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NEERLANDAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE


    1. NÉERLANDAISES##

NÉERLANDAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE.

— D’après une terminologie assez usitée et fondée du reste dans la nature des choses nous comprenons sous ce nom les verrions flamandes et hollandaises. Ces deux branches du néerlandais, sorties d’une souche commune, sont restées toujours assez rapprochées l’une de l’autre, et de nos jours, nonobstant les frontières politiques, elles tendent visiblement à se rapprocher davantage ; tandis qu’au contraire le bas allemand, qui autrefois se confondait à peu près avec le néerlandais, est lentement mais sûrement absorbé par le haut allemand, déjà nommé communément l’allemand tout court.

L’histoire des versions néerlandaises dé la Bible se divise tout naturellement en quatre parties : 1° Il faut dire un mot sur les restes de versions anciennes dans les trois dialectes, dont la fusion a formé le néerlandais du moyen âge. — 2° Il y a l’époque exclusivement catholique, qui se termine à l’apparition de la première Bible protestante en 1523. — 3° L’époque de tâtonnements et de lutte, on pourrait dire : l’époque de confusion, qui aboutit pour les catholiques à la Bible de Moerentorf (1599), pour les protestants à la version officielle, appelée la Bible des États (Généraux), Statenbijbel (1637). — 4° L’époque de la domination de ces deux versions principales, époque qui, malgré bien des travaux postérieurs, ne semble pas encore définitivement terminée.

I. Premières versions. — On a cru qu’il a existé dès le vme siècle, une version des Psaumes en dialecte frison. C’est que dans la Vita Ludgeri d’Altfrid (Monumenta Germanise scriptorum, t. ii, Hanovre, 1821, p. 412) on parle de Bernlef, ménestrel frison, qui après sa conversion chantait à ses compatriotes les Psaumes qu’il avait appris de saint Ludger. Voir W. Moll, Kerkgeschiedenis van Nederland vôôr de hervomiing, Arnhem, 1864, t. i, p. 180, 371. Mais d’autres savants ont contesté la valeur historique du récit, et en tout cas, de cette version frisonne, rien n’est conservé. — Dé même il ne nous reste pas de version proprement dite dans le dialecte saxon. Pour le poème biblique, le Béliand, voir Versions allemandes, t. î, col. 374. En 1894, le professeur K. Zangemeister a trouvé dans la Bibliothèque du Vatican trois fragments d’un poème du même genre et de la même époque, peut-être du même auteur, dont le premier contient un dialogue entre Adam et Eve après la chute, le second a trait à Gen., iv, 9-vn, 4, le troisième à la destruction de Sodome. Gen., xviii, 1-xix, 26. Voir K. Zangemeister et W. Braune, Bruchstûcke der altsàchsischen Bïbeldichtung, Heidelberg, 1894. — Dans le dialecle bas-franc on connaît des restes d’une version des Psaumes comprenant Ps. i, 1-m, 5 ; xviii ; lui, 7-lxxiii, 9. Elle paraît dater du commencement du dixième siècle. L’auteur est inconnu, mais il semble avoir vécu dans le Limbourg hollandais actuel ou dans les environs. Ces fragments ont été publiés par F. H. von der Hagen, Niederdeutsche Psalmen aus der Karolinger Zeit, Breslau, 1816 (Ps. lui, 7-lxxiii, 9) ; en entier par M. Heyne dans ses Kleinere altniederdeutsche Denkmàler, Paderborn, 1866 ; 2< » édit. 1887. Comp. P. J. Cosijn, De oudnederlandsche Psalmen, dans le Taalen letterbode, t. iii, p. 25-48. 110-124, 257-270 ; t. iv, p. 149176, Harlem, 1872, 1873 ; A. Borgeld, De oudoostnederfrankische Psalmen : klanken vormleer, Groningue, 1899. Ces fragments n’ont du reste qu’un intérêt philologique, la version comme telle étant très médioere. Voir J. te Winkel, Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde, Harlem, 1887, p. 49. — Il existe une autre série de fragments de Psaumes, trouvés à Paris par Gédéon Huet, et publiés dans la Bibliothèque de l’École des chartes, t. xlvi, 1885, p. 496-502, sous le titre : Fragments inédits de la traduction des cantiques da Psautier en vieux néerlandais. Mais ce titre n’est pas

exact : le dialecte n’est pas le bas franc mais plutôt le franc moyen ou rhénan. Voir J. H. Gallée, dans le Tydschrift van de Maatschappy van Nederlandsche Letterkunde, t. v, Leyde, 1885, p. 274-289. Les deux séries de fragments sont traitées par W. van Helten dans Die altostniederfrânkischen Psalmenfragmente, die Lipsius’schen Glossen, und die altsûdmittelfrànkischen Psalmenfragmente… I. Teïl, Texte, Glossen und Indices, Groningue, 1902.

II. Versions de 1300-1522. — Les précurseurs des versions proprement dites étaient lés bibles historiales. La plus ancienne, la « Bible rimèe », Rymbybel, de Jacob van Mærlant (1271), publiée à Bruxelles par J. David en 1858, n’est guère qu’une imitation assez libre en vers de VBistoria scholastica de Pierre Comestor. Les ouvrages en prose qui l’ont suivie se rapprochent davantage du texte biblique. Le premier, composé en 1358, est l’œuvre d’un auteur inconnu. Certains détails lexicographiques ont fait penser à une origine hollandaise. Voir P. Leendertz dans De Navorscher, 1861, p. 343 ; S. S. Hoogstra, Proza-beiverkingen van het leven van Alexander den Groote in het middelnederlandsch, La Haye, 1898, p. xxxm sq. Cette première Bible historiale est conservée dans six manuscrits, Voir C. H. Ebbinge Wubben, Over middelnederlandsche vertalingen van het Oude Testament, La Haye, 1903, p. 3. Peut-être l’auteur s’est servi de la « Bible rimée », en la corrigeant par endroits d’après l’Histoire scolastique, mais sa source principale étaient les Livres Saints eux-mêmes, qu’il traduisait correctement et avec une certaine liberté. Tout en voulant donner une histoire continue, il reproduit en entier ou à peu près le Pentateuque, Josué, les Juges, Ruth, les quatre livres des Rois, Tobie, Daniel, Judith, Esdras, Esther, et les livres des Machabées. Pour compléter son histoire il y introduit quelques récits de source profane. Le petit nombre de manuscrits existants a fait penser que l’ouvrage n’a pas été répandu, ou plutôt qu’il a été supplanté de bonne heure par la seconde Bible historiale, dont nous possédons trente manuscrits complets ou partiels. Ici nous avons plutôt une version avec commentaires. Sous la rubrique texte ou texte de la Bible on donne la traduction des différentes péricopes d’après la Vulgate ; sous le titre Scholastica ou Scholastica histària on ajoute des développements ou des explications. En dehors des livres historiques de l’Ancien Testament il y a les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, la Sagesse, l’Ecclésiastique, le livre de Job, et les parties historiques — « ce qui appartient à l’histoire courante », dit l’auteur — d’Ézéchiel et de Daniel. Dans certains manuscrits on trouve ajoutés soit les péricopes ecclésiastiques tirées de l’Ancien Testament, soit une harmonie des Évangiles et un abrégé des Actes, soit encore des livres bibliques d’une version différente : le Psautier, les Lamentations, le prophète Jonas. La version a le double mérite d’être très fidèle et d’être pleine de force et d’onction. Un auteur allemand, W. Walther, Die deutsche Bibelùbersetzung tw Miltelalter, Brunswick, 1889-1892, col. 650 sq., la préfère à tous les travaux contemporains du même genre en langue allemande. Il est regrettable qu’on ignore le nom de l’auteur. Il doit avoir écrit vers 1360, peut-être dans les environs d’Alost en Flandre. Un détail dans le prologue du Cantique nous fait croire qu’il appartenait au clergé régulier. Il y raconte un fait qu’il ditTtenir d’un homme de son ordre : enen man …van onser ordenen. Dans Ebbinge Wubben, p. 88. Quelque temps plus tard, vers 1384, un autre traducteur, également inconnu, traduit en entier les livres d’Isaïe, de Jérémie avec les Lamentations, et très probablement celui d’Ézéchiel, quoique ce dernier ne se trouve dans aucun manuscrit connu.

La première Bible néerlandaise imprimée (Delft, 1477) reproduit le texte de la seconde Bible historiale, en