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MODIN


Vallée et son monument sépulcral à l’ouest, il est plus naturel de chercher celui-ci, conformément aux usages des Hébreux, dans le voisinage immédiat de la ville ; sa découverte, si toutefois elle est encore à’faire, pourrait fournir un argument prépondérant. Nous toucherons à cette dernière question après avoir relaté les quelques faits historiques qui constituent l’histoire de Modin, parmi lesquels l’érection de ce monument est un des plus importants.

V. Histoire- — La gloire de Modin est le reflet de l’éclat dont brille l’illustre famille des Machabées : cette ville fut leur berceau, le centre où ils levèrent l’étendard de l’indépendance religieuse et politique en face du despotisme cruel de l’hellénisme, où plus d’une fois ils réunirent leurs forces pour les organiser, et enfin le champ de triomphe où le monument sépulcral élevé sur leurs tombes célébra longtemps devant les générations leur foi, leur sublime patriotisme et leur héroïque vaillance. -" La famille sacerdotale des Machabées ou des Asmonéens aurait été originaire de Jérusalem et serait venue s’établir à Modin vers le commencement de la persécution religieuse d’Antiochus IV Épiphane, d’après I Mach., ii, 1, du moins selon l’interprétation qu’en donne l’historien Josèphe, Ant.jud., xii, vi, 1, suivi par un grand nombre d’autres. L’écrivain juif a mal lii, ce semble, ce passage. L’expression « il fut enseveli par ses fils dans le tombeau de ses pères à Modin », formulée I Mach., ii, 70, une première fois à propos de Mathathias le père des Machabées. répétée pour Judas, ix, 19 ; et celle analogue employée, xiii, 25, pour Jonathas, « il [Simon] recueillit les ossements de son père Jonathas et les ensevelit à Modin sa ville, » ne permettent pas de douter que leur famille, à supposer qu’elle eût d’abord été établie à Jérusalem, ne fût depuis longtemps fixée à Modin. Au lieu de lire : « En ces jours-là se leva Mathathias… de la famille de Joarib de Jérusalem et il vint s’établir à Modin, » le verset de I Mach., ii, 1, doit se lire : « Mathathias… de la famille de Joarib, quitta Jérusalem (où il pouvait être pour son ministère) et se retira à Modin, » avenir) àitb’ItpousaVriii et non’Icoipîâ àm>’IepovuaMiiJi.. — Aux premiers temps de la persécution hellénique, un certain nombre de personnes s’étaient réfugiées à Modin où elles pensaient peut-être demeurer tranquilles, en raison de son éloignement de la capitale de la Judée ; mais l’agent d’Antiochus chargé d’imposer aux populations le culte de la Grèce les y suivit. I Mach., ii, 15. Mathathias, qui était selon toute apparence le principal personnage de la localité, fut appelé ; l’employé chercha à le séduire pour entraîner les autres par son exemple. Mathathias répondit par un refus catégorique, et comme en même temps un Juif se présentait pour apostasier, Mathathias indigné l’égorgea sur l’autel même élevé par les païens où il venait immoler, tua l’envoyé royal renversa l’autel et appela tous les Juifs fidèles à s’unir à lui et à ses fils pour défendre la religion. Ibid., ii, 15-27. La situation de Modin n’était pas assez forte pour qu’ils pussent s’y maintenir contre les dominateurs du pays ; Mathathias l’abandonna pour se retirer dans les régions plus escarpées des hautes montagnes. Ses succès paraissent lui avoir permis de revenir en sa patrie pour y mourrir ; du moins ses fils purent y ensevelir sa dépouille mortelle. Si les triomphes de ses fils et l’intérêt de leur cause les obligèrent à se tenir plus au centre de la Judée, ils aimèrent à retourner de temps en temps y à leur patrie, pour s’y retremper dans les généreux sentiments qui avaient donné l’impulsion à ce mouvement. C’est ainsi que Juda vint organiser à Modin la petite armée qu’il voulait opposer à Antiochus Eupatôr et à Lysias, son lieutenant, qui venait d’envahir de nouveau la Judée ; en face du tombeau de son glorieux père il pouvait, plus éloquemment qu’ailleurs, exhorter ses compagnons « à combattre vaillamment et jusqu’à la mort pour la loi, le temple, la ville [sainte], la patrie et le


peuple ». II Mach., xiii, 14. Pour la même raison peut-être, Jean Hyrcan et son frère Juda amenèrent-ils leur troupe à Modin, avant d’attaquer Cendebée sous les murs de Cédron. I Mach., xvi, 4. Le monument élevé, par leur frère Simon, comme un temple sur le sépulcre de Mathathias et de ses quatre autres fils, tous tombés victimes de leur patriotisme religieux, ne pouvait qu’exciter le courage dans les cœurs et le noble c uesir de les venger.

VI. Le monument sépulcral des Machabées. — C’est après avoir enseveli à Modin la dépouille mortelle de son frère Jonathas, que Simon songea à honorer la mémoire de ses parents par un mausolée monumental. L’Écriture raconte ainsi cette œuvre : « Simon construisit sur le sépulcre de son père et de ses frères un monument élevé aux regards, de pierre polie de face et en arrière. Il dressa au-dessus sept pyramides, celles (en mémoire) de son. père et de sa mère en face l’une de l’autre et les quatre autres (en mémoire) de ses frères. Il les entoura d’une vaste construction formée de grandes colonnes et fit sur les colonnes des panoplies en souvenir éternel, et près de ces groupes d’armes des navires sculptés de nature à être vus de tous ceux qui naviguent sur la mer. Tel est le sépulcre qu’il fit à Modin [et qui subsiste] jusqu’aujourd’hui. » I Mach. f xm, 27-30. La septième pyramide, Simon se la réservait sans doute. Le monument était encore debout vers la fin du I er siècle, après la guerre de Judée, quand. Josèphe écrivit ses Antiquités judaïques, XIII, vi, 5., Au iv « siècle, Eusèbe atteste que « le mausolée des Machabées se montrait jusqu’alors ». Onomasticon, p. 290. Au v siècle, saint Jérôme constate encore leur permanence et s’étonne que l’on puisse montrer leurs reliques à Antioche. De nominibus et locis hebraicis, . t. xxiii, col. 911. Ou bien saint Jérôme accuse les Antiochéniens de confondre les sept frères martyrs de* II Mach., vii, dont les restes paraissent en effet avoir été vénérés, à Antioche, avec la famille de Mathathias, ou bien il confond lui-même celle-ci avec les premiers. Cette confusion a été invoquée pour expliquer la présence d’une croix dans la mosaïque des tombeaux découverts par V. Guérin au khirbet Scheikh el-Gharbaouy^ et identifiés avec le monument des Machabées. — Depuis le Ve siècle ce monument s’était perdu de vue, à cause sans doute de la situation de Modin, en dehors des routes suivies par les pèlerins. Au moyen âge on en parle quelquefois, mais si ce n’est pas une simple mention historique c’est une confusion. Il n’est pas douteux qu’il n’ait été détruit dans la triste période qui suivit les croisades, si déjà il ne l’avait été auparavant. En 1870, V. Guérin pensait que la construction rectangulaire du khirbet el-Gharbaouy avait contenu sept chambres contiguës, construites en belle pierre de taille et contenant chacune une auge sépulcrale pratiquée dans le roc dont le fond était tapissé de petits cubes de mosaïques ; ces sept chambres auraient été surmontées d’une série de sept pyramides dressées sur la même ligne et qui reposaient chacune sur le plafond de chaque chambre. Selon lui, le rectangle aurait été lui-même environné d’un portique soutenu par les colonnes monolithes que décoraient les ornements dont parle le livre des Machabées ; les tronçons découverts auraient été les débris de cette colonnade et l’attestation de son existence en cet endroit. Le docte explorateur concluait : « Il n’y avait plus de doute possible, j’avais définitivement retrouvé le tombeau des Machabées, et la fosse que j’avais rencontrée avait peut-être reçu les cendres de l’héroïque et saint vieillard Mathathias, qui, étant mort le premier, avait occupé probablement la première chambre sépulcrale. » Le rapport de M. Mauss, bien que supposant aux tombes une disposition relative un peu différente, confirmait la plupart des détails relevés par M. Guérin.

— Cependant la même année 1870, le D r Sandreczki

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