Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/646

Cette page n’a pas encore été corrigée
1239
1240
MONNAIE


cle avant J.-C. d’un autre système de poids pour les métaux, en usage dans l’Asie antérieure. La base de ce système était la mine, dont la soixantième partie était le sicle. Le talent valait 60 mines ou 30 kilos 300 grammes environ. British Muséum, À Guide to tlie babylonian and assyrian Antiquities, in-8°, Londres, 1900, p. 141450, n. 1-6 ; 10-13 ; 17, 36, 37, 52, 62, 71, 88, 87, 89, 94, 102, 117, 119. Cf. Loi de Bammourabi, textes cités plus haut. La mine pesait entre 492 et 485 grammes, le sicle environ 8 grammes 42. C. F. Lehmann, Dos Altbabylonischen Massund Gewichtsystem, in-8o, Leyde, 1893 ; Fr. Lenormant, La monnaie, t. i, p. 111 ; E. Babelon, Catalogue des monnaies de la Bibliothèque nationale, Les Achéménides, in-4o, Paris, 1893, p. v. Les comptes du temple de Tell-Loh prouvent que, vers l’an 2000, le sicle fut divisé en 180 shé, pesant environ Oo r 047. Mais cette subdivision fut abandonnée par la suite. G. Reisner, Altbabylonische Maasse und Gewichte, dans les Sitzungsberichte der Berliner Akadem. d. Wissenschaften, 1896, p. 417-426. Les tablettes de Tell-el-Amarna montrent que les peuples de la Mésopotamie, de la Syrie et des Iles, se servaient du même système de poids monétaires. H. Winckler, Der Tfiontafelfund von El Amarna, édit. anglaise, Tell el Amarna letters, in-8o, Berlin, 1896, n° 2, lig. 15 et 21 ; n° 5, lig. 27, 32 ! n° 7, lig. 11, 14 ; n » 25, lig. 10 ; n° 26, lig. 9 ; n » 27, lig. 18 ; n° 33, lig. 6 ; p. 9, 13, 15, 81, 85, 93. (Les deux éditions sont identiques, sauf la langue de la traduction.)

Des documents datés du vu et du vi 8 siècle, c’est-âdire depuis le règne d’Asarhaddon jusqu’à la prise de Babylone par Cyrus, donnent l’indication de prêts, de location ou le prix de maisons, d’esclaves, d’animaux, etc., en talents, mines et sicles d’argent. Opperl et Menant, Documents juridiques de V Assyrie et de la Chaldée, in-8°, Paris, 1877, p. 182, 185, 202 ; Fr. Lenormant et E. Babelon, Hist. anc, t. v, p. 98, 100 ; Histoire de la monnaie, t. l, p. 98-100 ; E. Babelon, Les origines, p. 56-57 ; British Muséum, À Guide to the babylonian and assyrian Room, p. 173-186, n. 72, 75, 76, 81, 86, 88-96, 99, 102, 104-105, 109, 116, 119, 126, 130, 131, etc. Après la prise de Babylone par Cyrus, on continua à compter de la même façon. À Guide, p. 186-194, n. 227, 241, 254, 257, 259, 265, 267, 269275, 283, 286, 294-295, 297, 298, etc. Il est rarement question de paiements en or. On trouve cependant dans les comptes l’indication de mines de ce métal. Oppert et Menant, Documents, p. 207, 241, 244, 249. Il est peu parlé de talents et de mines de cuivre. Ibid., p. 171187. L’or était toujours pesé d’après ce système et l’on taillait les lingots à l’étalon du sicle de 8 grammes 42. On pesait l’argent au même poids lorsqu’il s’agissait de sommes considérables. L’or valait 13 fois 1/3 le même poids d’argent. Pour les petites sommes on se servait d’un sicle particulier de tl grammes 22 environ, de façon à avoir entre l’argent et l’or un rapport qu’on pouvait exprimer en nombres entiers ; la mine pesait 45 sicles. Fr. Lenormant et E, Babelon, Hist. anc, t. v, p. 113114. Une partie des lingots d’argent en circulation dans l’Assyrie venaient de la Syrie, ils étaient taillés d’après l’étalon du sicle syrien de 14 grammes 53. La mine syrienne pesait 50 de ces sicles ; 15 sicles valaient 2 sicles d’or du système chaldéo-babylonien. Les documents assyriens appellent la mine syrienne, mine de Karkemis. Fr. Lenormant. et E. Babelon. Hist. anc., t. v. p. 114-115 ; Fr. Lenormant, La monnaie, t. i, p. 112, 114. Les métaux servant de paiement en Assyrie étaient non pas divisés sous forme d’anneaux comme en Egypte, mais sous forme de lingots ovoïdes. Fr. Lenormant, La monnaie, p. 113.

IV. VALEUR DE LA MONNAIE -PESÉE CHEZ LES HÉ-BREUX. — Les mots qui désignent la monnaie pesée chez les Hébreux sont, ainsi que nous l’avons indiqué,

le talent, qui est seulement une valeur de compte ainsi que la mine ; les monnaies usuelles sont le sicle, le béqa’et le gérah. Les Septante donnent pour équivalent au sicle le didrachme grec, au béqa’ou demisicle la drachme, et au gérah l’obole. Exod., xxi, 32 ; xxx, 13 ; xxxviii, 26 (hébreu) ; Lev., v, 15 ; xxvii, 25 ; Num., iii, 47, 50 ; xviii, 16.

Après la sortie d’Egypte et la construction de l’arche, les prêtres gardèrent prés du sanctuaire un étalon du sicle, séqel haqqôdéé, Septante : SiSpaxjio-v ou <rra8[i : ov tô âytov ; Vulgate : pondus, mensura, siclus sanctuarii. Lev., v, 15, xxvii, 25, 47, 50 ; xviii, 16, et, par anachronisme, siclus juxta mensuram templi. Exod. xxx, 13. Le sicle était divisé en 20 gérah. Exod., xxx, 13 ; xxxviii, 25 ; Lev., v, 15 ; xxvii, 25 ; Num., iii, 47, 50 ; xviii, 16.

Lorsque le Temple fut construit, l’étalon sacré y fut conservé. I Par., xxiii, 29. Nous ignorons la forme de cet étalon. Les divisions et les multiples du sicle restèrent les mêmes. Il en est question dans un texte très obscur d’Ézéchiel, xlv, 12. L’hébreu et la "Vulgate rapportent ainsi ce verset : « Le sicle vaut 20 gérah (oboli) ; 20 sicle, et vingt-cinq sicles et quinze sicles font une mine. » Dans ce calcul, qui paraît étrange, la mine vaut 60 sicles. Les Septante ont la variante suivante : « Que cinq sicles soient cinq et dix sicles dix, » c’est-à-dire pesez juste, et ils ajoutent : « que 50 sicles soient une mine. » La mine, d’après ce calcul, ne vaudrait que 50 sicles. Au temps des rois, il y avait un autre poids appelé le poids royal, II Reg. (Sam.), xiv, 26, littéralement « les pierres du roi », Sept. crîxXoç $o « ; ù.i-n.6q ; Vulgate, pondus publicum, mais on ne voit pas qu’il ait servi à peser l’argent. Les prêtres devaient exercer un contrôle sur le poids des monnaies. Il est aussi question d’un scribe royal, sôfér ham-mélek, Septante : Ypatuixreùç TO-j $a.aù.éu>i, qui assiste le délégué di grand-prêtre dans la levée des troncs du Temple. IV (II) Reg., xii, 912 ; II Par., xxiv, 8. Ce personnage devait jouer un rôle semblable à celui que jouent les scribes égyptiens figurés sur les monuments qui représentent des pesées de monnaie ou à celui dont il est parlé sur le poids d’Abydos en forme de lion, sur la base duquel on lit l’inscription araméenne suivante : « Contrôlé par devant les conservateurs de l’argent. » De Vogué, Revue archëol., 1862, t. i, p. 30 ; Corpus inscrïpt. semitic, pars II », 1. i, 1889, p. 101 ; Les Hébreux se servaient du système chaldéo-babylonien, car sans cela le commerce leur eût été impossible avec les peuples qui les environnaient et qui tous s’en servaient eux-mêmes.

IL La. monnaie frappée. — I. son intention. — La difficulté qui naissait de l’obligation de peser à chaque fois l’or, l’argent ou le cuivre qui servaient aux échanges donna l’idée de marquer sur les lingots iia signe qui en fixerait la valeur. Ce signe ne pouvait être accepté en garantie qu’à la condition qu’il y fût placé par le souverain ou l’État. La monnaie fut donc frappée par les rois et les cités. Aristote, Politique, I, iii, 14, édit. Didot, t. i, p. 190. Gygès, roi de Lydie, est l’auteur de cette invention. Hérodote, i, 94 ; G. Radet, La. Lydie au temps des Mermades, in-8o, Paris, 1892, p. 158-169 ; E. Babelon, Les origines de la monnaie, p. 215-232. Mais Gygès ne fit qu’estampiller des lingots. Crésus fit de la véritable monnaie et frappa le fameux statère d’or qui avait le poids du sicle babylonien d’or et d’un statère d’argent correspondant au sicle d’argent. B. Head, Hist. Numorum, in-8’, Oxford, 1887, p. 546. Darius, fils d’Hystaspe, fut le premier qui frappa des monnaies perses. E. Babelon, Catalogue des monnaies de la Bibliothèque nationale. Les Perses Achéménides, in-4o, Paris, 1893, p. il. Le statère d’or portait dans le langage courant le nom de darique, la Bible les désigne en hébreu sous celui de àdarkemôn, darkemôn, que les Septante traduisent par-j6p.iay.a ^pû^iov, (ivâ, et la Vulgate par solidus ou drachma. Voir Dahique, t. n*