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MONNAIE


une valeur numérique et non une pièce monétaire. Naaman fait deux sacs contenant chacun un talent, IV (II) Reg., y, 23, c’est-à-dire renfermant une somme équivalente. — Pour réunir mille talents d’argent qu’il doit payer au roi d’Assyrie, Manahem, roi d’Israël, lève un impôt de 50 sicles par tête. IV (H) Reg., xv, 19, 20. — Les peuples voisins avaient le même étalon que les Israélites et leurs comptes sont établis de la même façon. Nous en avons des exemples pour les Madianites, Jos., vii, 21, les Philistins, Jud., xvi, 5 ; pour les Ammonites, I, Par., xix, 6 ; II Par., xxvii, 5 ; pour les Syriens. IV (II) Reg., v, 5. 22, 23.

Après le retour de la captivité, nous retrouvons la même monnaie en Palestine. Artaxerxès fait donner 100 talents d’argent à Esdras pour ses besoins. I Esd., vii, 21. Néhémie dit que les gouverneurs de Palestine exigeaient du peuple 40 sicles par jour. II Esd., v, 15 ; pour la construction du temple il lève un impôt d’un tiers de sicle par an. II Esd., x, 32. On compte aussi l’argent par mines. I Esd., ii, 69 ; II Esd., vii, 70-71. Nous voyons alors apparaître la monnaie frappée des Perses, la darique d’or. I Esd., ii, 69 ; II Esd., vii, 70-71.

Pour se rendre compte de la valeur de la monnaie pesée chez les Hébreux il faut d’abord étudier les systèmes monétaires des Égyptiens et des Chaldéo-Syriens dont ils se sont servis.

II. LA MONNAIE PESÉE CHEZ LES ÉGYPTIENS. — Le

commerce en Egypte se faisait surtout par échange. G. Maspero, Hist. anc., t. i, p. 323-324. Cependant on se servit de bonne heure des métaux comme équivalents de la valeur des objets vendus. On pesait chaque fois le métal dans des balances. Dans le commerce intérieur le métal en usage était surtout le cuivre. L’unité de poids et, par conséquent, l’unité monétaire de cuivre, était le tabnou qu’on désigne aussi sous le nom à.’outen ou de deben. Le vrai nom est tabnou G. Maspero, Hist. anc, t. i, p. 324 ; E. Babelon, Les origines de la monnaie, in-8°, Paris, 1897, p. 51, n. 1. Le labnou pesait de 90 à 98 grammes. Sur les hiéroglyphes, il est représenté par un fil replié ^=> ou S2 dont on pouvait rogner les extrémités pour l’ajustage du poids. Fr. Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, t. i, p. 104-105 ; E. Babelon, Les origines, p. 51. Le tabnou est divisé en dix kites. On possède au musée de Boulaq des étalons du tabnou et de ses subdivisions. A. Mariette, Monuments divers recueillis en Egypte et en Nubie, Paris, 1872, pi. 97-100. Les gratifications aux soldats, les salaires d’ouvriers, les objets mobiliers, les champs, les maisons, les céréales, les esclaves, les amendes, sont évalués en tabnous de cuivre. G. Maspero, Du genre dpistolaire chez les Égyptiens, in-8, Paris, 1872, p. 77 ; Recueil de travaux relatifs à l’Egypte et à l’Assyrie, t. i, 1879, p. 57 ; Fr. Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, t. i, p. 9596 ; E. Babelon, Les origines de la monnaie, p. 53-54. Cf. les ostraca du Brilish Muséum, n. 5633, 5636, 5649. A partir de la dix-huitième dynastie, c’est-à-dire du xv » siècle avant J.-G., le commerce avec les Asiatiques se fit au moyen de l’or et de l’argent que l’on continua à peser. Pour plus de facilité, les métaux précieux servant au paiement avaient la forme d’anneaux. On voit sur les monuments des corbeilles remplies de ces anneaux (fig. 313). Fr. Lenormant, Hist. ancienne, 9e édit. in-4 « , Paris, 1883, t. iii, p. 58. On possède dans, les musées, notamment à Leyde, des anneaux d’or qmV ont servi ainsi de monnaie et dont les poids se rapportent au système chaldéo-babylonien. Leemans, Egyptische Monumenten van het nederl. Sluseum, Leyde, 1839-1876, t. ii, pi. xli, n. 296. Quelques-uns sont recourbés en S comme les tabnous. Un anneau d’or publié par M. Michel Soutzo et qui paraît avoir servi au même usage est ouvert et pèse 17 gr. 40. Des points au nombre de 84, marqués par moitié sur chaque face, paraissent marquer des subdivisions. L’anneau est équi valent en poids à 1/6 de tabnou. E. Babelon, Les origines, p. 52 (fig. 314).

Les scribes égyptiens évaluaient l’or et l’argent asiatique en tabrums. C’est ainsi que, dans la grande ins 313. — Anneaux d’or et d’argent servant de monnaie. Thèbea. D’après Wilkinson, The mannera of the anc. Egyptians, 1. 1, p. 286.

cription du temple de Karnak, Thothmès III dit qu’il reçut des Khétas de Syrie 301 tabnous d’argent, environ 27892 grammes, en 8 anneaux. Chaque anneau valait donc 37 ou 38 tabnous et pesait 3462 grammes. Fr. Lenormant, La monnaie, 1. 1, p. 103 ; E. Babelon, Les origines, p. 53. 301 tabnous valaient 5 mines ou 250 sicles du système babylonien, le sicle pesant 14 gr. 53 ; l’écart entre les deux poids est très minime. Fr. Lenormant, lbid. ; Brandis, Das MûnzMassund Gewichlwesen

314. — Anneau d’or servant de monnaie appartenant au baroa de Saurma. D’après M. Soutzo, Étalons pondéraux primitifs, pi. iii, A. B. C.

im Vorderasien, in-8°, Berlin, 1866, p. 91 ; F. Hultsch, Griechische und rômische Métrologie, 2e édit., in-8°, Berlin, 1882, p. 374. Un ostracon de pierre calcaire qui est au musée du Louvre, Th. Deveria, Catalogue des manuscrits égyptiens, ix, 10, p. 188, indique la conversion des sicles en monnaie égyptienne et le prix du change. Fr. Lenormant, Histoire de la monnaie, 1879, t. i, p. 105-106. Les marchands peu scrupuleux falsifiaient les anneaux, mêlant aux métaux plus précieux la quantité de métaux moins précieux, qu’ils pouvaient supporter sans que le poids fût changé. On arrivait ainsi à mêler, par exemple, un tiers d’argent à deux tiers d’or. C’est la crainte de cette fraude qui maintint Tùsage des échanges dans le peuple. G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 324-326 ; Lectures historiques, in-8, Paris, 1890, p. 21-23 ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne, t. iii, p. 57-59. On se servait aussi de balances fausses. Aussi dans le Livre des Morts, le défunt mentionne parmi ses vertus, celles de n’avoir pas tiré sur le peson et de n’avoir pas faussé le fléau de la balance. G. Maspero, .Hist. ancienne, 1. 1, p. 189.

ni. LA MONNAIE PESÉE CHEZ LES CBALDÉENS, LES

assyriens et les BABYLONIENS. — Les tablettes cunéiformes nous font connaître l’existence, dès le xxil 8 siè-