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NAZARETH


forment, de leurs croupes arrondies, comme les bords gracieusement contournés de l’immense coquille sur les parois de laquelle elle repose. Quelques-unes de ces hauteurs, élevées en moyenne de quatre à cinq cents mètres au-dessus de la mer, sont dénudées, mais, sur les autres, des fleurs mêlées à des plantes aromatiques percent les broussailles de leurs brillantes couleurs. Sur le versant de la montagne, dont le sommet domine là ville, les maisons, presque toutes bâties en pierre de taille, s’étagent en détachant leur blancheur sur le vert tendre des oliviers et les sombres haies de cactus (fig. 416). Des terrasses soutenues par des murs permettent de cultiver différents arbres, entre autres de magnifiques figuiers et quelques dattiers. Au printemps, comme l’ont remarqué tous les voyageurs, et en parti mouvement commercial qui donnait tant de vie aux bords du lac de Tibériade.

2° Population et quartiers. — La population actuelle de Nazareth est d’environ 7 500 habitants, dont près de 2 000 musulmans, et le reste composé de grecs orthodoxes, de grecs-unis, de latins, de maronites et de protestants. La plupart se livrent à l’agriculture, au jardinage, ou à différentes industries, en particulier à la fabrication de couteaux et au commerce du coton et des grains. Les charpentiers y sont assez nombreux (fig. 417) et travaillent toujours dans un atelier distinct de la maison où demeure leur famille. Cet atelier est toujours au rez-de-chaussée et n’a pas d’appartement destiné à être habité. L’amour du travail amène chez les habitants de Nazareth une aisance relative, mais leur

415. — Plan de la ville de Nazareth. D’après Bædeker.

culier un savant naturaliste, M. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xli, p. 54, cette partie de la Galilée est un parterre non interrompu, formé surtout par des myriades d’anémones, de tulipes, d’iris, de scabieuses et de renoncules écarlates (Ranunculus asiaticus), qui remplacent là les bleuets et les coquelicots de nos blés. Au nord de la ville, la plus haute colline, le Aébi Sa’în (485 mètres d’altitude), offre, de son sommet, un splendide panorama (voir la carte de la Galilée, t. iii, col. 88) : en tournant les regards de l’est vers le sud et l’ouest, on aperçoit successivement le dôme arrondi du Thabor, le petit Hermon ou Djebel Dahy, les hauteurs du Gelboé, les montagnes de Samarie et la croupe allongée du Carmel, dont la pointe nord-ouest tombe dans les flots de la Méditerranée. Vers le nord s’étend la belle plaine de Battauf, dont les eaux alimentent le Cison ; puis plus loin, vers le nord-est, une série de dômes étages est dominée par la blanche et majestueuse tête du Grand Hermon. Le caractère particulier de Nazareth est celui d’une charmante et silencieuse retraite, bien faite pour abriter la vie cachée de l’Homme-Dieu. Elle est, en effet, séparée par sa barrière de collines et de la grande route qui passait par la plaine d’Esdrelon et du

réputation de turbulents et chicaneurs n’a, paraît-il, guère changé depuis le temps de Notre-Seigneur. Leur costume, un peu différent de celui des paysans de la Judée, est assez remarquable par le cordon de poil de chameau et le voile blanc qui constitue la coiffure. Les femmes, en habits de fête, portent une jaquette brodée de diverses couleurs et se parent le front et la poitrine de pièces de monnaie. Matin et soir, les Nazaréennes, dont un auteur ancien attribuait la beauté à un don de la Vierge Marie, viennent en longues files remplir leurs grandes urnes à forme antique à la source de la ville, qui porte encore le nom de’Aïn Miriam, « la Fontaine de Marie, » ou « Fontaine de la Vierge » (fig. 418). Rien de plus gracieux que l’attitude de ces canéphores ambulantes, qui rappellent la mère du Sauveur venant là même faire la provision du pauvre ménage. Un pan de leur écharpe enroulé forme une couronne sur laquelle l’amphore est posée en équilibre, légèrement inclinée sur le côté. La main droite saisit une des anses, tandis que le poing gauche s’appuie sur la hanche, pour faire contrepoids. <

La ville est divisée en plusieurs-quartiers : hdret elgharbiyéh, « quartier occidental, » habité par des grecs-unis, des latins et des musulmans ; au-dessous,