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MORELLE — MORIAH (TERRE DE)


arides autour de Jéricho et sur les bords de la mer Morte. C’est un arbrisseau d’aspect blanchâtre à cause du duvet qui recouvre toutes ses parties. Les rameaux sont chargés d’épines courtes, recourbées, à base élargie et comprimée, d’abord velues, puis glabres. Les feuilles pétiolées ont un limbe ovale, à base obliquement cordiforme, superficiellement ondulé-crénelé. Les fleurs disposées en cymes extra-axillaires ont une corolle bleu-pourprée trois fois plus longue que le calice. Elles demeurent stériles, à l’exception d’une seule à la base de l’inflorescence qui produit une baie globuleuse delà grosseur d’une cerise. Les fleurs du sommet ne portent que des étamines à anthères conniventes et s’ouvrant par un pore apicilaire. Linné l’avait appelé Solanum sanctum, devenu S. Hierochontinum pour Dunal ; c’est encore le S. coagulans de Forskal (fig. 353). F. Hy.

II. Exégèse. — Le hédéq se présente deux fois dans la Sainte Écriture, Prov., xv, 19, et Mich., vii, 4. Dans ces deux endroits il est pris comme terme de comparaison :

Le chemin du paresseux est comme une haie de hédéq, Mais le sentier des hommes droits est aplani.

(Prov., xv, 19.) Michée, après avoir remarqué que les hommes de bien ont pour ainsi dire disparu du pays de Juda, ajoute, vu, 4 :

Le meilleur d’entre eux est pareil au hédéq, Le plus droit est pire qu’une haie de ronces.

Le contexte, les versions, les commentaires rabbiniques s’entendent à voir dans le hédéq, une épine. Mais quelle espèce particulière ? Ni le contexte, ni les versions ne l’indiquent. Si les docteurs juifs sont d’accord pour chercher une espèce particulière d’épine, ils la déterminent de façon très diverse. Plus communément et à juste raison on rapproche le hédéq hébreu du jjJia., hadaq, arabe, 0. Celsius, Hierobotanicon, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 40. C’est une plante épineuse de la famille des Solanées ; en Palestine et en Arabie on donne le nom de hadaq au Solanum coagulans de Forskal, le même que le Solanum Sanctum de Linné. On le trouve dans la vallée du Jourdain, et autour de la mer Morte. Ibn El Beithar, Traité des Simples, dans Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxiii, l re partie, 1877, p. 424, applique aussi ce nom de hadaq au Solanum cordatum de Forskal : s C’est le nom arabe que l’on donne, à Jérusalem et dans les environs, à une espèce d’aubergine sauvage qui croit à Jéricho et dans toute la vallée du Jourdain. Elle porte des piquants recourbés. Le fruit d’abord vert, passe ensuite au jaune. Son volume est celui d’une noix et sa forme celle d’une aubergine, et il en est de même des feuilles et des branches. Il en est de même dans le Yémen, où cette plante est pareillement connue. Il en est une autre espèce moins grande, très épineuse, à feuilles petites, à rameaux grêles, s’élevant à la hauteur d’une coudée. » Les Arabes lui donnent le nom de chardon du scorpion. — Si les Septante au lieu de traduire par épine dans Michée, vii, 4, ont rendu par « ri) ! èxTpu>Y< » v, tinea comedens, le mot hébreu, c’est qu’à la place de la leçon actuelle pins, hehédéq, sicut spina, ils ont dû lire apnns, hehârôqêb, comme l’animal qui ronge (fait tomber en pourriture) les arbres.

E. Levesque.

    1. MORIAH##

MORIAH (hébreu : Môriyâh), nom, dans l’hébreu, d’une contrée et d’une montagne de la Palestine. Gen., ïsii, 2 ; II Par., iii, 1. La Vulgate ne mentionne que la montagne, Moria. II Par., iii, 1.

A. MORIAH (Terre de) (hébreu’érés ham-Môriyâh ; Septante ; t) yîi r, 0<j « iXir) ; Vulgate : terra visionis), contrée de la Palestine, où se trouvait la montagne sur laquelle Abraham devait immoler Isaac. Gen., xxii, 2. L’embaçras des versions pour rendre le mot n » "ia,

DICT. DE LA BIDLE.

Môriyâh, montre combien il est difficile d’en découvrir la véritable élymologie. Les Septante, en le traduisant par û< ! /ï]Xyj, semblent avoir lu dTid, tndrôtn, « élevé. »

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Certains auteurs prétendent qu’ils l’ont plutôt rattaché à la racine nui, râ’âh, « voir, » dont le participe fémi TT

nin hophal rwra, mor’âh, correspondant à « ce qui est

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visible de loin », équivaut à « une chose élevée ». Cf. Rosenmûller, Scltolia m Vêtus Testamentum, Gen., Leipzig, 1821, p. 369. De même Aquila, en mettant TcaTaçavî), « apparent, évident, » le rapproche de nui, « voir, » selon les uns, de i^n, ’ôr, n briller, » selon les autres. On reconnaît la racine nui, râ’âh, dans le Pen T T

taleuque samaritain, nNTian, que la version samaritaine rend par nnnn, « vision ; » dans Symmaque : tîjç àmaaioa ; dans la Vulgate : visionis. Le Targum d’Onkelos : Nanbis nna, ’ar’dh fûlhdnâh, t terre du

t t : t ; culte » ou « de l’adoration », et la version arabe ^.l S^LoJ, ’arol el’-abâdat, qui a le même sens, supposent la racine NT, yârê’, « craindre, honorer. » La version

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syriaque : jLtiâJto)))&)> « la terre des Amorrhéens, » a lu nbk*n, hâ-’Émôri, au lieu de nnsn, ham-Môriyydh.

v : t t Les Amorrhéens étaient la plus importante des tribus qui occupaient la Palestine avant l’arrivée des Israélites. Il semble que pour l’auteur sacré lui-même, Môriyâh, est un dérivé de râ’âh, puisqu’il dit au t- 14 : « Abraham appela le nom de ce lieu Wi> niïrt, Yehovâh ir’éh,

Jéhovah voit, » c’est-à-dire « pourvoit » ou « pourvoira », allusion à la réponse faite par le patriarche à son fils, demandant où était la victime, i. 8. La difficulté est d’expliquer grammaticalement la formation de ce mot, qui devrait être, avec le participe hophal, n>n>no, Mor’éh

Yâh, çavepwBetç Kùpio{, et, avec le substantif « vision », ~ » rwiD, Mar’êh Yâh, « vision du Seigneur. » Quelques

t " : auteurs cependant expliquent et admettent cette contraction. Cf. Rosenmûller, Scholia in Genesim, p. 369. Gesenius, Thésaurus, p. 819, suppose que l’étymologie première se rattache plutôt à la racine ma, mârâh, dont

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Môriyyâh serait le participe féminin, avec la signification de « réfractaire, résistant », c’est-à-dire « citadelle, sommet de montagne ». C. J. Bail, The Book of Genesis, Leipzig, 1896, p. 74, conclut ainsi : « En tout cas, n>,

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Yâh, ne peut être le nom divin, qui ne se trouva jamais dans les noms de lieu, et comme l’ethnique na, nna, est inconnu, on est tenté de croire avec Bleek que la leçon originale était man y^ N, ’erés ham-Môréh, « la

terre » ou a la chênaie de Môréh » (près de Sichem, Gen., xii, 6 ; Jud., vii, 1), qui aura été altérée plus tard intentionnellement à cause du Temple samaritain. Mais, en somme, nous préférons la leçon ou conjecture de la version syriaque (terre des Amorrhéens), malgré l’allusion évidente des j. 8 et 14 à l’étymologie de Môriyâh. » On voit que le problème est loin d’être élucidé.

La situation de cette « terre de Moriah » n’est pas plus facile à déterminer. La montagne du sacrifice n’était qu’une des montagnes de ce pays. Le texte sacré n’en donne pas le nom ; il nous dit seulement que s le troisième jour [depuis son départ de Bersabée], Abraham, levant les yeux, aperçut l’endroit au loin ». Gen., xxir, 4. L’indication est trop vague pour qu’on puisse même hasarder des conjectures. La tradition juive a identifié le lieu de l’immolation avec le mont Moria ou la colline du Temple, à Jérusalem. Ce n’est qu’une tradition relativement tardive et qui n’a rien de certain. Voir Moriah 2. On a pensé aussi, comme nous venons de le voir, que la contrée de Moriah pouvait être celle où se trouvait « la chênaie de Moréh », m"in fibN’êlôn Môréh, c’est-à IV. - 41