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MOAB


p. 184. — Ces diverses eaux thermales de Moab, selon plusieurs interprètes, seraient désignées déjà, soit en général, soit en particulier, dans la Genèse, xxxvi, 24, où il est raconté qu’Ana, fils de Sébéon, « trouva les yêniîni au désert. » L’hypothèse, quoique contestable, a réuni un cerîain nombre de partisans. Voir Ana, t. i, col. 532-533. Celles de Sârah nous paraissent clairement indiquées dans le Sihor de la montagne de la vallée, sans toutefois qu’il soit tait allusion à leurnature et à leur usage. Il est cependant un passage de l’Écriture où il pourrait en être question à ce point de vue, c’est celui du psaume lix (hébreu lx), 10, répété Ps. cvn (cvm), 10. Personnifiant le peuple de Dieu, le Psalmiste énumère diverses tribus d’Israël et plusieurs des nation ? voisines, en spécifiant le rôle de chacune par rapport à lui. Après avoir appelé Éphraïm le soutien de sa tête, Juda son législateur, et avant d’ajouter : « ma chaussure, mon pied, s’appuiera surÉdom, » il dit : « Moab est le vase où je me lave, » Môâb sir râhn, dans la Vulgate, olla spei meî. Selon toute apparence, le chantre sacré veut dire que le pays de Moab sert à Israël pour ses bains salutaires. La conduite d’Hérode indique suffisamment qu’ils n’étaient ni inconnus, ni méprisés des Israélites et des Juifs.

jv. climat et productions. — 1° Climat. — Le pays de Moab, comme le pays de Galaad, ou comme la Judée prise sur le littoral méditerranéen, a deux climats distincts : celui de la région supérieure, et celui du Ghôr : le premier est un climat tempéré, l’autre un climat chaud. Pour l’un et l’autre, il y a deux saisons : la saison des pluies de l’hiver, de novembre à avril, et la saison sèche ou l’été, de mai à octobre. Les températures que l’onpeut considérer comme extrêmes sont, pour la première zone élevée, — 3° centigrades et -ꝟ. 35°, et pour le iihôr O et-i- 50° ; ces températures sont très rares, pour le Ghôr surtout. La température la plus ordinaire de l’hiver est de + 8° à + "16° au plateau supérieur et de +- 15° à 22° dans le Ghôr. Les écarts de plus de 8 degrés entre les minima et les maxima sont peu fréquents. La distribution des pluies ne s’opère pas avec une régularité absolue : elles sont plus ou moins précoces et cessent plus ou moins tôt, et elles peuvent être plus ou moins abon dantes. La quantité moyenne est de 60 centimètres. Environ deux années sur trois la neige descend sur le plate au qu’elle recouvre en entier, mais rarement deux fois dans un même hiver. Elle se maintient parfois au delà d’une semaine, surtout dans la partie méridionale, dont l’altitude est plus considérable. Les vents de l’occident sont les plus constants. Les vents d’est soufflent plus fréquemment [en hiver et dans les mois intermédiaires de mars et d’avril, etde septembre à octobre. Brûlants pendant l’été, ils sont d’un froid vif pendant l’hiver. L’air des plateaux est sec et salubre. Quelques miasmes se développent dans le Ghôr, aux alentours de Sueiméh, où les eaux, abandonnées à elles-mêmes, forment des marais. Les Arabes du plateau et de la montagne descendent dans les diverses parties du Ghôr au commencement de la saison des pluies et l’abandonnent dès le mois de mai.

2° Flore. — Favorisée par un climat identique à celui de la Judée, la flore de Moab n’est ni moins riche, ni moins variée. Ce sont, en général, les mêmes espèces, parmi lesquelles dominent les anémones, les coquelicots et diverses sortes de lins. Les chardons et les arbustes épineux abondent après les récoltes et pendant l’été. Les bords des fontaines et des rivières sont couverts de cresson et de menthe. Le sénevé se développe dans le Ghôr et sur les rives du Jourdain. La truffe abonde dans la plaine de Médaba. Dans les terrains spéciaux des vallées qui bordent la mer Morte, les explorateurs ont trouvé plusieurs espèces de plantes inconnues à la Judée. Le retem, genêt à fleur blanche odorante (fig. 301), remplit les vallées comme les flancs des collines inférieures. Le’oscher ou asclépiade se mêle partout au

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retem dans le Ghôr et à Çârah. Dans les touffes d’oléandres ombrageant les rivières, on en remarque à fleur blanche. Le tamaris, les roseaux et les diverses espèces de saules qui croissent sur les rives du Jourdain se retrouvent près de la plupart des autres rivières. Le prophète Isaïe, xv, 6-7, d’après la Vulgate, signalerait ces derniers arbres dans les vallées les plus méridionales de Moab et la végétation abondante, en général, de la région de Nemrim. Le nom de’Arû’êr donné à une ville bâtie sur le bord de l’Arnon et à une autre située plus au nord suppose la présence du genévrier dans leur voisinage. Quelques buissons de chêne et de térébinthes, de lentisques, de sumacs, épars sur les collines au nord de H esbdn et de El’&l, attestent l’existence, au temps passé, de forêts

301. — Genêt à fleurs blanches.

D’après une photographie de M. l’abbé Gélinet.

en cette région. Il y reste seulement maintenant un petit bosquet de pins rabougris et noueux. Tout le reste du plateau, tant au nord qu’au sud de l’Arnon, est complètement dépouillé de toute espèce d’arbres. On retrouve quelques chênes, quelques térébinthes et quelques caroubiers dans l’une ou l’autre des vallées qui aboutissent à l’ouadi Reidàn et qui sont au sud du Môdjeb. Le nom de’Abel haë-ëittîm, porté par une ville des Araboth, indique la présence du sent ou d’acacias désignés par l’appellation de sittîm. Cette espèce a disparu de l’endroit, mais on la retrouve à ÇdraA et en d’autres endroits. On voyait autrefois à Barou une plante, arbre ou arbuste, comparée par Josèphe à la rue et à laquelle il attribue des propriétés extraordinaires, entre autres celle de paraître semblable à une flamme pendant la nuit. Bell, jud., VII, vi, 3. Des explorateurs ont cru reconnaître cette espèce dans un grand retem qui croit au Hammam ez-Zerqd et dont le tronc atteint jusqu’à 30 centimètres de diamètre, et l’arbre le développement d’un grand amandier ; mais cette plante n’a rien de la rue, ni les autres propriétés que lui attribue l’écrivain juif..

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