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MYSTÈRE — MYSTIQUE (SENS)


24 ; II Mach., xiir, 21, Elles traduisent aussi par t mystère » le mot râz, qui désigne dans Daniel, ii, 19, 27-29, 47, le secret inconnu et inintelligible du songe de Nabuchodonbsor. — 2° Dans le Nouveau Testament, le mot « mystère » s’applique ordinairement à la vie nouvelle apportée au monde par Jésus-Christ, aux actes divins qui l’établissent, aux vérités qu’elle révèle, aux grâces qu’elle confère et à ses diverses conséquences. Notre-Seigneur appelle « mystères du royaume de Dieu » les vérités qui ne ressortent pas d’elles-mêmes de l’enseignement des paraboles et qui ont besoin d’être spécialement expliquées aux apôtres. Matth., xiii, 11 ; Marc, iv, 11 ; Luc, viii, 10. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1496. Saint Paul désigne par le même nom l’incarnation du Sauveur, les divers actes de sa vie et sa manifestation par la prédication évangélique, Rom., xvi, 25 ; Eph., iii, 4 ; vi, 19 ; Col., i, 26 ; iv, 3 ; la relation qui existe entre le Père et le Christ Jésus, Col., ii, 2 ; l’objet de la foi en général, ITim., iii, 9 ; la résurrection des corps. I Cor., xv, 51, etc. Toutes ces vérités constituent des mystères, dont la connaissance serait inutile sans la charité. 1 Cor., xiii, 2. On ne peut parler de la sagesse de Dieu qu’en mystère, parce qu’elle est infinie. I Cor., Il, 7. L’aveuglement d’Israël, malgré les manifestations qui ont accompagné l’incarnation du Fils de Dieu, est aussi un mystère. Rom., xi, 25. Les apôtres sont les dispensateurs des mystères de Dieu, en tant que chargés de prêcher les vérités et de communiquer les grâces de l’Évangile. I Cor., iv, 1. À leur ministère s’oppose l’action de Satan, dont toute l’étendue est incompréhensible aux hommes, et qui constitue un « mystère d’iniquité », II Thés., ii, 7. Dans un sens restreint, celui qui se sert du don des langues fait entendre des mystères, c’est-à-dire des choses qu’on ne comprend pas. I Cor., Xiv, 2. Saint Jean dit qu’à la voix du septième ange sera consommé le mystère de Dieu, c’est-à-dire la manifestation de justice et de puissance qui précédera la fin du monde. Apoc, x, 7. Il appelle encore « mystère » le nom de « grande Babylone » écrit sur le front de la femme maudite, parce que ce nom recèle un abîme de dépravation et de honte. Apoc, xvii, 5. Quand l’Église donne le nom de « mystères » soit en vérités révélées qui dépassent la portée de la raison, soit aux actes de la vie du Sauveur, elle ne fait donc que se conformera un usage déjà adopté par les écrivains du Nouveau Testament.

H. Lêsètke.

    1. MYSTIQUE##

MYSTIQUE (SENS). Les livres inspirés présentent cette particularité que parfois, sous la lettre, se cache un sens plus profond que celui que les mots signifient, une pensée mystérieuse qui révèle un secret dessein de Dieu. Léon XIII, dans l’encyclique Providentissimus Deus, a rappelé en ces termes cette particularité des Livres Saints : Eorum enim verbis, auctore Spirxtu Sancto, res multse subjiciuntur quse humansi vim aciemque rationis longissime vincunt, divina scïlii’.et mysteria et quse cuni Mis continentur alla multa ; idque nonnunquam ampliore quadam et reconditiore sententia, quam eovprimere litlera et hermeneuticœ leges indicare videantur ; alïos prxterea sensus, vel ad dogmata illustranda vel ad commendanda preecepta vitse, ipse litteralis sensus profecto adsciscit. Voir 1. 1, jk xx-xxi. Ce sens, caché sous la lettre, a été appelé sens mystique, parce qu’il renferme et dévoile les secrets mystères de Dieu. Nous en exposerons successivement la nature, les espèces, l’existence, l’étendue et la valeur dogmatique.

I. Nature. — Le sens mystique est le sens que le Saint-Esprit, auteur principal de l’Ecriture, a voulu manifester, non pas immédiatement par les mots qu’employaient les écrivains sacrés, mais médiatement par quelques-unes des choses qu’expriment ces mots. Il provient directement des faits racontés et indirectement des mots qui les énoncent.

Les divers noms qui lui ont été donnés désignent ses différents caractères. Saint Paul avait distingué, dans les institutions de l’ancienne loi, l’esprit de la lettre, Rom., H, 29 ; vii, 6, et déclaré la loi mosaïque spirituelle, Rom., vu, 14 ; il avait dit de l’Écriture que la lettre tue et l’esprit vivifie. II Cor., iii, 6. Au rapport de Philon, De vitacontemplativa, les Thérapeutes comparaient la Loi à un être vivant, dont le corps était les mots et l’âme le sens invisible, caché sous les mots. Ces expressions et ces idées ont fait nommer spirituel un sens perçu, non par les yeux du corps, mais par l’esprit qui le découvre sous la lettre, un sens qui, pour l’école d’Alexandrie, était l’esprit de l’Écriture, dont la lettre n’était que la chair ou le corps. Il ressort non des mots, mais des _ faits et des personnages figuratifs de l’avenir ; c’est pourquoi il est dit encore sens figuré, dénomination équivoque, qui ne distingue pas le sens spirituel du sens littéral métaphorique. Parce qu’il résulte des figures ou des types, il vaut mieux l’appeler sens figuratif ou typique.

D’après son acception étymologique, « type » signifie empreinte, et offre l’idée d’une marque produite sur un objet par un facteur supérieur. Suivant le langage usuel, le type est une figure, une image qui dessine matériellement un objet dont il est la représentation ; c’est aussi un symbole, objet, personne, fait, qui, de sa nature ou par convention, représente une idée, un personnage, un autre objet. Dans les types bibliques, l’institution divine remplace les analogies naturelles ou la convention. Quand des personnes, des événements sont formés et dirigés par Dieu pour figurer, préparer, annoncer des choses futures, des œuvres supérieures, en particulier ce qui concerne la nouvelle alliance, le Christ ou son Église, ils sont des types de l’avenir. Dieu a imprimé en eux la pensée de cet avenir, et ils l’expriment. Le type n’est pas comme la prophétie l’annonce de l’avenir au moyen de la parole ou d’actes qui s’identifient à la parole ; c’est une prophétie per res, c’est-à-dire par des événements disposés providentiellement en vue d’un objectif appelé antitype. Le type diffère donc des actions symboliques, par lesquelles les prophètes prédisaient parfois l’avenir, et des symboles qui ne présentent aucune analogie avec ce qu’ils signifient ou annoncent un effet immédiat. Il diffère aussi du mémorial d’une chose passée et des signes destinés à confirmer les promesses divines. Il prépare et prédit un avenir éloigné, avec lequel il a des ressemblances, et dont il reproduit quelques linéaments. Saint Paul s’est servi le premier de ce terme, quand il a appelé Adam tjitoî toO (téXXovToc, « le type de l’homme futur, s Rom, ,-v, 14, et certains événements du séjour des Hébreux au désert des tOxoi, « types, » pour notre instruction. I Cor., x, 6, 11. L’objet que le type représente a été nommé par lui, Heb., xi, 24, et par saint Pierre, I Pet., iii, 21, àvirfcuîtot, antitype.

II. Espèces diverses. — Comme le sens spirituel est fondé immédiatement sur les choses ou types, les exégètes distinguent autant d’espèces de sens spirituel que de sortes de types bibliques. Or, suivant la nature de l’antitype auquel ils correspondent, et qui a rapport soit au dogme, soit à la morale, soit à l’avenir céleste, les types sont allégoriques, tropologiques ou moraux, et anagogiques. Les premiers, qui sont les plus nombreux, ont pour objectif le Messie et son royaume, l’Église, qu’ils annoncent et préfigurent. Saint Augustin, De civitate’Dei, XVII, v, 2, t. xii, col. 533, les a nommés prophetia facti, « prophétie de fait. » Ce sont des personnages, Adam, Rom., v, 14 ; Melchisédech, Heb., vil, etc. ; Isaac et Ismaël, Gal., iv, 22-24 ; Moïse, I Cor., IX, 2, 11 ; des choses, l’arche de Noé, I Pet., iii, 20, 21 ; la loi ancienne, Heb., x, 1 ; les victimes et les cérémonies du culte juif, Heb., xi, 9 ; les jours de fêtes, Col., ii, 16, 17 ; des événements, le renvoi d’Agar et