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LECTIONNAIRES


giques contiennent ou des fragments des Évangiles ou des rubriques concernant les leçons ecclésiastiques. Mais ces livres n’ont pas encore été étudiés au point de vue particulier qui nous occupe, et désormais nous ne parlerons plus que des EOaYY^)’» et des’Ait<5<rtoXoi. Cf. Martinov, Annus ecclesiasticus, grxcoslavicus, Bruxelles, 1863. Sur les livres liturgiques des Grecs, on peut consulter L. Allatius, De libris ecclesiasticis Grsecorum ; In libros ecrlesiasticos Grsecorum triodium, pentecostarium, paracleticum examen, Paris, 1644 ; ouvrages reproduits par Fabricius, Bibliotheca grseca, Hambourg, 4712, t. v ; G. Cave, Dissertatio secunda de libris et officiis ecclesiasticis Grsecorum, dans Script, eccl. hist., Genève, 1705, appendice, p. 179-193 ; Ducange, Glossarium ud scnplores médise et infimse latinitatis, Paris, 1733, t. iv, col. 173-174 ; Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1886, t. IV, col. 1034-1035 ; Realencyelopàdie de Herzog, 3e édit., Leipzig, 1898, t. v, p. 652659.

II. Origine et uate des Lectionnaires. — Les plus anciens Lectionnaires qui nous restent sont un fragment, l’évangéliaire 1043, du iv* ou du Ve siècle, et les évangéliaires 348 et 349, du VIe siècle. Il y a peu de manuscrits de cette sorte antérieurs au viif siècle. Les Lectionnaires sont cependant d’origine antécédente, et la lecture de l’Écriture aux offices liturgiques remonte au berceau même de l’Église. On estime généralement et non sans raison que l’usage de lire l’Écriture dans les réunions publiques a été emprunté par l’Église aux Juifs. S. Isidore, De eccl. nffie., i, x, 1, t. lxxxiii, col. 744-745. Ceux-ci lisaient chaque samedi à la synagogue une section du Pentateuque et un morceau détaché des livres prophétiques. Act., xiii, 15, 27 ; xv, 12 ; Marc, xil, 26 ; Luc, iv, 16-21. Ils eurent d’abord un cycle de 153 parsiyôf, suivant lequel le Pentateuque était lu chaque trois ans, puis un autre de 54 pour la lecture complète du livre pendant une année. Ils choisirent dans les livres prophétiques 85 haf tarât, destinés à être lus les jours de sabbat et de fêtes. Cf. du Voisin, Observaliones ad proœmium Pugionis fidei, dans Martini, Pugio fidei, Paris, 1651, p. 97-103, 133-134 ; Vitringa, De synagoga vetere, 2e édit., 1726, p. 946-1015 ; O. Schmid, Ueber verschiedene Eintheilungen derlieil. Schrift, Graz, 1892, p. 4-13 ; E. Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898, t. ii, p. 455-456. Les cinq Megillôt étaient lus aux cinq grandes fêtes de l’année. Talmud de Jérusalem, traité Meghilla, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 198. On n’a pas la preuve directe que les Apôtres empruntèrent eux-mêmes aux Juifs la pratique de lire l’Écriture et le sectionnement liturgique usité. F. Probst, Liturgie derdrex ersten christlichen Jahrhunderte, Tubingue, 1870, p. 23. Il est vraisemblable que, le service des lectures publiques s’est organisé peu à peu dans l’Église. Ce qui est certain, c’est que les documents des trois premiers siècles témoignent de la diversité des usages suivant les temps et les lieux.

Saint Justin, Apol., i, 67, t. 71, col. 429, parle explicitement des réunions que les chrétiens de son temps faisaient chaque dimanche à la ville et à la campagne €t dans lesquelles ils lisaient, autant qu’il fallait, les mémoires des Apôtres, c’est-à-dire les Évangiles, et les écrits des prophètes. Tertullien, Apologetic., 39, t. 1, col. 468-469, rapporte aussi que dans les assemblées chrétiennes on lisait les lettres divines. Or, il dit, De prœscr., 37, t. 11, col. 49-50, que l’Église romaine joignait la loi et les prophètes aux écrits des Apôtres et des Évangélistes pour y nourrir sa foi. On peut conclure de ces deux textes rapprochés que ces quatre sortes de livres étaient lus dans les réunions liturgiques. Saint Cyprien, Epist., xxxiii, xxxiv, t. 11, col. 328, ordonnait des lecteurs pour lire publiquement l’Évangile du Christ. Les Canons d’Hippolyte et la Constitution apos tolique égyptienne, qui sont du 111e siècle, parlent du lecteur, àvayviifftriç, comme d’un ministre chargé d’un office public dans l’Église. Achelis, Die Canones Hip~ polyti, dans Texte und TJnters., Leipzig, 1891, t. vi, fasc. 4, ’p. 70, 119, 122. Le VIII » livre des Constitutions apostoliques, qui est du IVe siècle, parle, à propos de l’ordination épiscopale, c. v, t. 1, col. 1076, de la lecture de la loi, des prophètes, des Épitres et des Actes des Apôtres et aussi des Évangiles. D’après le Testamentum D. N. J. C., édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 24, 58, les lecteurs lisaient les prophètes et les autres leçons en un lieu déterminé, peu dislant de l’autel, mais c’était un prêtre ou un diacre qui lisait l’Évangile. Les Constitutions apostoliques, 1. II, c. lvii, t. 1, col. 728-729, donnent les mêmes renseignements ; elles indiquent, en outre, les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui étaient lus par les lecteurs. L’Écriture était lue, non seulement aux messes du dimanche, mais encore dans les vigiles et aux jours de station, le mercredi et le vendredi. Socrate, H. E., v, 22, t. lxvii, col. 636. Au IVe siècle, le samedi devint jour de synaxe. Constitutions apostoliques, 1. II, c. lix ; 1. V, c. xx ; 1. VII, c. xxvii ; 1. VIII, c. xxxiii, t. 1, col. 744, 904, 1013, 1133. Saint Épiphane, Exposit. fidei, 24, t. xlii, col. 832, dit que cet usage était particulier à certains lieux seulement. La Pérégrination de Sylvie mentionne les synaxes du samedi pour le Carême à Jérusalem, elle ne parle pas de celles du reste de l’année. Le concile de Laodicée (372), can. 16, prescrit d’ajouter, le samedi, la lecture de l’Évangile à celle des autres Écritures. Hardouin, Acta concil., t. 1, col. 783. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 218-221. Cet usage a probablement donné lieu aux leçons dites aaSëatoxupiixaî. Cassien, De cœnob. instit., ii, 5-6, t. xiix, col. 83, 89, 90, . relate les usages de l’Egypte et de la Thébaïde.

Pendant longtemps, les lectures étaient faites dans les livres bibliques eux-mêmes, soit isolés, soit groupés de diverses façons. Le président de l’assemblée déterminait les passages à lire et arrêtait le lecteur quand il le jugeait à propos. Mais, vers la fin du IVe siècle, on constate à Antioche un sectionnement réglé, et il semble que, pour chaque dimanche et chaque fête, il y avait un texte assigné d’avance. Des renseignements précis, fournis par les homélies de saint Chrysostome, le montrent bien, La Genèse était lue dès le commencement du Carême jusqu’à la grande semaine. In Gen., Hom. 11, 3 ; Hom. xxx, 1, t. lui, col. 27, 274 ; In Gen., Serm. 1, 1, t. liv, col. 501. Un passage de la passion, Matth., xxvii, 27-29, était lu le samedi saint. In Matth., Hom, lxxxvii, 1, t. LVlll, col. 770. C’était une règle établie par les anciens qu’on lût le livre des Actes à la Pentecote, parce que ce livre raconte les événements dont on célèbre alors l’anniversaire. C’est pour la même raison qu’aux jours de la croix, de la résurrection et des autres fêtes, on lit les récits qui s’y rapportent. Homil., CurinPentecoste…, n. 3-5, t. li, col. 101-105. Les Épitres de saint Paul étaient entendues trois ou quatre fois par semaine aux fêtes des martyrs. Comment, in Epist. ad Rom., t. lx, col. 391. Cf. In Reb., Hom. viii, 4, t. lxiii, col. 75-76. L’Épitre de l’Epiphanie était tirée de Tit., 11, 11-13. De baptismo Christi, n. 2, t. xiix, col. 365. Quand Chrysostome commente l’Évangile de saint Matthieu qu’on Ht alors à l’église, il recommande aux fidèles, comme il l’a fait pour les autres livres de l’Écriture, de lire d’avance la péricope qu’il doit expliquer. In Matth., Hom. 1, 6, t. lvii, col. 21. Cf. Hom. vi, 4, col. 66. La plupart des homélies de Chrysostome sur saint Matthieu et saint Jean coïncident a.vec les leçons de l’office. Il en est de même des homélies de saint Cyrille d’Alexandrie sur saint Luc.

L’ordre des leçons adopté à Antioche a passé à Constantinople, et de cette dernière ville dans toutes les Églises grecques orthodoxes. Sans parler des divergences