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NAZARETH — NÉAPOLIS


p. 303. Au xiie siècle, Jean de Wirzbourg, Descriptio Terne Sanctæ, t. clv, col. 1057, place également « le lieu dit le précipice » à un mille au sud de la ville. A l’époque des Croisades, le lieu, très visité, s’appelle Saltus Dornini, « le Sault du Seigneur. » Il porte encore aujourd’hui en arabe le même nom, Djebel el-Qafzéh, « la montagne du Saut. » On lit dans les Pelerinaiges por aler en Ihemsalem (vers 1231) : « De Nazareth au Saut Nostre Seignor si a une lieue. » Cf. H. Michelant et G. Raynaud, Itinéraires à Jérusalem, Genève, 1882, p. 100. Dans une très ancienne description arabe chrétienne des lieux saints, du xiif siècle, le nom de Qafzéh se trouve mentionné, bien que mal ponctué ; l’auteur signale en cet endroit l’existence d’un couvent arménien. Cf. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, t. i, p. 340. Cette tradition peuà la rigueur s’expliquer, dit-on, si par « la montagne » du texte évangélique, on entend, ’non pas un sommet isolé, mais le massif montagneux sur lequel) est bâti Nazareth. Il n’en est pas moins sûr qu’elle est moins conforme à ce texte et à la vraisemblance historique. — Nous avons, du reste, tenu à signaler toutes ces traditions, en raison des souvenirs que rappelle la cité galiléenne ; nous l’avons fait avec tout le respect qu’elles méritent, mais sans leur attacher d’autre valeur que celle qu’elles possèdent par elles-mêmes.

IV. Histoire. — L’histoire de Nazareth tient tout entière dans quelques versets de l’Évangile. C’est dans cette obscure « cité de^Galilée », que l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu pour annoncer à la Vierge Marie le mystère de l’Incarnation. Luc, i, 26. C’est de là que Joseph et Marie partirent pour Bethléhem, « la cité de David, » où devait naître le Messie, Luc, ii, 4 ; là qu’ils revinrent après la présentation au Temple et la fuite en Egypte. Luc, II, 39 ; Matth., ii, 23. Le Sauveur y passa son enfance et sa jeunesse, que l’Écriture résume d’un seul mot : « Il leur était soumis. » Luc, ii, 51. Lorsque l’heure fut venue de se manifester au monde, il abandonna sa tranquille retraite pour venir sur les bords du Jourdain, recevoir le baptême des mains de Jean-Baptiste. Marc, i, 9. Quelque temps après, Philippe de Bethsaïde annonçait à Nathanaël le Messie dans la personne de « Jésus, fils de Joseph, de Nazareth ». Et Nathanaël, dans son étonnement, s’écriait : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Joa., i, 45, 46. Il y a là une allusion ou à l’obscurité de la ville ou à la mauvaise réputation des habitants ou à quelque autre cause ; comme l’Écriture ne dit rien, chaque commentateur apporte ses raisons. La « fleur de Galilée » ne devait cependant pas être le théâtre d’action du Sauveur. Perdue dans un petit coin de la montagne, elle ne pouvait offrir à sa parole et à son zèle les mêmes avantages que les cités des bords du lac de Tibériade. Voilà pourquoi il la quitta et vint s’établir à Capharnaûm. Matth., iv, 13. Ses compatriotes, du reste, n’étaient guère disposés à recevoir les bienfaits de son enseignement. Il retourna, en effet, un jour de sabbat, dans la ville « où il avait été élevé », et, selon sa coutume, entra dans la synagogue dont nous avons parlé. Là, après avoir lu un passage du prophète Isaïe, il se mit en devoir de l’expliquer. Tous les yeux étaient fixés sur lui, et les assistants admiraient la sagesse de l’humble charpentier, a le fils de Joseph. » Mais bientôt la colère succéda à l’admiration, et, le chassant en dehors de la cité, ils l’auraient précipité du haut d’un rocher, si lui-même n’avait su échapper à leurs mains. Luc, iv, 16-30. Nazareth n’en a pas moins attaché son nom à celui de Jésus, « le prophète de Nazareth. » Matth., xx, 11. « Le Nazaréen » ou « le Nazarénien », tel fut le surnom du Christ. Matth., xxvi, 71 ; Marc, i, 24 ; x, 47 ; Luc, iv, 34 ; xviii, 37 ; Joa., xviii, 5, 7, etc. C’estle’litre qu’il porta sur la Croix, avec celui de « roi des Juifs ». Joa., xix, 19. Saint Jérôme, Onomastica sacra,

p. 143, fait remarquer que ce nom fut aussi donné par opprobre aux premiers chrétiens. — Ces quelques lignes résument, avec l’histoire de ses sanctuaires, toute la gloire de Nazareth. Elle n’a rien d’humain, mais elle suffit pour que notre piété donne à la bourgade galiléenne le même souvenir de vénération qu’à Bethléhem et à Jérusalem.

On trouvera dans Ma r Le Camus, Les enfants de Nazareth, Bruxelles, 1900, d’intéressants détails sur le caractère et les mœurs des habitants actuels de Nazareth, détails qui font revivre la vie d’autrefois dans la patrie du Sauveur.

V. Bibliographie. — E. Robinson, Biblical fiesearches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 333-343 ; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 442-450 ; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du Monde, t. xli, p. 53-59 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881, t. i, p. 275-279 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, central Palestine, NewYork, 1882 p. 310-322 ; V. Guérin, La Galilée, 1880, t. i, p. 83-102 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 72-78 ; La Palestine, par des professeurs de N.-D. de France à Jérusalem, Paris, lS04, p.428-439 ; G.Le Hardy, Histoire de Nazareth et de ses sanctuaires, Paris, 1905.

A. Legendre.
    1. NÉAPOLIS##

NÉAPOLIS (grec : Nia n6Xiç), ville et port de Macédoine (fig. 425). Saint Paul et’ses compagnons débarquè 425. — Monnaie de Néapolis de Macédoine. NEAD[0A.I£]. Tête de nymphe. — 1$. Gorgonium.

rent à Néapolis en allant de Troade en Macédoine. Act, xvi, 11. Néapolis était le port de Philippes qui était située en pleine terre, c’est donc aussi à Néapolis que s’embarque Saint Paul quand il retourne à Troade. Act., xx, 6. Les voyageurs identifient généralemeut Néapolis avec la ville moderne de Kavalla qui compte cinq ou six mille habitants, presque tous musulmans. On a trouvé en effet à cet endroit de nombreuses’ruines grecques et romaines. Le port de Kavalla est le meilleur de ces parages. La distance de Kavalla à Philippes est d’environ 12 kil., c’est-à-dire à peu près celle de Cenchrées à Corinthe ou d’Ostie à Rome. Kavalla est exactement au point où Appien, Bell, civil., iv, 106, place Néapolis entre Philippes et Thasos, à environ 12 kil. de la ville et à 16 de l’Ile. Cf. Dion Cassius, xlvii, 35. Voir W. M. Leake, Travels in northern Greece, in-8°, Londres, 1835, t. H, p. 180, cf. p. 217, 224. Cousinéry, Voyage dans la Macédoine, in 8°, Paris, 1831, t. ii, p. 119, place Néapolis à 12 kil. au sud-est de Kavalla, à Eski-Kavalla, où se tronve un vaste port, mais cette hypothèse a contre elle tous les textes anciens et l’existence des ruines trouvées à Kavalla. Strabon, vii, frag. 39, fait dépendre Néapolis de Daton, riche cité entourée de campagnes fertiles, de lacs, où se trouvaient des mines d’or très productives, et des chantiers de constructions’maritimes. Néapolis était un port très fréquenté, parce que la voie Egnatia qui passait auprès, le long de la mer, conduisait en Macédoine et de là aboutissait à Dyrrachium. Sur la rive opposée de l’Adriatique était situé le port d’Apulie, Egnatia, ou finissait la voie Appienne qui conduisait à Rome. Cf. G. L. Tafel, De via militari Romanorum Egnatia, in-8°, Tubingue, 1842. Pline, IV, 18 (42), place Néapolis en Thrace. Strabon, vii, frag. 39, et Ptolémée m, 13, la ratlachënt à la Macédoine. Elle était située sur la frontière des deux provinces, L. Heuzey et H. Daumet, Mission archéologique en Macédoine, 2 in-4°, Paris, 1876, t. i r p. 19. E. Beurlier.