Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/752

Cette page n’a pas encore été corrigée
1451
1452
NABUTHEENS


dressées, tantôt isolées, tantôt réunies par groupe de deux ou trois. » Ph. Berger, L’Arabie avant Mahomet d’après les inscriptions, Paris, 1885, p. 19. Téïma, petite ville située au nord-est de Mêdaïn Sdlih, fut aussi un centre religieux important, comme le prouvent les intéressantes découvertes qu’on y a faites. Voir Thèma. Cf. G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. IV, Paris, 1887, p. 344-346, 389-394.

V. Inscriptions. — Les Nabatéens ont laissé des traces de leur passage tout le long des chemins qu’ils ont parcourus. On connaît les fameuses inscriptions sinaïtiques, dont le déchiffrement et l’explication ont si longtemps préoccupé le monde savant. Voir Sinaï. Le mystère qui les recouvrait a été singulièrement éclairci par les inscriptions nabatéennes qu’on a retrouvées ailleurs, dans les autres pays où se concentra davantage la vie du peuple dont nous résumons l’histoire, l’Arabie Pétrée, le Hauran et les contrées voisines du Hedjâï. L’épigraphie du Hauran ne date réellement que du voyage de MM. Waddington et de Vogué, dans le cours des années 1861 et 1862. Cf. M. de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, Paris, 1869, p. 100124. Avant eux, Burckhardt, Travels in Syria and the

lerins, de pâtres, de marchands, de nomades désœuvrés. M. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, t. iv, p. 191, a été amené à se demander si elles n’avaient pas, en général, un objet plus pratique : l’affirmation de droits de propriété ou de jouissance individuelle dans les terrains de pacage, les palmeraies et même les maigres maquis où pouvaient brouter les chèvres. Elles ont sans doute leur intérêt, mais elles ne fournissent : que de maigres indices sur la nationalité et le culte de leurs auteurs. Les autres se rencontrent sur les monuments et sont plus importantes. On en a retrouvé depuis l’Italie jusqu’aux contrées désertes de la Syrie et de l’Arabie que nous avons signalées. Ce sont exclusivement des ex-voto religieux ou des souvenirs funéraires ; les premiers nous apprennent que tel personnage a élevé une stèle à tel dieu ou bâti ou réparé son temple ; les seconds indiquent le nom de celui que renferma la tombe ou de celui qui a fait construire le mausolée, et sont en même temps des titres de propriété. Ce droit de propriété est assuré par une double sauvegarde : la malédiction des dieux et l’amende payée au roi.

VI. Langue et écriture. — La langue de ces inscriptions est l’araméen, qui, sous l’empire perse, prit une

uw /u* vynh flirta mbi <md wih

O’J V/31 1JUJ ^Jl HJW Va* "S IfhJDN

395. — Inscription nabatêenne de Hégra sur la porte d’un tombeau. D’après Ph. Berger, Histoire de l’écriture, 1891, p. 274. Traduction. — Ceci est le tombeau qu’a fait Aïdou, fils de Kohailou, fils d’Elkesai, pour lui-même et ses enfants et ses descendants, et pour quiconque apportera dans sa main un écrit en forme de la main d’Aïdou, valable pour lui et pour tout autre à qui aura accordé d’être eDterré ici [Aïdou de son vivant] etc. (Pour l’alphabet nabatéeD, voir t. i, col. 409.)

Holy Land, Londres, 1822, et Wetzstein, Reiseberxcht ûber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, n’avaient pris que des copies très imparfaites de quelques inscriptions. De nos jours encore, de nouvelles explorations ont enrichi les recueils épigraphiques. Cf. Dussaud et Macler, Mission dans les régions désertiques de la Syrie moyenne, extrait des Nouvelles archives des Missions scientifiques, t. x, Paris, 1903 ; séparément in-8° de 342 pages avec planches. En 1876-1877, un intrépide voyageur anglais, M. Ch. Doughty, découvrit dans la vallée A’el-Hedjr, au milieu des monuments dont nous avons parlé, de nombreuses et longues inscriptions. Cf. E. Renan, Documents recueillis dans le nord de l’Arabie, par Ch. Doughty, dans les Mémoires présentés par divers savants à V Académie des Inscriptions, t. xxix, l re partie ; tirage à part, Paris, 1884. Peu après, Ch. Huber visita ces lieux à deux reprises, de 1880 à 1884. Cf. Ch. Huber, Journal d’un voyage en Arabie, Paris, 1891, avec atlas. Grâce à eux, nous possédons l’ensemble des inscriptions d’el-Hedjr, reprises et publiées par M. Euting, qui accompagnait Ch. Huber lors de son second voyage. Cf. Euting, Nabatâische Inschriftenaus Arabien, Berlin, 1885. Chose singulière, Pétra a fourni moins d’épis à la moisson épigraphique. Cf. Revue biblique, Paris, 1897, p. 231-238 ; 1898, p. 165-182 ; 1905, p. 580-590. On trouve les inscriptions nabatéennes réunies dans le Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, part, ii, p. 183 sq.

Ces inscriptions sont de deux sortes. Les unes ne sont que des graffiti, qui se composent presque exclusivement de noms propres. Elles se trouvent un peu partout, mais elles sont innombrables dans la péninsule du Sinaï. On les considère généralement comme des proscynèmes, ou même de simples griffonnages de pè très grande extension et devint l’idiome vulgaire de presque toutes les natious fixées entre la Perse et l’Egypte. C’est ainsi que les monuments funéraires nous offrent à chaque instant les mots : Niap, qabrâ’, indiquant le tombeau dans son ensemble ; mwsi, nafsd’, la stèle ou pyramide qui le recouvre ; N31N, ’arnd’, le sarcophage, etc. Outre les noms propres, qui sont arabes, on a cependant relevé dans la langue nabatéenne un certain nombre d’arabismes, que l’on considère, non comme des particularités dialectales qui auraient vraiment pénétré dans l’araméen, mais comme un élément exotique. Les arabismes, qui se manifestent surtout à Hégra, montrent que l’araméen perdait de son influence à mesure qu’on avançait vers le sud. Voir Syriaque ; (Langue). — La découverte des inscriptions nabatéennes a fait une révolution, non seulement dans l’histoire des peuples sémitiques, mais encore, et du même coup, dans l’histoire de l’écriture. « Le nabatéen franchit le dernier pas qui séparait l’ancien alphabet de l’écriture cursive, par la création des ligatures (fig. 395). L’écriture araméenne, avait recourbé les lettres par en-dessous, le nabatéen les soude l’une à l’autre, si bien que désormais la partie essentielle de l’écriture consistera dans la ligne continue qui les rattache par le bas. Ces ligatures ont pour effet de modifier profondément l’aspect des lettres, par la nécessité de chercher un point d’attache commode pour les relier les unes aux autres, si bien qu’un même caractère peut être alternativement très grand et très petit. En même temps, les lettres s’arrondissent par en haut et perdent leurs dernières arêtes ; tantôt elles s’élèvent au-dessus de la ligne, tantôt elles descendent au-dessous, mais toujours elles restent unies par ce lien qui groupe les éléments d’un même mot… Ces soudures ne se produisent pas seulement d’unes