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mains, leur territoire, serré de toutes parts par les tribus arabes, était complètement envahi par cet élément, dans lequel eux-mêmes devaient finir par disparaître. Hyrcan, fils de Joseph et neveu du grand-prêtre Onias. quand il vint s’établir à Tyr ($ûr) sur la frontière de Moab, trouvait déjà toute la région d’Hésébon, c’est-à-dire toute la partie septentrionale de Moab, occupée par les Arabes. Jos., Ant.jud., XIV, iv, 9. — Le nom d’Arabie, donné communément depuis cette époque à tout le pays de Moab, indique la prédominance de l’élément arabe. Le plus illustre des groupes arabes qui l’habitèrent fut celui des Nabuthéens. Jean Machabée venait leur demander du secours quand il fut assassiné par les fils de Jambri, près de Madaba. I Mach., ix, 31-37. Voir NabUThéens. Une inscription tumulaire découverte en cette dernière ville et écrite dans la langue et avec les caractères propres à cette nation, montre les Nabuthéens, au r er siècle de l’ère chrétienne, établis dans tout le pays de Moab. Voir Méoaba, col. 902.

7° Juifs. — Les succès de Jean Hyrcan et plus tard ceux d’Alexandre Jannée permirent aux Juifs d’établir des colonies dans un grand nombre de localités de la région au nord de l’Arnon. Jos., Ant. jud., XIII, ix, 1 ; Bell, jud., i, ii, 6. Elles y persistèrent jusqu’à la fin de la guerre de Judée, et c’est là que nous verrons les Romains poursuivre les Juifs des derniers coups de leur fureur (70 ap. J.-C.).

8° Colonies diverses. — Les colonies gréco-romaines qui se fondèrent depuis la ruine de Jérusalem, tant au sud qu’au nord de l’Arnon, dans les principales villes, furent supplantées au vne siècle par des colonies arabes musulmanes, venues du Yémen. Les quelques familles franques qui s’y portèrent au xiie siècle, ne firent qu’y apparaître. Voir Kir Moab, t. iii, col. 1906. Depuis, si l’on excepte quelques familles de marchands syriens, celles des employés des gouvernements égyptien et turc qui se sont supplantés sur ce sol, la population a été composée exclusivement d’Arabes bédouins, vivant sous la tente, groupés en tribus et en familles. La plupart ont la prétention, difficile à justifier, de descendre des anciens habitants. — Le nombre total de la population actuelle, en permanence dans l’ancien pays de Moab, peut s’élever à près de 10 000 âmes.

III. Histoire. — I re période : depuis l’origine jusqu’aux INVASIONS ASSYRIENNES. — I. LES ORIGINES. — La contrée qui allait devenir le pays de Moab apparaît au principe, avec tous les pays des alentours, assujettie à la domination ou à la suzeraineté de Chodorlahomor, roi d’Élam et des princes de l’Asie centrale. « Pendant douze années, raconte l’auteur de la Genèse [les rois de Sodome, de Gomorrhe, d’Adama, de Seboïm et de Bala qui est Ségor] demeurèrent soumis à Chodorlahomor et la treizième année, ils se révoltèrent. La quatorzième année, Chodorlahomor vint avec les rois qui étaient avec lui [Amraphel, roi de Sennaar, Arioch, roi d’Ellasar, et Thadal, roi de GoïmJ. Ils battirent les Raphaïm à Astaroth-Carnaïm avec les Zuzim, et les Émim à Savé-Cariathaïm, » c’est-à-dire dans les plaines du pays de Moab que ces derniers occupaient. Gen., xiv, 1-5. Les Émim partagèrent le sort de leurs voisins, parce qu’ils avaient participé à leur rébellion. Les rois de la Pentapole furent battus à leur tour, leurs villes pillées et leurs habitants traînés, en captivité, Parmi les captifs se trouvait Lot, père de Moab. Gen., xiv, 12. Délivré par Abraham, Lot revint à Sodome, d’où les anges le tirèrent pour le faire échapper à la catastrophe qui allait surprendre cette ville coupable. Lot, avec ses deux filles, gagna Ségor, qui faisait partie du pays de Moab ; il alla habiter ensuite les montagnes voisines. C’est là que naquit Moab, qui devait donner son nom au pays et être la souche de sa population. Gen., xix, 29-37. — Tandis que la famille de Jacob grandissait en Egypte, les fils de Moab se multipliaient

également dans le pays de naissance de leur père et devenaient assez nombreux et assez forts pour en faire disparaître les Émim et l’occuper complètement à leur place. Deut., ii, 9-10, 19-30.

II. CONQUÊTE DE MOAB SEPTENTRIONAL PAR LES

amorrhéens, puis PAit ies_ Israélites. — Cependant vers l’époque de la sortie d’Egypte (1493) étendant que les Israélites parcouraient les déserts de la péninsule sinaïtique, l’Amorrhéen Séhon, à la tête d’une armée, réussit à s’emparer de toute la région habitée par les fils de Moab au nord de l’Arnon et à les refouler au delà de cette rivière. Il fit d’Hésébon la capitale de soif royaume. Num., xxi, 26-30. Voir Hésèbon, t. iii, col. 657663. Les quarante années que les Israélites devaient, passer au désert étant près de finir, Moïse, dont le dessein était de pénétrer dans la Terre Promise par l’est, envoya de Cadès au roi de Moab des ambassadeurs chargés de lui demander l’autorisation de passer sur son territoire. Le passage par là était plus court et il était plus facile de s’y procurer de l’eau dans les rivières des vallées qui parcourent le pays. Le roi de Moab, qui probablement était déjà Balac, refusa. Le Seigneur dit alors à Moïse : « N’attaque pas Moab et n’engage pas le combat avec lui : je ne te donnerai rien de sa terre en possession, car j’ai donné Ar en héritage aux fils de Lot. » Deut., ii, 9 ; Jud., xi, 18. Les Israélites ne voulurent pas forcer le passage, contournèrent le pays et se dirigèrent, par le désert de l’est, vers la frontière du royaume de Séhon. Arrivés au sud-est, vers l’origine des vallées de l’Arnon, Moïse fit faire au roi d’Hésébon la même demande qu’il avait faite à son voisin, le roi de Moab. Non seulement l’Amorrhéen refusa d’accéder à la proposition, mais il se porta aussitôt à la frontière, non dans le dessein d’en empêcher le passage, mais pour prendre l’offensive, repousser les Hébreux et les disperser. La bataille eut lieu à Jasa. Séhon fut vaincu et tué et les Amorrhéens furent complètement exterminés ; toutes les villes et le territoire au nord de l’Arnon passèrent aux mains des Israélites (1453). Num., xxi, 21-31 ; Deut., ii, 26-36.

m. le roi balac. — Le pays de Moab, à l’arrivée d. s Israélites, était gouverné par des rois. Le premier nommé est Séphor. Num., xii, 2, 10. Son fils Balac régnait quand Moïse s’empara sur les Amorrhéens du pays au nord de l’Arnon. Épouvanté par les succès des Israélites, le roi de Moab appela près de lui les chefs madianites qui se trouvaient dans la région : « Cette masse, leur disait-il, va tout dévorer autour de nous, comme le bœuf dévore l’herbe des champs. » Num., xxii, 4. Il semble avoir profité de leur présence et de ce que les Israélites étaient absorbés à la poursuite du roi Oget à la conquête de Basan pour franchir l’Arnon et occuper la partie de la montagne située entre cette rivière et le mont Nébo. Il s’y trouvait avec les princes de Madian quand les Israélites établirent leur camp dans la vallée du Jourdain, à l’est, en face dé Jéricho. Comprenant qu’il ne pouvait attaquer une armée qui venait de défaire deux rois puissants, ni défendre contre elle son territoire dans le cas où elle en voudrait tenter la conquête, ce qu’il redoutait avec son peuple, il se décida, sur le conseil, semble-t-il, des Madianites à recourir ^ux sortilèges et aux moyens extra-naturels. Il appela Balaam, dont le nom était célèbre au loin, pour maudire Israël. On sait comment le Seigneur obligea au contraire le devin à bénir son peuple. Num., xxii-xxiv. Cf. Balaam, t. i, col. 1396-1398. Balac voulait à tout prix trouver le moyen d’affaiblir Israël, pour l’empêcher de lui nuire. Balaam lui conseilla d’user de la corruption et de la perversion. Les Madianites prêtèrent leur infâme concours aux Moabites. La sévérité de Moïse, le zèle de Phinées et l’intervention divine triomphèrent de la tentative. Num., xxv ; xxxi, 1-18 ; Deut., iv, 3 ; Jos., xxii, 17. Balac d’ailleurs n’avait pas attendu le résultat du cota-