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MODIN


par Simon sur la tombe de s es parents, à Modin, était en vue de la mer, d’où il apparaît que cette ville était en un lieu élevé et dominant, pas trop éloigné de la côte. Elle semble avoir été sur le seuil de la Judée, d’après II Mach., xiii, 13-15. Josèphe l’appelle « un village de la Judée », xti(ir) tîjç’Iou6 « îac Ant.jud., XII, vi, 1.

2° D’après le Talmud et les Anciens documents chrétiens. — Le Talmud de Babjlone, Pesahim, 3, b, indique Modin à quinze railles de Jérusalem ; l’expression de « distance éloignée », employé ailleurs, 93, b, permet de croire que les milles auxquels ce texte fait allusion sont plus considérables que le mille romain. Cf. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 99 ; Estori ha-Parchi, Qaftor va-Phérach, nouvelle édit., Jérusalem, 1897-1899, p. 291. — Eusèbe place « le bourg de Modeim près (ttXïIuiov) de Diospolis (Lydda) », Onomastican, édit. LarsoW et Parthey, Berlin, 1862, p. 290. Sur la carte-mosaïque de Madaba, Modin, figurée par un groupe de maisons avec cette inscription : « Modeim qui est maintenant Moditha d’où étaient les Machabées, » se trouve au nord de Nicopolis (Emmaùs) et à l’est de Diospolis (Lydda).

S* D’après les pèlerins et écrivains du XIIe siècle et des âges suivants. — À partir de l’époque des Croisades, les indications sont différentes des précédentes et contradictoires entre elles. D’après Jean de Wûrzbourg (vers 1130) copiant Fretellus (vers 1120) Modin est à sept milles de Jérusalem, sur la route de Ramatha (Ramleh), et à huit milles de Lydda. Desoriptio Terrée Sanctm, c. Vf, t. clv, col. 1071. Cette distance équivalant à 15 kilomètres nous conduirait au khirbet Kebâra, situé entre Qastal et Qariat el-Enab. Théodorich, vers 1172, la place dans les montagnes appelées alors Belmont, entre la patrie de saint Jean ÇAîn-KâHm) et Fontenoîd-Emmaùs (Qariat el-Enab). De loch sanctis, édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 87. La localité indiquée peut être la précédente, ou Sôbâ ou Qastal. De Villamont (1589) désigne, 1. II, c. xi, assez clairement Qastal, en indiquant « le château de Modin » entre Qariat que l’on prenait alors pour Anathoth et la vallée de Qoloniéli, sur une cime dominante, et en les distinguant, c. xii, de la localité bâtie également sur une haute montagne et appelée par les Turcs Soba, qu’il identifie avec Ramatha, Voyages du seigneur de Villamont, Lyon, 1611, p. 212. Depuis cette époque et presque jusqu’à nos jours, la grande multitude des pèlerins nomment ou indiquent Soba. — Burchard, Marin Sanut, et plusieurs des cartes du xme siècle ou du xive semblent confondre Modin avec Tell es-Sdfîéh. Au Juif Ishaq Helo, en 1334, on l’indiquait à Ramléh. Les chemins de J érusalem, dans Carmoly, Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 247. Le cordelier Jean Thenaud (1512) paraît s’arrêter au même lieu. Le voyage d’Oultremer, édit. Schefer, Paris, 1882, p. 117. Toutes ces indications et d’autres encore, qui sont données comme l’expression de la tradition locale, sont de simples hypothèses, souvent naïves, dont l’une ou l’autre plus ou moins généralement acceptée, s’est transmise pendant une période assez longue pour prendre l’apparence d’une tradition.

II. Identification. — Le rabbin Schwarz, en 1833, pensait avoir retrouvé le nom de Modin dans une localité située à l’ouest du khirbet Djéba’, à quatre heures de marche à l’ouest de Jérusalem et à une heure de Qastal, dont le savant israélite se figurait avoir entendu/ prononcer le nom Mêdà’n. Tebuoth ha-Arez, édit. Luncz, Jérusalem, 1900, p. 116. À l’endroit indiqué on trouve une ruine appelée Bafen (non Mèdân) es-seghtr, ou Bathen-le-Petit. Robinson, en 1838, combattant la prétendue tradition de Sôbâ, proposait Lafroûn, fondé sur les seules données scripturales et sur Eusèbe. Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, p. 64, note. V. Guérin avait accepté, en 1863, cette identification ; mais, ayant eu plus tard connaissance de l’existence d’une

localité appelée el-Médiéh, dans laquelle le P. Emmanuel Forner, curé franciscain de Bethléhem, avait déjà reconnu, en 1866, le nom de Modin, il se rallia à cette identification et la soutint énergiquement. Médîéh, ou Modiéh, a pu en effet dériver de Modeim ou Modiith, comme el’Azarîeh de Lazarium, Tabarîéh, de Tibe~ rias, etc. El-Medîéh est d’ailleurs près de Lydda, dont il n’est distant que de 10 kilomètres, au’sud-sud ?est. De Me~ diéh, V. Guérin avait distingué très clairement des navires passant près de la côte, ce qui lui permettait de conclure que de la mer on avait pu apercevoir le monument sépulcral des Machabées. À ces trois arguments, l’illustre palestinologue en ajoute un quatrième. Ayant découvert en 1870, près d’el-Medîéh, des tombeaux qui paraissaient avoir été recouverts d’une construction monumentale, il crut pouvoir les identifier avec les sépulcres des Machabées, et conclure de là à l’identification indubitable d’el-Medîéh avec Modin. Samarie, t. ii, p. 403. Plusieurs savants contestèrent l’exactitude de la conclusion de V. Guérin à propos des tombeaux, mais, à cause des autres raisons, l’identification de la localité avec la patrie des Machabées fut généralement adoptée. — Cette identification a été combattue cependant dans la Revue biblique, en 1892, dans l’article intitulé : La Bible et les études topographiques en Palestine, p. 109-111. Selon l’auteur de l’article : 1° il est douteux qu’el-Medîéh, qui dut faire partie de la tribu de Dan, appartînt à la Judée au temps des Machabées ; 2° le passage I Mach., xiii, 25-30, doit s’interpréter : « il fit sculpter des navires dont les navigateurs sont à même d’apprécier le fini de l’œuvre ; » 3° Modin doit se trouver assez près de Jérusalem, sur la route directe de Jérusalem à Cédron et non à plus de 20 kilomètres au nord de cette route ; 4° le nom à’el-Mediéh, n’ayant pas la troisième consonne de Modin, ne peut en dériver ; 5° on conteste en outre l’identité des tombeaux découverts par M. Guérin avec ceux des Machabées. — « Ces arguments ne sont nullement concluants pour la thèse, » dit M. Is. Abrahams dans l’article Modin, de VEncyclopedia biblica de Cheyne, t. iii, Londres, 1903, col. 3181. 1° Le territoire de Dan, en effet, avait certainement été occupé par les Juifs, au retour de Babylone, avec les villes de Hadid, aujourd’hui Haditâ, Neballat (Beit-Nebdlâ ) et Lod (Lydda), situées au nord ou à l’ouest A’el-Mediéh. Cf. II Esd., xi, 34. El-Mediéh avait été inclus à la Judée avec ces localités. La cession ou plutôt la restitution faite aux Juifs par Démétrius Nicator des villes de Lydda, Ramathaïm et Éphraïm (I Mach., xi, 34), qui avaient été enlevées aux Juifs et rattachées à la Samarie, démontre qu’el-Mediéh n’en avait jamais été distraite. — 2°Quelle que soit l’interprétation que l’on puisse donner à. I Mach., xiii, 25-30, la marche militaire de Jean et de Judas, de Jérusalem à Modin, suppose une distance de 30 à 40 kilomètres et amène sur le bord de la plaine où le récit les montre descendant de suite le lendemain matin. — 3° Les circonstances obligent souvent les armées en campagne à prendre des détours, et l’on peut supposer mille raisons pour expliquer celui d’Hyrcan et des Juifs ; rien d’ailleurs dans le récit n’indique une marche directe. — 4° Il n’est pas possible de nier qu’eJ Mediéh ou Modiéh (^VviA-o), qui se prononce devant

~une voyelle Medtét, avec t articulé, ne soit bien dérivé de Moditha usité aux ve et vie siècles, comme es-Sdfîéh est dérivé de Saphitha et que le Moditha de cette époque ne soit pas le site de l’actuel Mediéh. — 5° On peut contester actuellement l’identité de tels tombeaux d’el-Mediéh avec ceux des Machabées ; mais leur monument existait encore, comme en témoignent Eusèbe et saint Jérôme, aux iv « et ve siècles de l’ère chrétienne et avant l’invasion arabe, et il n’est pas possible de rejeter Videntification de la Moditha d’alors avec la Modin de la Bible, identification garantie par la présence du me-