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MITHR1DATE — MITYLÈNE

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ment gizbâr par Y « ïoçvjk « |, « trésorier, » et la traduction latine placée à la fin de nos éditions de la Vulgate porte également : Mithridatus qui erat super thesauros ipsius. Saint Jérôme a traduit lui-même le pluriel chaldéen de giibdr, dans I Esd., vii, 21, par custodes arcs, publics, c’est-à-dire par « trésoriers ». Septante :-caîî yâïaej. Cf. Dan., iii, 2, 3. Voir Gazabar, t. ii, col. 124.

2. MITHRIOATE, officier perse, un des chefs qui gouvernaient la Samarie, sous le règne d’Artaxerxès. I Esd., iv, 7. Il écrivit à ce roi, avec Bésélam, Thabée, et les autres membres du conseil placé à la tête de la Samarie, afin d’obtenir de ce prince qu’il empêchât les Juifs de retour de la captivité sous Esdras, de rebâtir le temple de Jérusalem. Sur leur dénonciation, Artaxerxès fit, en effet, arrêter les travaux qui furent interrompus jusqu’à la seconde année du règne de Darius. I Esd., iv, 9-24.

    1. MITRE##

MITRE (hébreu : migbâ’âh ; Septante : xtëapi ;  : Vulgate : mitra, tiara), coiffure des prêtres de l’ancienne loi dans les fonctions liturgiques. — 1° La mitre était une sorte de turban de fin liii, destiné à marquer la dignité sacerdotale de ceux qui le portaient et à leur servir de parure. Exod., xxviir, 40 ; xxix, 9 ; xxxix, 28 (26) ; Lev., viii, 13. Aucun détail n’est donné sur cette coiffure ; mais Moïse la distingue très nettement de celle du grand-prêtre, appelée misnéfef, Exod., xxviii, 4. Voir Cidaris, t. ii, col. 750 ; Tiare. La différence semble s’être beaucoup atténuée dans la suite des temps. La tiare du grand-prêtre est elle-même appelée v.iSapi ; , mitra, par le traducteur de l’Ecclésiastique, xlv, 14. Josèphe, Ant.jud., III, vii, 3, 7, assimile l’une à l’autre la mitre du simple prêtre et la tiare du grand-prêtre. Il dit que cette dernière était faite d’une pièce d’étoffe plusieurs fois contournée sur elle-même et cousue. C’était donc un véritable turban et il en était de même de la mitre. Seulement celle-ci était plus haute et moins large. Cf. Gem. Joma, 12, 2 ; Reland, Antiquitates sacrse, Utrecht, 1741, p. 77 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 175. — 2° Le nom de mitre est donné par les versions à quelques autres coiffures. Judith, x, 3, se couvre la tête d’une mitre, [UTpa, mitra, avant d’aller trouver Holoferne. Les voiles des femmes de Jérusalem, re’âlôf, J.S., iii, 19, ’sont appelés xôap.oc, « ornement, » dans les Septante et « mitres » dans la Vulgate. Baruch, v, 2, dit que Dieu mettra la mitre d’honneur sur Jérusalem restaurée, La droiture sert à Job, xsix, 14, de turban, $ânîf, diadema, c’est-à-dire de mitre. — Sur les tebû-Um babyloniens qu’Ézéchiel, xxiii, 15, mentionne sur la tête de Jérusalem et de Samarie, voir Tiare, Coifjurb,

t. ii, col. 828-829.

H. Lesêtre.

M1TSAR (hébreu : Mise’âr, « petite (chose), » nom d’une montagne près de l’Hermon). Ps. xlii (xli), 7. Toutes les anciennes versions ont pris ce mot pour un "Boni Commun et l’ont traduit par « petit mont ». Septante : ô’po ; (uxpo’c ; Vulgate : a monte mndico. Les -voyageurs ont donné le nom de Petit-Hermon à une colline de la partie orientale de la plaine d’Esdrelon, mais le contexte du Psaume où est nommé Miçe’dr semble montrer que cette a montagne », har, était près de l’Hermon. Le Psalmiste exilé exhale ainsi ses plaintes, Ps. xui (xli), 7 :

Mon Dieu ! mon âme est abattue.

i Aussi je pense à toi, de la terre du Jourdain,

De l’Hermon et de la montagne de Mise’âr.

Quelques interprètes traduisent « loin de la terre du Jourdain et loin de l’Hermon, loin de la petite montagne », qu’ils supposent être un nom donné au mont Sion ou à la colline sur laquelle le Temple était bâti. Voir Frdi Bæthgen, Die Psalmen, 1892, p. 123.

    1. MITYLÈNE##

MITYLÈNE (grec : Mrevvqv ?), latin Mitylene), capitale de l’Ile de Lesbos dans la mer Egée (fig. 298). À la tin de son troisième voyage de mission, en retournant de Macédoine à Jérusalem, saint Paul côtoya l’Asie Mineure et s’arrêta à Mitylene, venant d’Assos (t. i, col. 1138). Act., xx, 14. Le nom de Mitylene est très souvent écrit MvtiXiîv » ; . C’est l’orthographe des monnaies et d’un grand nombre d’inscriptions. Mionnet, Description des médailles, Suppl., t. vi, p. 58 ; Corpus inscriptionum atticarum, 1. 1, n. 52 c, 96 ; t. iv, p. 22, etc.

I. Description et histoire de Mitylene. — Mitylene était la plus grande ville de l’Ile de Lesbos. Elle possédait deux ports dont l’un, au sud, qui était fermé et ne pouvait recevoir qu’une cinquantaine de navires ; l’autre, celui du nord, plus vaste et plus profond, était protégé par un môle. En avant de ces deux ports était une petite île, qui formait un quartier de la ville. Mitylene était abondamment pourvu de tout. Thucydide, iii, 6 ; Strabon, XIII, ii, 2 ; Pausanias, viii, 30. La beauté de la ville et la force de ses remparts étaient célèbres.

298. — Monnaie de Mitylene.

IOVAIAN NEAN FEPMANIKOY MVTI. Tête de Julie. — fi|. KAIC[AP CEBAJCTON MYTI. Caligula, debout tenant une patère.

Horace, Epist., i, xi, 17 ; Cicéron, Contr. Rull., ri, 16. Plutarque, Pompée, 42, parle de son théâtre et Athénée, Deipnoscph., x, 24, de son prytanée ; Vitruve, i, 6, dit que le vent y était violent et les changements de température très brusques. La ville actuelle (fig. 299), qui comprend environ 14000 habitants, est peuplée pour les deux tiers de Grecs et pour un tiers de Turcs. Elle porte le nom de Métélin. La citadelle turque s’élève sur l’emplacement de l’ancienne acropole. Le port du Nord est aujourd’hui ensablé.et ne peut contenir que quelques barques. La digue hellénique existe encore sur une étendue de 200 mètres ; elle a près de 8 mètres de de largeur.

Mitylene eut une part importante à l’établissement des Grecs à Naucratis en Egypte, Hérodote, ii, 178, elle prit part à l’expédition de Cambyse en Egypte, Hérodote, m, 13-14 ; et à celle de Darius contre les Scythes. Hérodote, iv, 97. Pendant la guerre du Péloponèse, il est souvent question de Mitylene. Le révolte de Lesbos contre les Athéniens fut sévèrement réprimée. Les murs de Mitylene et sa flotte furent détruits et son territoire partage entre les Athéniens. Thucydide ; iii, 36, 49, 50. Sous Alexandre, les Mityléniens firent un traité avec la Macédoine contre les Perses. Ils passèrent, après lui, sous le protectorat des Séleucides. Les Romains saccagèrent Mitylene parce qu’elle s’était ralliée à la cause de Mithridate. Suétone, Cœsar, 2. Elle fut ensuite comprise dans la province d’Asie et après avoir été embellie par Pompée, Strabon, XIII, ii, 3, reçut le titre de ville libre. Pline, H. N., v, 31 (39). Cf..1. Marquardt, Organisation de l’Empire romain, t. n ; Manuel des Antiquités romaines, de Th. Mommsen et S. Marquardt, trad. franc., t. ix, in-8°, Paris, 1892, p. 255, 258, 260. Telle était sa situation au temps où saint Paul y aborda. Il ne parait pas qu’il y ait eu d’église chrétienne dans cette ville à l’époque apostolique. Voir Conybeare et Howson, The Life and Epistles of S’. Paul, 1877, c. xx, p. 548.

— Mitylene était la patrie de Piltacus, d’Alcée et de Sapho. Strabon, XIII, ii, 3.

II. Bibliographie. — Voir L. L. Plehn, Lesbiacorvm.. liber, in-8°, Berlin, 1826 ; Boutan, Mémoire sur Lesbos,