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MUR — MURMURE


l’image d’un homme réduit à l’impuissance. Ps. lxh (lxi), 4. L’homme qui n’est pas maître de lui-même est comme une vïlle sans murailles. Prov., XXV, 28. Au passage de la mer Rouge, les Hébreux virent les eaux comme un mur à droite et à gauche. Exod., xiv, 22, 29 ; Judith, v, 12. — Saint Paul appela le grand-prêtre Ananie « mnraille blanchie », à cause de son hypocrisie. Act., xxiii, 3. Les murailles de la Jérusalem céleste sont en pierres précieuses. Tob., xiii, 21 ; Apoc, xxi, 12-19.

— Jésus-Christ a renversé le mur de séparation, c’est-à-dire la loi mosaïque, qui empêchait les Juifs et les gentils de ne faire qu’un seul peuple. Eph., ii, 14.

H. Lesêtbe.

    1. MURATORI##

MURATORI (Canon de). Voir Canon des Écritures, t. ii, col. 169-171.

    1. MURIER##

MURIER (hébreu : beka’im ; Septante : (ruxâfiivoî ; Vulgate : morus), arbre dont les Israélites n’utilisaient que les fruits ; ce n’est qu’à une époque tardive après l’ère chrétienne que les habitants de la Palestine ont cultivé le mûrier pour élever avec ses feuilles des vers à soie.

1. Description. — Les mûriers sont des arbres de la

378. — Morus nigra.

famille des Urticées, caractérisés surtout par leurs fruits dont la nature est très complexe, puisqu’ils résultent de la soudure de plusieurs fleurs distinctes, comprenant les péricarpes avec leurs enveloppes, en une sorte de fausse baie qui devient succulente à la maturité. Tous les organes végétatifs sont riches en latex, qui s’écoule par les blessures sous forme de lait blanc. Les feuilles pourvues de stipules petites et caduques ont un limbe rude, ovale, cordiforme, plus ou moins denté ou même lobé. Les fleurs mâles sont disposées en chatons allongés et solitaires, les femelles en épis courts ou capitules, souvent réunis par deux à l’aisselle des feuilles. Les principales espèces sont : 1° le mûrier blanc (Morus alba L), qui semble originaire de Chine, mais se cultive partout où l’on élève les vers à soie ; ses fruits portés sur des pédoncules distincts restent pâles et insipides ; 2° le mûrier noir (Morus nigra L) dont les fruits sessiles, noirs, luisants à la maturité, sont gorgés d’une pulpe juteuse et sucrée qui les rend comestibles (tig. 378).

F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Saint Luc employant ouxonopla au ch. xix, 4, et <juxâ(iivt » ; au ch. Xvn, 6, paraît vouloir distinguer entre les deux arbres désignés par ces termes. Le premier est certainement le sycomore ; le second serait le mûrier noir. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, dit Notre-Seigneur à ses disciples, Luc, xvii, 6, vous diriez à ce mûrier, <ru*âu.iv<o : Déracine-toi et transplante-toi dans la mer, et il vous obéirait. » En cette circonstance le Sauveur dut employer plusieurs comparaisons dont saint Luc et saint Matthieu ont conservé chacun une. Car dans la formule semblable de saint Matthieu, xxi, 21, au lieu de mixàtuvoç, « mûrier, » on lit Apoç, « montagne. » Pour les anciens auteurs grecs le <njy.à(iivoç est bien l’arbre que les Latins appelaient morus. Dioscoride, i, 181 ; 0. Celsius, Hierobotanicon, i, p. 289. — Le nom de la mûre, <ruxa| « vea, se rencontre certainement une fois dans l’Ancien Testament. Il est dit dans I Mach., vi, 34, qu’on présentait aux éléphants pour les exciter au combat le sang de la grappe et des mûres. On sait que Virgile, Eglog., vi, 22, donne aux mûres l’épithète de sanguinea, à cause de la couleur rouge de leur suc. Cependant on constate avec étonnement que les Septante, pour traduire l’hébreu Hqmîn ou Uqmof, emploient le mot (njxôpuvoç, <iuxâiiivov. I Reg., x, 27 ; I Par., xxvii, 28 ; II Par., i, 15 ; ix, 27 ; Is., ix, 10 ; Atnos, vil, 14. Car siqmîn est certainement le sycomore.

2° Le terme hébreu qui désigne le mûi’ier est probablement beka’im qu’on trouve employé dans II Beg., v, 24, et dans le lieu parallèle. I Par., xiv, 15. Les Philistins ayant fait irruption dans la vallée des Bephaïm, David consulta le Seigneur pour savoir s’il devait les attaquer. L’oracle lui répondit de ne pas les attaquer de front, mais de faire un détour pour les prendre en flanc : « Marche sur eux du côté des beka’im. Quand tu entendras comme le bruit de quelqu’un qui marche sur la cime des beka’im, tu t’élanceras au combat. » La Vulgaie a rendu ce mot dans les deux endroits parallèles par pyrus, « poirier, » les Septante ont aussi traduit par aniov, « poirier, » dans I Par., xiv, 14-15 ; mais dans II Reg., v, 23-24, ils ont mis xXay8n.<àv, « lieu des pleurs, » rapprochant sans doute beka’im de bekî, « pleur. ^ La Vulgate a traduit de même le singulier baka’, dans Ps. lxxxiv (Vulgate, Lxxxm) : ’7 : in valle lacrymarum, sens qui ne convient guère au contexte. Quelques exégètes, retenant ce rapprochement, ont vu dans be’êméq habbdkd’, la vallée du baumier ; cet arbre suintant une substance odorante comme des pleurs. Voir t. i, col. 1372. Mais il n’est pas nécessaire de rapprocher bâkâ’de bekî, <i pleur, » et l’on peut continuer à voir dans ce mot le singulier de beka’im, « le mûrier noir. » Les rabbins ont entendu ainsi le mot hébreu beka’im.

3° D’après les rabbins et les anciens auteurs juifs, les mûriers auraient abondé autrefois en Palestine, Tract. Maaseroth, i, 2 ; en particulier entre Jérusalem et Sichem. Mais ce n’est que tardivement, et pour ainsi dire de nos jours qu’on a cultivé les mûriers noirs et blancs pour l’élevage des vers à soie. « L’on voit, dit Belon, Observations de plusieurs singularités, 1. II, c. lxxxviii, 1588, p. 327, grand nombre de villages qui cultivent les arbres diligemment, mais surtout les mûriers noirs et blancs, et nourrissent quantité de verms (vers) à faire la soie. » D’ailleurs le mûrier était connu depuis longtemps en Egypte. On a trouvé des restes de Morus nigra, dans les tombeaux à Haouara. V. Loret, Xa flore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 46.

E. Leyesque.

    1. MURMURE##

MURMURE (hébreu : telûnâh ; Septante : yoYYuo-jtiS ;  ; Vulgate : murmur), dans l’Écriture, ne signifie pas simplement une plainte, mais une plainte inspirée par l’esprit de désobéissance et de révolte envers Dieu. C’est de cette façon coupable que les Israélites murmurèrent