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NÉERLANDAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE


supprimant les additions de source étrangère, et en ajoutant tous les autres livres de l’Ancien Testament excepté les Psaumes. Dès l’année suivante, elle était utilisée par l’éditeur de la Bible en bas-allemand deQuentel à Cologne. Voir Moll, dans les Verslagen en mededeelingen der koninklyke À cademie van Wetenschappen, II série, t. vii, Amsterdam, 1878, p. 294. Malheureusement la Bible de Delft de 1477 n’a été réimprimée qu’une seule fois, dans YAncien Testament qui parut en 1525 (à Anvers ?) chez Hans van Ruremunde. Ici le teste de Delft est revu sur la Vulgate, le Pentateuque est remplacé par une autre version, et les Psaumes sont ajoutés. Mais dans l’entretemps on avait fait un pas en arrière en publiant à Anvers, 1513, 1516, 1518 (deux fois), chez Clæs de Grave et Thomas van derNoot, la Bibel int Corte, « Bible abrégée. » C’était une édition de la seconde Bible historiale, plus ou moins corrigée. Isaac Le Long, Boekzaal der Nederduitsche Bybels, Amsterdam, 1732, p. 406, la traite de « falsification catholique faite à dessein », Les Protestants d’aujourd’hui sont plus modérés dans leurs jugements et reconnaissent que l’édition de 1518 était sérieusement corrigée. Mais décidément on avait tort de s’écarter du chemin frayé par les éditeurs de Delft. Voir H. van Druten, Geschiedenis der Nederlandsche Bybelvertaling, Leyde-Rotterdam, 1895-1905, t. i, p. 322. — Les Psaumes aussi étaient alors traduits depuis longtemps. Une traduction rimée des Psaumes pénitentiaux et quelques autres fragments, publiés par G. J. Meijer dans les Nieuwe Werken van de Maalschappy van Nederlandsche Letterkunde, t. v, Dordrecht, 1841, p. 187-240 (voir aussi Ebbinge Wubben, p. 204-209), semblent dater du commencement du XIVe siècle. Une version du Psautier complet a dû suivre bientôt, car ce livre paraît avoir été le premier qui soit traduit en néerlandais. Il est même certain qu’il y a eu plusieurs versions indépendantes ; mais sous ce rapport les textes dispersés dans une soixantaine de manuscrits sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets. Dans quatre manuscrits le texte est enrichi de gloses. Toutes ces versions suivent la Vulgate, mais un des traducteurs, probablement le premier, parait s’être servi aussi d’une version française. Historiquement on connaît comme traducteurs et glossateurs : Geert Groote, le célèbre fondateur des Frères de la vie commune, f 1384, et Jean Scutken, membre éminent de la même confrérie, f 1423. On est porté à leur attribuer la recension, ou plutôt la version la plus remarquable, dont Van Druten ne connut que le seul manuscrit 235 de la Maatschappy van Nederlandsche Letterkunde à Leyde, mais qui de fait se retrouve dans plus de "vingt autres] manuscrits. Voir Ebbinge Wubben, p. 175. Quant à ce Psautier Walther, Die deutsche Bibelûbersetzung. .., col. 700, renchérit encore sur les éloges faits à la Bible historiale de 1360. Aussi c’est cette version seule qui a été propagée par la presse. Elle a eu au moins dix éditions entre 1480 et 1509. Voir Van Druten, Geschiedenis, t. i, p. 38-40. — Le Cantique était également très goûté dans les cercles pieux du xive et du xve siècle. Il en existe plusieurs versions, encore trop peu connues, dans environ 45 manuscrits, dont plus de trente ajoutent de longs commentaires.

Quant au Nouveau Testament, c’est la partie principale historique, la vie de Notre-Seigneur, qui a été la première à se répandre en langue néerlandaise. Après la Bible rimée de Van Mærlant il y en a deux autres de forme poétique : une de Jean Boendale (1325-1330), dans le livre : Der Leken Spieghel, le miroir des laïques, publiée à Leyde en 1845 par M. de Vries, et une autre, d’un auteur inconnu de la même époque, mais d’une valeur poétique supérieure : Vanden levenexms Heren, publiée par P. J. Vermeulen à Utrecht en 1843. Une Vie de Jésus en prose de 1332 a été éditée à Groningue en

1835 par G. J. Meijer ; comp. quelques fragments, publiés par J. J. Nieuwenhuysen dans la Dietsche Warande, t.’m, Amsterdam. 1857, p. 239-241 ; et l’édition de J. Bergsma dans la Bibiiotheek van Middelnederlandsche letterkunde, Groningue, 1895-1898. Il en existe plusieurs autres en manuscrit, qui sont toutes des imitations des Vies de Notre-Seigneur de saint Bonaventure et de Ludolphe de Saxe. Voir Moll, Johannes Brugman, Amsterdam, 1854, t. ii, c. I et Appendices ; les registres des sources de J. Verdam, Middelnederlandsch woordenboek, La Haye, 1885 sq. (encore inachevé) ; L. D. Petit, Bibliographie van Middelnederlandsche taal-en letterkunde, Leyde, 1888. L’usage général qu’on faisait de ces Vies de Jésus-Christ et de certaines harmonies des Évangiles, explique le fait, à première vue assez étrange, que toutes les Épttres du Nouveau Testament, les Actes des Apôtres et même l’Apocalypse ont été traduits en néerlandais (vers 1360) avant les Évangiles. Néanmoins ceuxci étaient déjà traduits avant l’année 1391. Van Druten connaissait quarante-trois manuscrits complets ou partiels du Nouveau Testament, et la liste est évidemment encore incomplète. Voir C. G. N. de Vooys, lets over middeleeuwse Bybelverlalingen dans le Theologisch Tydschrift, 1903, p. 113, 114. Mais le Nouveau Testament ne semble pas avoir été répandu par la presse avant le commencement du xvie siècle. Alors parurent les Actes et l’Apocalypse à Leyde chez Jean Severse (1512 ?), et à Anvers chez Clæs de Grave — et le Nouveau Testament en entier en 1518 à Delft et à Kampen. Voir Le Long, Boekzaal, p. 503. Aussi les premières éditions de Jacques van Liesveldt à Anvers, qui publia les Évangiles en 1522, les Épîtres de saint Paul, probablement en 1523, et peu après les Épîtres catholiques, reproduisirent encore la version ancienne avec quelques modifications d’après la Vulgate. — Au contraire les Epistolaires et Evangéliaires, collections de toutes les péricopes ecclésiastiques de l’année liturgique, ne sont représentés que par d’assez rares manuscrits. Van Druten n’en cite que quatre, dont un de 1348. De Vooys, p. 148, en connaît cinq (ou sept ?) autres. Mais dès le xve siècle, les éditions imprimées étaient nombreuses : on en connaît d’Utrecht (1478), de Delft (1481, 1484), de Cologne (1482), de Harlem (1486), de Zwolle (1487, 1488, 1490), de Leyde (1488), de Déventer (1493, 1496), d’Anvers (1496), etc. Une version ancienne de l’Apocalypse est publiée par O. Behagel dans la Zeitschrift fur deutsches Alterthum, t. xxii, Berlin, 1877, p. 97-142. Remarquons en terminant cette partie que toutes les versions de cette époque sont évidemment des versions catholiques. C’est à tort que L. Relier, Die Reformation und die ûlteren Reformationsparteien, 1885, p. 256, en défendant sa fausse hypothèse de l’origine vaudoise de la première version allemande du Nouveau Testament, a cru découvrir des « corrections catholiques » dans un manuscrit néerlandais, originaire de Zwolle. Voir Van Druten, Geschiedenis, 1. 1, p. 224-244. Aussi, jusqu’ici, il n’y a aucune trace d’intervention de la part de l’autorité ecclésiastique ou civile.

III. Troisième époque. — Ici s’ouvre une époque d’activité remarquable, de luttes et de confusion. On y trouve bon nombre de versions, de corrections et d’éditions catholiques et protestantes, et plusieurs autres d’origine hybride ou de tendance douteuse, fruits d’un certain esprit de conciliation, ou plus souvent de spéculation purement mercantile. Il est douteux, îpar exemple, de quel côté il faut ranger la traduction du Nouveau Testament, d’après la troisième édition de la version latine d’Erasme (1522), qui parut à Delft en 1524 chez Corneille Heynrickz, et qui semble avoir eu une dizaine d’éditions, en partie revues de pouveau sur la Vulgate. C’est le cas du moins de-l’édition donnée en 1527 par Michel Hillen van Hoogstraten à Anvers. Un travail antérieur, basé sur le texte d’Érasme, l’Évangile