans la leçon liturgique, et on les a remplacées par des expressions plus vagues ou plus générales. C’est ainsi que les Évangiles commencent presque tous par ces formules : ’Ev xÇ xaipû âxeiW, ou : E’tcv 6 Kipioç. Celle-ci est parfois développée en une phrase entière, telle que : Eïirev 4 K-ipio ; tt, v mxpaëoXïiv Ta’JTïjv ou 7tpo ; toyç iXrjXuôfiTa ; 7tpbç a-jxôv’Iou-Satouç. Les exemples de ces additions abondent, et dans les manuscrits adaptés à l’usage liturgique, elles sont écrites aux marges. Lorsqu’une section est lue à des jours différents, les débuts varient selon les circonstances. Des changements analogues sont encore, quoique moins fréquemment, opérés à la fin des sections. Dans ce cas, on se contente le plus souvent de modifier un peu la finale. Plus rarement, on ajoutait une phrase faite exprès pour la circonstance.. Or, souvent les modi-