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NO-A.MON


p. 84-88 ; Seconde note sur Nouit-Risit, loc. cit., t. xxvii, 1905, p. 183-187. De son travail, il résulte que la Nout du Sud, que nous avons rendue par ville ou domaine, désignait dans les textes hiéroglyphiques Thèbes et son district. Thèbes fut bien pendant longtemps la métropole du sud et la capitale des souverains, mais elle eut toujours sa vie communale propre et son territoire. De ce chef elle jouissait d’une administration particulière. Legrain, Note, loc. cit., p. 85-86. Son étendue paraît avoir répondu à la commune actuelle de Louxor, c’est-à-dire mesurer une longueur d’environ 45 kilomètres. M. Legrain le déduit d’un texte de la tombe de fiekhmara où sont énumérées toutes les communes de la province du sud. La commune de Thèbes aurait été comprise entre Rizagat au midi et Gamoulah au nord. Note, loe. cit., p. 86-88. Cf. Newberry, The life of Rekhmara, pi. ni et p. 24, pi. v-vi et p. 26-29. C’était là le domaine d’Amon, régi par un gouverneur et un maire sous la haute autorité du vizir qui administrait toutes les communes de Siout à Assouan. « Au-dessous de ces trois fonctionnaires principaux, se rangent des cheikhs, des employés municipaux de grades différents et des bourgeois. Viennent ensuite les gens du commun, serfs ou esclaves, n’ayant aucun droit municipal ni vie politique. Tout ce monde appartenait au fief d’Amon, en vivait et le faisait valoir. C’est ce que semble indiquer la Version des Septante qui pour rendre exactement le No-Amon

hébreu, Nàhum, iii, 8, la w l^^, des textes hiéroglyphiques, traduit par ttjv fieplSa’Afifuàv, portion ou possession d’Amon. » Seconde note, Loc. cit., p. 183. Il en fut ainsi tant que Thèbes n’eut pas été ruinée par les Perses et qu’on n’eut pas usurpé les biens des temples. C’est précisément de l’époque antérieure aux Perses que parlent de façon explicite Etienne de Byzance et Eustathe. Ils paraissent donc nous donner l’étendue du fief d’Amon ; et leurs 400 et 420 stades, soit 40 ou 42 kilomètres, ne s’écartent point trop, pense M. Legrain, des 45 kilomètres assignés à la Nout-Risit. En résumé, d’après ce qui précède, nous connaîtrions la longueur de Diospolis au temps de Diodore et de Strabon : 14 kilomètres environ ; nous connaîtrions aussi l’étendue du domaine d’Amon. Mais les temples n’étaient que des centres, la ville proprement dite rayonnait au delà ; au sud de Medinet-Habou, par exemple, il y eut le palais d’Aménophis III : il reste donc encore, et peut-être qu’il restera toujours, de connaître la véritable étendue de la Thèbes hécalompyle ou aux cent portes d’Homère.

III. Thèbes monumentale et v le dieu Amon. —A l’origine Thèbes ne fut qu’une bourgade aussi obscure que son dieu. « Sur les monuments des six premières dyaasties publiées jusqu’à ce jour, dit Maspero, j’ai trouvé une seule fois, dans un nom propre, le nom du grand dieu de Thèbes, Amon, le seigneur des deux mondes, le patron de l’Egypte au temps des conquêtes syriennes. » Hisl. anc. des peuples de l’Orient, 6e édit., Paris, 1904, p. 108. En 1903, Percy E. Newberry découvrit dans la nécropole thébaine, au sud-est de l’Assassif, une tombe de la fin de la VIe dynastie. Il remarqua ce fait étrange que dans ce tombeau d’un prince de Thèbes on ne mentionne ni le nom d’Amon, ni le nom de la ville de Thèbes. Par contre on y cite Erment et Dendérah avec leurs divinités respectives, Mentou et Hathor. À sixth dynasty Tomb at Thèbes, dans les Annales du Service des Antiquités de l’Egypte, t. iv, 1903, p. 99-100. Mais Thèbes était admirablement située, à 720 kilomètres du Caire, sur la rive droite du fleuve, au centre d’une vaste et-fertile plaine. Sur la rive opposée, « juste en face d’elle, la chaîne libyque lance un rameau escarpé, entrecoupé de ravines et de cirques arides, et séparé de la kerge par une simple langue de terre cultivée, facile à défendre. » Maspero, Histoire de l’Orient classique, 1. 1, p. 453. C’était une capitale toute désignée, un centre

et un point d’appui d’où l’Egypte jetterait ses armées au sud pour conquérir le Soudan, au nord pour asservir, chasser les envahisseurs et atteindre l’Euphrate. Vers elle affluerait le commerce des bords du Golfe persique et de la mer Rouge par la route de Coptos, de l’Afrique par le Nil, les routes du désert et les oasis. C’est ce que semble avoir vaguement deviné la famille des Antef et des Mentouhotep qui organisa la lutte contre les dynasties héracléopolitaines, finit par mettre la main sur toute l’Egypte et fonda la XIe dynastie. Du coup Amon

Le dieu Khonsou.

Portrait de la fin de la XVIIIdynastie, représentant vraisemblablement Horemheb ou Harmhabi.

se dégage de l’ombre et partage les hommages avec Mentou. Sous la XIIe dynastie, celle des Aménémhat et des Osortésen, il prend décidément le premier rang comme dieu local thébain : il est déjà celui que Jérémie, xlvj, 25, appellera plus tard Amon de No. Mentou n’est plus que le second membre de la triade de Thèbes, encore est-il vite détrôné par le dieu lunaire Khonsou (fig. 443). Cf. E. de Rougé, Étude des monuments du massif de Karnak, dans les Mélanges d’archéologie égyptienne et assyrienne, t. i, p. 38. Associé désormais à Moût, la mère, et à Khonsou, le fils, Amon est identifié au soleil, devient Amon-Ra et a le pas sur tous les autres dieux de la région. Voir une reproduction de la triade, thébaine, t. i, fig. 118, col. 487. À la suite des Antef, tous les pharaons du Moyen Empire « élèvent dans Rarnak leurs monuments à leur père Amon, Seigneur des deux mondes ». Les fragments de colonnes polygonales à seize pans, les piliers, les tables d’offrandes aux reliefs exquis, les statues en granit d’un beau travail, mis au jour ces dernières années, nous disent assez que nous sommes loin de l’édicule primitif qui abrita le dieu « né dans Karnak dès le commencement ». Stèle du Louvre A. 68, dans Pierret, Études égyptologiques, t. i, p. 8 ; E. de Rougé, Textes géographiques d’Edfou, pi. xxi et p. 58. Ils nous disent aussi que la fortune du dieu et celle de Thèbes sont en raison directe de la fortune de la famille royale qui, sous la XIIe dynastie, mena si haut et si loin la civilisation égyptienne. Pour tout