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MORÉH — MORÉH (CHÊNE DE)


encore. On l’a pris aussi pour un équivalent de mortâh dont celui-ci serait le féminin. Cf. Math. Poli, Synopsis criticorum, Francfort-sur-le-Main, in-f°, 1712, col. 134135 ; Gesenius, Thésaurus, p. 627, 819 ; Vercellone, Varim lectiones Vulgatee latin » Bibliorum, in-4°, Rome, 1860-1862, 1. 1, p. 513-514 ; t. ii, p. 106-107.

1. MORÉH 4CHÊNE de) (hébreu : ’Êlôn Môrêh, Gen., xti, 6 ; ’êlônè (pluriel), Deut., xi, 30 ; Septante : 8p0 ; Ù’^Xti ; Vulgate : vallis illustris, Gen., xiii, 5 ; vallti intrans et tendens procul, Deut., xi, 30), territoire près de la ville de Sichem où était un chêne célèbre.

I. Nom et situation. — Il est évident que’Êlôn-Môréh désigne un petit territoire des alentours de Sichem ; mais ce nom, pour les Septante, les plus anciens traducteurs de la Bible et les plus à même de connaître la signification du mot’êlôn, est tout d’abord celui d’un « chêne » ou d’un « bouquet de chênes », ’êlônè, C’est le chêne qui aura donné son nom à la région où il était planté. La signification de « vallée », vallis, ou « vallée bordée de collines », convallis, Gen., xiii, 18, donnée par la Vulgate à ce mot, est celle que lui attribuent le Targum d’Onkélos, le rendant, Gen., xii, 6, par mêsar, et De-it., xi, 30, par mêérè, « lieu plat, » et, après lui, généralement tous les interprètes juifs. La version samaritaine a adopté la même traduction. La Peschito, la version arménienne, l’ancienne version latine, et celles en généra ! qui suivent les Septante, voient aussi dans’Èlôn « un chêne ». La version arabe qui y reconnaît, Gen., xii, « des chênes, » ballout, y voit « des prairies » ou des « campagnes », moroudj. Deut., xi, 30. La Vulgate elle-même admet la signification de « chêne ». Jud., ix, 6. Le’élôû mûssdb’âsér bi-Sekém de ce verset est pour elle quercwnx quse stabat in Siclieni, « le chêne planté à Sichem. » Tandis que les autres traducteurs ont lu « le chêne de la station » (Septante), « le chêne de Maspha » ou « de l’observatoire » (Syriaque et Arabe) ; ou encore « le chêne de la stèle » (Targum de Jonathan) ; la Vulgate a vu dans m upsdb, le participe hophal de nos âb, « planter. » Par là saint Jérôme reconnaît que l’Écriture elle-même donne à’èlôn le sens de « chêne », car le participe mussâb, « planté, dressé, » ne peut convenir à une plaine ou une vallée. Le’èlôn bi-éekém, « le chêne de Sichem, » de ce passage ne paraît pas différent de Y’êlôn Môréh du « territoire de Sichem », meqôni Sekém, de Gen., xii, 6, ou de Y Êlôn Môréh situé « à côté », ’êsél, des monts Garizim et Hébal du Deut., xi, 30. Il est, selon toute apparence, identique encore à l’arbre « près de Sichem », hâ-’êlâh’âsér’im Sekém, de Gen., xxxv, 4, sous lequel Jacob enterra les emblèmes idolâtriques de ses gens et à l’arbre « qui était au sanctuaire du Seigneur », hâ-’êlah’âSér be-ntiqdaS Jehôvàh, également « à Sichem », be-àekém, de Jos., xxiv, 26, sous lequel Josué dressa une grande pierre commémorative. Dans le premier cas, hâ-êldh est, dans toutes les versions, « le térébinthe, » et dans le second cas « le chêne », sans que l’on voie d’autre raison de cette distinction sinon que le mot’ëlâh, comme’êlôn, s’employait indifféremment pour désigner les deux espèces d’arbres. Voir Mambré, col. 626, 627. En ces divers cas, sauf Jos., xxiv, 26, où le traducteur, induit en erreur par la présence du « sanctuaire du Seigneur », s’imagine qu’il s’agit de Silo, la version arabe remplace le nom antique de Sichem par le nom moderne de Nabolus, témoignant ainsi de l’identité topographique de cette localité avec la ville biblique. Suivant plusieurs interprètes, le nom de Môrêh, quelle que soit d’ailleurs son étymologie et sa signification, serait ici comme Mambré ailleurs, le nom du possesseur du lieu où se trouvait le chêne ou la chênaie de Sichem. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 627, 814. — Le chêne de Môrêh se trouvait dans la partie du territoire hélqaf hai-Sddéh, situé entre Salem et Sichem, et devant cette dernière ville, où Jacob, arrivant

de Sucoth de la vallée du Jourdain, à l’est, établit son campement et qu’il donna, avant de mourir, en propriété à son fils Joseph. Gen., xxxiii, 18, 19 ; xxxv, 4. Le « domaine » de Joseph, renfermant le puits de Jacob, était près de la route passant à l’est de Sichem, conduisant par la Samarie, de Judée en Galilée et au pied de la montagne sainte des Samaritains, c’est-à-dire du Garizim. Joa., v, 3, 6, 20 : Le peuple de Sichem réuni près du chêne, pouvait entendre toutes les paroles de Jonathan, fils de Gédéon, s’adressant à lui de la montagne adjacente, ’èsél. Jud., ix, 6-7 ; cf. Deut., xi, 30. — Au rve siècle, on montrait « le chêne » (BccXavoç, Balanus, id est quercus ) des Sichémites où fut créé roi Abimélech, dans la banlieue (Eusèbe ; upoaoTeiotç ; Jérôme : in suburbanis) de Neapolis, près du tombeau de Joseph. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, p. 96, 97. Balanus semble être le nom du lieu en usage chez les Gréco-Romains ; les indigènes parlant le syriaque devaientle nommer dans leur langue Balouta’et c’est sans doute ce même nom que nous rencontrons sous la forme de Baldtah, encore donné aujourd’hui à un petit village situé à moins de deux kilomètres à l’est de Ndblous (fig. 351). — La Chronique samaritaine, c. xxvii, édit. Juynboll, Leyde, 1848, p. 27, désigne le Merdj Balâfâ, comme le lieu de la grande réunion de l’armée d’Israël conduite par Josué. Au xme siècle, les Juifs, au témoignage du géographe arabe Yaqout, rattachaient le souvenir d’Abraham, à Buldtak, « village du district de Ndblous, où se trouve une source abondante et prés duquel fut enseveli Joseph. » Mo’agem el-Boldân, édit. F. Wùstenfeld, Leipzig, 18661870, t. i, p. 710. « Baldla’est dans le champ qu’acheta Jacob, » dit le rabbin Estôri ha-Parchi, Caftorva-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1897, p. 287-288. S’il n’est pas possible de tracer les limites précises du « domaine de Joseph » ou de’Êlôn-Môréh, sa situation du moins est parfaitement déterminée par le village de Balâfa’, le puits de Jacob et le sépulcre de Joseph, trois points dont l’authenticité paraît aussi certaine qu’elle peut l’être. Voir Jacob (Puits de), t. iii, col. 1075.

II. La chênaie de Môréh du Deutéronome. — V’Êlônê Môréh, près des monts Garizim et Hébal, du Deut., xi, 31, n’est-elle pas différente de Y’Êlôn Môréh ( près de Sichem », de Gen., xii, 6, et ne faut-il pas la chercher dans la vallée du Jourdain et près de Galgala dans le voisinage de Jéricho ? — D’après ce passage, en effet, les monts Garizim et Hébal sont in campestribus, bâ-’Ârâbàh, d’après le texte massorétique, c’est-à-dire « dans la vallée du Jourdain », contra Galgalam, mûl hag-Gitgal, en face de Galgala, ou près de cette ville, selon les Septante : l^ônevov toû ro>,-j<iX, gwæ est juxta valleni tendentem et intrantem procul, c’est-à-dire près, à côté de’Êlônè Moréh, ’êsél’Êlônè Môrêh « la vallée avançant et s’étendent au loin » de la Vulgate. Ce texte a fait le tourment des interprètes et des commentateurs. A cause de lui et du récit de la solennité inséré, Jos., vii, 30-35, entre celui de la prise de Haï et l’épisode de l’ambassade des Gabaonites, Eusèbe, saint Jérôme, saint Épiphane, le mosaïste de Médaba et un grand nombre d’autres se sont crus obligés de chercher avec l’Hébal un Garizim près de Jéricho, à côté duquel il faudrait placer le’Êlônè Môréh de ce verset. Cf. Garizim, t. ii, col. 106-107. Le Targum d’ailleurs justifie cette interprétation et presque toutes les versions, par leur arialogie avec la traduction de la Vulgate. S’il existe déjà deux Môréh certains, l’un en Samarie et l’autre en Galilée, pourquoi n’en admettrait-on pas un troisième en Judée ? dit le P. Hummelauer, Deuteronomium, Paris, 1901, p. 274-276. Les géographes ne l’admettent cependant pas, et Buhl, avec d’autres, pour résoudre la difficulté, propose ; Géographie der alten Palâstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 202-203, de voir dans la Galgala de ce passage non la Galgala voisine de Jéricho, mais une autre Galgala qu’il identifie avec le petit vil te