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MOLOCH — MONACENSIS (CODEX)


embrasée, on y jetait les enfants qu’on lui offrait en sacrifice et l’on étouffait le bruit de leurs cris au son des tambours. Voir Scholz, Gôtzendienst, 1877, p. 187, 191. Diodore de Sicile, xx, 14, raconte que Chronos, le Moloch de Carthage, était représenté par une statue d’airain, aux bras étendus, et creuse, brûlant par le feu allumé à l’intérieur, les enfants qu’on lui mettait dans les bras. Plusieurs critiques croient que ce passage de Diodore ou d’autres croyances populaires analogues, sont la source des descriptions dé Yalkut et de Kimchi. Quoi qu’il en soit, aucun auteur ancien, en dehors des rabbins du moyen âge, ne parle du taureau-Moloch de Jérusalem. Voir Baudissin, Moloch, dans Herzog, Real-Encyklopàdie, 2e édit., t. viii, 1882, p. 174. — Félix Lajarda publié, dans son Introduction à l’étude du culte public et des mystères de Mithra en Orient et en Occident, Planclies, in-f°, Paris, 1847, pi. lxviii, fig. 25, un scarabée de cornaline de vieille roche, représentant un dieu oriental, assis, à tête de taureau, qu’on a supposé être une représentation de basse époque du dieu Moloch (fig. 312), mais cette attribution est loin d’être certaine.

312. — Dieu à tête de taureau.

D’après F. Lajaid, Introduction au culte de Mithra.

Atlas, pi. lxvhi.

2° D’après saint Cyrille d’Alexandrie, In Amos, v, 2527, n » 55, t. lxxi, col. 512 ; Théophylacte, In Act., vii, 43, t. cxxv, col. 621 ; Œcuménius, In Act., vii, 43, t. cxviii, col. 148, Moloch portait sur le front une pierre brillante, lt’90v Staçavîj. Leur affirmation n’est pas justifiée. Théophylacte et Œcuménius ont reproduit mot pour mot les paroles de saint Cyrille. Ce Père a peut-être emprunté sa description aux rabbins. Il est raconté, dans II Reg., xii, 30, que David s’empara de la couronne de Melchom ou Moloch, à Rabbath-Ammon. La Vulgate, au lieu de Moloch, lit avec l’hébreu, « leur roi, » mais un grand nombre de commentateurs modernes, comme on l’a vu plus haut, traduisent « Milcom », le dieu des Ammonites. D’après cette interprétation, l’idole était parée d’une couronne. La tradition rabbinique ajoutait que dans cette couronne brillait une pierre précieuse, un aimant d’après Kimchi. Il est possible que ce soit à cette source qu’a puisé le docteur alexandrin.

V. Bibliographie. — Voir dom Calmet, Dissertation sur Moloch, dieu des Ammonites, en tête du Lévitique, dans son Commentaire littéral, Paris, 1717, p. 592-603 ; Movers, Die Phônizier, 4 in-8°, Bonn, 1841-1856, t. i, p. 322-414 ; P. Scholz, Gôtzendienst und Zauberwesen bsr den allen Hebrâer, Ratisbonne, 1877, p. 182-197 ; Frd. Bæthgen, Beitrâge zur semilischen Religionsgeschichte, Berlin, 1888, p. 15-16, 37-40, 84-85, 238, 254255, 263 ; W. von Baudissin, Jahve et Moloch, in-8°, Leipzig, 1894 ; Alfred Jeremias, Moloch, dans W. H. Ros cher, Ausfùhrliches Lexikon der griechiscfwn und rômischen Mythologie, t. ii, 1890, col. 3106-3110 ; M. J. Lagrange, Études sur les religions sémitiques, in-8°, Paris, 1903, p. 99-109. F. Vjgouroux.

    1. MONACENSIS##

MONACENSIS (CODEX). Les trois manuscrits suivants, contenant des parties d’une ancienne.-version latine, sont conservés actuellement à la Bibliothèque royale de Munich et proviennent du monastère de Freising fondé au VIIIe siècle par saint Corbinien.

I. Manuscrit palimpseste du Pentateuque, d’après une ancienne version latine. Biblioth. royale de Munich, lat. 6225 (Fris. 25). C’est un volume in-4° du IXe siècle comprenant Job, Tobie, Judith, les deux livres d’Esdras, avec une ancienne version préhiéronymienne d’Esther jusqu’à xi, 3. Mais des 115 feuillets que ce codex renferme, 39 sont palimpsestes (de 76 à 115 sauf 92). Malheureusement, comme le format primitif était plus grand, les feuillets ont été rognés et il ne reste de l’ancien manuscrit que la colonne intérieure avec un tiers environ de la colonne extérieure. La lecture est en outre très difficile, parce que l’écriture du IXe siècle, au lieu d’être oblique ou interlinéaire relativementà l’écriture ancienne lui est exactement superposée. Cependant les’marges, où l’écriture palimpseste existe seule, facilitent un peu le travail de lecture et de restitution. Les parties qu’on a pu déchiffrer avec plus ou moins de certitude sont : Ex., ix, 15-x, 24 ; xii, 28-xiv, 4 ; xvi, 10-xx, 5 ; xxxi, 15xxxiii, 7 ; xxxvi, 13-xl, 32 ; Lev., iii, 17-iv, 25 ; xi, 12xiii, 6 ; xiv, 17-xv, 10 ; xviii, 18-xx, 3 ; Nu m., iii, 34-iv, 8 ; iv, 31-v, 8 ; vii, 37-73 ; xi, 20-xii, 14 ; xxix, 6-xxx, 3 ; xxxi, 14-xxxvi ; Deut., viii, 19-x, 12 ; xxii, 7-xxin, 4 ; xxviii, 1-31 ; xxx, 16-xxxii, 29. L’écriture palimpseste de ces fragments est du Ve ou VIe siècle. Cf. L. Ziegler, Bruchstïtcke einer vorhieronymianischen Uebersetzung, Munich, 1883. Malgré son état fragmentaire, ce manuscrit est très important, parce que les reliques de l’ancienne version latine de l’Ancien Testament sont fort peu nombreuses.

II. Un manuscrit des Évangiles selon l’ancienne version latine est coté lat. 6224 (Fris. 24) à la Bibliothèque royale de Munich. Il y fut transporté en 1802 de Freising, mais il existait avant la fondation de ce monastère, car s’il n’est pas du vie siècle, comme le prétendait Tischendorf, il est au moins du vne. Dans son état actuel il comprend 251 feuillets de parchemin à deux colonnes de 20 lignes chacune et mesure m 251 x ii, 211.

— L’ordre primitif des Évangiles était Matthieu, Jean, Luc, Marc. Un relieur maladroit a cherché à rétablir l’ordre ordinaire et il en est résulté un désordre étrange. De plus, le manuscrit est mutilé. Il manque 22 feuillets qui devaient contenir Matlh., iii, 15-iv, 23 ; v, 25- vi, 4 ; vi, 28-vn, 8 ; Joa., x, 11-xii, 38 ; xxi, 8-20 ; Luc, xxiii, 33-35 ; xxiv, 11-39 ; Marc, i, 7-21 ; xv, 5-36. L’écriture est une onciale ou plutôt une demi-onciale assez ferme qui rappelle un peu celle du Lugdunensis. La décadence s’y fait sentir dans les ligatures et la forme presque cursive de certaines lettres. Les titres et les premières lignes de chaque Évangile sont en capitales coloriées. Le scribe s’appelait Valérianus ; on ne sait rien de plus de lui. Une main malhabile du vin » ou du ix « siècle a ajouté des notes liturgiques. —Le Monacensis, désigné en critique, depuis Tischendorf, par la lettre g, est rangé par Hort parmi les textes italiens avec le Brixianus (f), tandis que le Vercellensis (a), le Veronensis (b) et le Vindobonensis (i) représenteraient le texte européen. White, qui en a donné une édition précédée d’une savante préface (The four Gospels from the Munich Ms. q, etc., Oxford, 1888, fasc. 3 des Old-Latin Biblical Texts), ne partage pas tout à fait cet avis : « L’impression générale laissée dans l’esprit par l’étude de ce codex est que si les leçons sont italiennes, les traductions sont européennes. »

III. Un autre manuscrit, conservé à la même biblio-